L'histoire de Stairway to Heaven


L'histoire de la chanson Stairway to Heaven de Led Zeppelin.

Extrait du best-seller Rock Vibrations de Daniel Ichbiah

Rock Vibrations raconte la saga des grands hits du rock.

Edité par Camion Blanc sous le titre 'La saga des hits du rock' en 2009 - publié en numérique par Daniel Ichbiah en 2012

 

Rock Vibrations a été n°1 des ventes de livres musicaux durant près d'un an sur Amazon.

Cette page comporte plusieurs extraits du chapitre 6 de Rock Vibrations

Stairway to Heaven de Led Zeppelin


L'histoire de Stairway to Heaven

There's a lady who's sure all that glitters is gold... (Il est une dame qui est persuadée que tout ce qui brille est or...).

Ceux qui ont appris à jouer de la guitare rock ou folk ont tôt ou tard égrené la fameuse introduction de " Stairway to Heaven ". Son auteur, Jimmy Page est universellement considéré comme l'un des plus grands démiurges de la guitare électrique, mais on oublie trop souvent qu'il fut aussi un surdoué de l'acoustique. La dizaine d'albums du Led Zeppelin sont là pour nous le rappeler, la guitare sèche étant bien souvent déployée dans le summum de sa splendeur. Si " Stairway to Heaven " est demeuré le morceau phare, passage obligé des guitaristes débutants, " Bron-Yaur-Stomp " ou " Tangerine " sur l'album III sont des perles où Page démontre une science harmonique étonnante, tout en s'aventurant dans un picking audacieux.

Page est un sorcier. Evidemment, son art n'a jamais été aussi éclatant que lorsqu'il empoigne sa Les Paul pour en tirer des éclairs de furie, en savant inspiré de la fée Electricité. Si la musique du Zeppelin a traversé les époques en gardant intact son rayonnement, c’est en grande partie grâce à la puissance de feu de cette guitare débridée. Encore aujourd'hui, lorsque la FM s'aventure à glisser un morceau du combo, il est difficile de ne pas marquer une pause pour tenter - en vain - de comprendre d'où viennent ces notes qui giclent d'un instrument non répertorié dans le catalogue terrien. S'agit-il d'une guitare ou bien est-ce quelque instrument inconnu légué à Page par un initié venu d'une autre planète ? Nul ne le saura jamais.

Jimmy Page est le guitar hero par excellence, issu d’une génération opulente qui a largué sur son sillage une incroyable brassée de monstres sacrés : Jimi Hendrix, le sorcier des effets, Jeff Beck le flibustier solitaire, Eric Clapton, la main savante du blues…

Stairway to Heaven représente une sorte de quintessence de la poésie rock, une carte de visite de la guitare, tout d'abord délicieusement acoustique, suavement électrisée sur la longueur, entamant quelques ascensions vers le passionnel afin de se lâcher plus tard, explosive et hallucinée, dans un de ces solos ardents à même de cisailler les reliefs volcaniques au laser, de tailler une brèche dans l’interstellaire, d’anéantir les limites de l'hypersonique. Seul un émule de Houdini, Flamel, ou de Mandrake pouvait ainsi aguicher sereinement le tout venant pour insidieusement faire dériver lancer sa barque vers ces chutes vertigineuses …

Que les honneurs soient pareillement rendus aux geysers vocaux du compère Robert Plant, pendant imparable de ce metteur en scène doué pour les séquences hors limite. Ce dirigeable n’était pas un véhicule de croisière. Plutôt une embarcation pour les grandes steppes du Nord, paré pour affronter les vents exacerbés, forcer un chemin au milieu des criques terrassées par les avalanches de galets, lutter pour son équilibre et corriger au vol son angle de manœuvre pour se faufiler, hagard, entre deux monts lunaires. Ajoutons qu’un tel duo ne serait jamais parvenu à tenir la distance sur ces matins d’ivresse glacée, s’il n’était soutenu par un duo de vikings à toute épreuve : à ma droite, un frappeur de peau d’une implacable puissance, alias John Bonham, et à ma gauche, un tricoteur de cordages surtendues dans les tonalités de basse, l’impassible John Paul Jones.

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Naissance d'un supergroupe


L'histoire de Stairway to Heaven

Le vaillant Zeppelin est né vers la fin de l'année 1968. Jimmy Page s'était auparavant distingué comme l'un des musiciens de studio les plus productifs de son époque. C'est sa patte, sa griffe acérée que l'on pouvait goûter sur bon nombre de tubes tels Gloria ou Baby please don't go des Them, You really got me des Kinks ou I can't explain des Who, sans oublier quelques morceaux gravés par Hallyday, Eddy Mitchel et Michel Polnareff. Vers 1968, Page allait intervenir en toile de fond du With a little help from my friends de Joe Cocker. Il est probable qu'aucun guitariste n'a autant marqué de son phrasé les enregistrements des années 60 !…

Tenir la guitare au cachet de séance en séance, c'était tout de même un peu limité pour ce Magellan de la guitare. En 1966, James Patrick Page a rejoint les Yardbirds, une formation raffinée, attirée par les expérimentations sonores. Avec Eric Clapton, il fomentait un blues qui le distinguait de l'ensemble de la scène anglaise. Pourtant, le même Clapton, désireux de persévérer dans la voie d'un discours musical sans concession n'appréciait pas le virage pop des Yardbirds, illustré par la chanson " For your love ". Il a donc quitté ce groupe, pour rejoindre la formation de John Mayall, un artisan à l'ancienne du blues pur et dur.

James Patrick, dit Jimmy n'a pas immédiatement accepté l'offre des Yardbirds, soucieux de ne point froisser son ami Eric Clapton. Il a donc suggéré le nom d'un ami d'enfance, un autre futur hero de la guitare, l'impressionniste Jeff Beck. Pourtant, quelques mois plus tard, les Yardbirds avaient de nouveau appelé Page à la rescousse, afin cette fois de remplacer le bassiste Paul Samwell Smith sur le départ. Une fois intégré aux Yardbirds, Page a progressivement pris le rôle de second guitariste, Chris Dreja assurant pour sa part la basse. En novembre, Jeff Beck avait été remercié pour cause d'incompatibilité d'humeur avec le chanteur Keith Relf. C'est ainsi que Page s'était retrouvé leader des Yardbirds.

Un personnage de taille, au sens propre comme au figuré, a alors fait son apparition : le gargantuesque messire Peter Grant, ancien catcheur et doublure de cinéma, affichant 120 kilos sur la balance et la hargne d'une tigresse soucieuse d'alimenter une portée de nourrissons. L'obèse Grant est devenu le manager du groupe. Son rôle sera majeur pour la suite.

Les Yardbirds demeurent la proie des tensions internes. Le 7 juillet 1968, le chanteur Keith Relf et le batteur Jim Mc Carty ont à leur tour quitté le navire, laissant Page seul avec le bassiste Chris Dreja. C'est en recherchant de nouveaux musiciens que le guitariste de choc a rencontré les membres du Zeppelin.


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Pour assurer le chant, Jimmy Page aurait volontiers mis la main sur Terry Reid, le chanteur de Procol Harum, dont la voix racée évoque celle d'un bluesman à la peau d'ébène. Ce dernier, désireux de se lancer dans une carrière solo, a décliné l'offre. Qu'à cela ne tienne, Reid a fait l'éloge du chanteur d'un groupe obscur : les Hobbstweedle, un certain Robert Anthony Plant.

Page, Dreja et leur manager Peter Grant se sont rendu à Birmingham afin d'évaluer les performances des Hobbstweedle. Pour une surprise, ce fut une surprise, comme en témoignera Page :

" Plant avait une voix fantastique, et je me suis rendu compte ce soir là qu'elle était même exceptionnelle. "

Robert Plant s'est vu convié à rejoindre Page dans son studio de Pangbourne, sur les bords de la Tamise. Le guitariste lui a fait écouter plusieurs disques qui l'inspirent alors, la liste comportant divers musiciens de la scène folk tels Incredible String Band, Bert Jansch ou John Renbourn. Page a montré à Plant la chanson "Baby, I'm gonna leave you", qu'interprétait Joan Baez et pour laquelle il a réalisé un nouvel arrangement, d'une couleur bluesy.

J'avais joué derrière Marianne Faithfull et cherchais à retrouver cette ambiance ", allait confier le guitariste.

Plant a posé sa voix sur les accords de Page et quelque part, dans le firmament, quelques étoiles filantes ont entamé un flirt énamouré…


Stones

Une fois Plant recruté comme chanteur, il faut encore trouver un bassiste, car Chris Dreja a à son tour déserté l'esquif des Yardbirds. L'affaire est plus aisée à conclure car Page connaît John Paul Jones depuis plusieurs années. Musicien de studio tout aussi prisé que son alter ego, a avait tenu la basse dans une chanson des Yardbirds, "Little Games", et sur de nombreux hits de Donovan. Il s'est même retrouvé aux côtés de Page sur "Hurdy Gurdy Man". John Paul Jones a d'autres qualités à faire valoir. Non content de manier la basse avec emphase, il peut assurer des parties de clavier et révèle un talent d'arrangeur. Parmi ses faits de gloire figurent plusieurs titres de l'album "Their satanic majesties request" des Rolling Stones, la parenthèse psychédélique et hippie du groupe de Jagger, et notamment le faussement suave "She's a rainbow". Nanti d'un tel palmarès, John Paul Jones a été convié à bras ouvert dans le Yardbirds renaissant.

Quid du batteur ? Robert Plant en connaissait un fameux, un autre natif de Birmingham, avec qui il avait eu le bonheur de fricoter en 1967 dans le groupe Band of Joy. Ce cogneur avait pour nom John Bonham et sa cote était déjà au zénith. Page était tombé à la renverse devant les prouesses de ce forcené des baguettes :

"j'avais imaginé un musicien au jeu puissant, mais rien de comparable à Bonham. Il était au-delà de ce que j'avais espéré dans mes rêves les plus fous, absolument phénoménal."

Il avait néanmoins fallu des trésors d'éloquence pour persuader cet oiseau rare de venir prêter main forte à cette énième édition des Yardbirds.

Dès la première répétition du morceau Train kept a-rollin', l'euphorie s'était emparée de Page comme de Plant…

"Je venais d'avoir vingt ans, et ce fut une explosion. Nous-mêmes n'en revenions pas !" avait relaté Plant.

"C'était tellement fantastique que nous craignons de recommencer à jouer, de peur de ne pas retrouver cette incroyable osmose." jubilait Page.

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Un nom ? Le dirigeable de plomb


Beck's Bolero

Sur le single 'Beck's Bollero', Jimmy Page est indiqué comme compositeur.

L'idée d'un dirigeable de plomb a émergée deux ans plus tôt, en mai 1966. A cette époque, Jeff Beck accusait un désamour croissant pour les Yardbirds et envisageait déjà de voler de ses propres ailes. Beck était entré en studio et s'était entouré d'une garde solide pour l'occasion :

Ensemble, ils avaient enregistré l'instrumental "Beck's Bolero". La séance s'était si bien déroulée que les cinq musiciens avaient envisagé la formation d'un groupe - même Moon et Entwistle étaient alors tentés de quitter les Who. Mais comment appeler une telle entité ? Entwistle avait suggéré "Lead Zeppelin", le dirigeable de plomb…



A la conquête des USA


Led Zeppelin 1

En cet automne 1968, Jimmy Page s'est souvenu du patronyme imaginé par Joihn Entwistle des Who, et l'a raccourci en Led Zeppelin.

L'allégorie du dirigeable de plomb évoque à merveille le caractère fantastique de la nouvelle formation.

En conséquence, sur la pochette du premier album, prévu pour janvier, un zeppelin dessiné en pointillé annoncera la couleur de la formation vouée à envahir les ondes.

À cette époque, il manquait encore un chanteur pour le quintette qui a enregistré " Beck's Bolero " et Page avait approché Steve Marriott des Small Faces. La réaction du management de Marriott avait tiédi son ardeur.

" Aimeriez-vous jouer de la guitare avec des doigts cassés ? " avait été la réponse reçue en substance.

Page avait d'autre réticences :

" la perspective de voir cohabiter sur la route cette bande de caractériels a suffi à faire capoter le projet ".

Le super groupe élaboré le temps d'un hypothétique single n'avait finalement pas eu de futur, Page ayant alors rejoint les Yardbirds.


Led Zeppelin 1

Page a supervisé la réalisation de ce premier opus avec perfectionnisme, allant jusqu'à effectuer des corrections de dernière minute sur les bandes master. Il veut un son imparable. Entre temps, l'insolente bravoure de Peter Grant en matière de négociation a fait le reste : l'adipeux hippie a décroché, Dieu sait comment, une signature chez une major américaine pour l'album Led Zeppelin I chez Atlantic. 200 000 mille dollars d'avance ont été déboursés en prévision de cinq albums à venir.


Led Zeppelin

L'Angleterre n'ayant pas immédiatement craqué pour le groupe, Peter Grant a jugé préférable de l'imposer en premier lieu aux Etats-Unis.

À partir de la fin décembre 1968, Led Zeppelin s'était produit en ouverture de groupes alors en vogue, qui, inévitablement, allaient pâtir de la comparaison. A la fin d'un concert de Country Joe, le public en liesse avait scandé le nom de Led Zeppelin, c'était eux qu'il réclamaient à cor et à cri pour un rappel !… Vanilla Fudge, Jethro Tull et Iron Butterfly avaient subi un pareil sort. Pas facile de succéder à l'interminable set (4 heures en première partie) d'un Led Zeppelin qui laissait le public en transe.

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Génèse d'un classic


partition

Page a laissé une place de choix à l'acoustique avec " Stairway to Heaven "… Une chanson qui laisse transparaître ses affinités avec un certain mysticisme hippie et plus généralement avec les sciences occultes. Son compositeur entend frapper fort en développant un morceau qui laisserait une trace indélébile dans les encyclopédies.

"J'étais à  la maison lorsque j'ai composé la base de Stairway to Heaven. J'ai senti que je tenais quelque chose d'exceptionnel".

Page avait montré sa création à John Paul Jones, à Headley Grange et ce dernier était demeuré médusé. Ensemble, ils avaient passé la nuit à peaufiner ce morceau.

"Au matin, Robert est arrivé avec John Bonham et nous leur avons fait écouter Stairway to Heaven. Robert était sidéré".

Après s'être isolé durant deux heure tout en écoutant la bande, Plant avait achevé l'écriture du texte.

"Ce fut extrêmement rapide, fluide, comme une inspiration divine. C'était magique, comme si nous étions hors du temps. Nous savions alors que nous étions en train d'écrire quelque chose qui ne se reproduirait plus," avait relaté ce dernier.

Le producteur Andy Jones a confirmé que " Stairway to Heaven " était arrivée " terminée " :

" Les arrangements avaient été écrits avant que le groupe n'enregistre en studio. "

À la suite d'une introduction lente avec la guitare de Page accompagnée d'une flûte à bec jouée par John Paul Jones, la rythmique entre en action et la tension s'introduit peu à peu pour déboucher sur le paroxysme final.

Pour cette pièce à l'introduction sereine, l'enregistrement est effectué aux studios Island, une ancienne église reconvertie de Londres. Jimmy tient la guitare acoustique, John Paul joue sur un piano électrique Hohner, tandis que Bonham se tient derrière son kit de batterie.

Andy Johns a branché la guitare douze cordes de Page directement dans la console, sans faire intervenir la moindre coloration ou amplification intermédiaire.

" Le son était magnifique " a confié Andy Johns. " Page branchait souvent sa douze cordes sur un ampli mais un jour nous avons opté pour la prise directe et depuis, je procède toujours ainsi. "

Par la suite, Page enregistre des overdubs (pistes doublées).

" Dès cet instant, j'ai su qu'il s'agissait d'un morceau particulier et j'étais fier d'y participer. Je ne me doutais pas alors qu'il deviendrait un hymne pour trois générations de kids ! " a ajouté Andy.

Rétrospectivement, Page allait considérer que Stairway to Heaven était son plus bel apport à l'histoire du rock. Il se montrait particulièrement fier de son architecture.

"J'avais envie que le morceau s'accélère tout doucement, au fur et à mesure de sa progression. C'était LA chose que les musiciens m'avaient inculqués, le grand interdit : on ne ralentit pas, on n'accélère pas. Une fois que l'on est parti sur un tempo, on le conserve jusqu'au bout. Et bien, nous avons prouvé que l'on pouvait faire ce que l'on voulait, y compris accélérer le tempo !"

Rétrospectivement, le producteur Andy Johns n'a pas tari d'éloges sur le professionnalisme de ces musiciens, immédiatement " en place ", sans parler de la facilité avec laquelle John Paul Jones a trouvé comment enrichir un thème. Ceux qui ont eu la chance d'écouter le bootleg (enregistrement pirate) des sessions de travail savent de quoi il en retourne. La justesse, la précision et l'aisance du jeu de Page tandis qu'il tisse les éléments appelés à composer ses morceaux, forcent l'admiration. Quand à Plant, il enregistrait ses voix en deux ou trois prises au maximum.



Un mixage sous haute tension


vinyl

Andy Johns avait persuadé Jimmy Page de se rendre à Los Angeles pour effectuer le mixage de l'album, aux studios Sunset Sound.

"Le son était fabuleux dans cette pièce" avait expliqué le producteur.

Pourtant,une fois de retour en Angleterre, une terrible déception attendait Page comme Johns : le mixage sonnait de manière déplorable.

"C'était atroce, vraiment nul ! Je me souviens m'être caché derrière un canapé." ahanait Johns. "Les trois autres se regardaient et pensaient : ils sont partis pendant un mois pour nous rapporter cela ? Je croyais que j'étais cuit, mais ils semblaient rejeter la faute sur Page…"

Le mixage de presque tous les morceaux était à reprendre, ce qui fut fait aux studios Island de Londres avec un résultat désormais irréprochable.

Une pochette anonyme...


vinyl

Pour la pochette du Led Zeppelin IV, le groupe a reproduit une gravure acquise par Robert Plant chez un brocanteur. Cette image d'un vieil homme courbé sur sa canne et portant un lourd fardeau est accolée sur le mur d'un immeuble en démolition afin de représenter le monde ancien progressivement supplanté par le moderne. Une autre illustration d'un personnage âgé figure à l'intérieur. L'idée vient de Page.

" c'est le personnage de l'Hermite dans le tarot, un symbole de sagesse et de confiance en soi. "

Comme prévu, aucune mention du groupe n'est présente et l'album lui-même n'arbore pas de titre. Seules figurent les paroles de "Stairway to Heaven" reproduites dans une police de caractères stylisée que Page a trouvé dans un antique magazine d'artisanat. Quatre signes étranges, des "runes" (un alphabet ancien utilisé par les peuples nordiques) apparaissent à l'intérieur, chacun d'eux symbolisant un membre du groupe.

En publiant une pochette dépourvue de toute mention, Page entendait clouer le bec aux "plumitifs" de la presse rock et prouver que Led Zeppelin pouvait vendre un album sans le moindre support publicitaire. Ils obtinrent gain de cause en dépit des réticences de leur maison de disque, qui jugeait cette approche suicidaire.


platinum

Les craintes d'Atlantic étaient on ne peut plus infondées. Le quatrième album de Led Zeppelin, celui qui accueillait le fameux escalier vers le paradis, allait demeurer leur plus grand succès à ce jour.

Il deviendrait même l’un des disques les plus vendus de tous les temps. 30 ans après sa sortie le 8 novembre 1971, il s'en était déjà écoulé 22 millions d'exemplaires.

Quant à la chanson Stairway to Heaven, bien qu'elle n'ait pas été publiée en single, ce que sa durée de sept minutes ne rendait pas aisée, elle allait devenir une incontournable des radios, l'un des morceaux les plus programmés sur les ondes (plus de 4 millions de fois).

Pourtant, malgré les espoirs de Page, l'attitude des médias concernant le groupe était demeurée globalement péjorative.

"L'une des critiques écrites sur Stairway to Heaven tenait en une seule ligne !" avait conté Page.

John Paul Jones avait toutefois eu un commentaire ironique, pour mieux souligner le fossé qui existait entre Led Zeppelin et le commun des hard rockers :

"Après cet album, personne ne nous a jamais plus comparé à Black Sabbath."

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Controverses


vinyl

À partir des années 80, le groupe se vit reprocher l'appropriation de chansons que d'autres avaient écrites. Jimmy Page n'allait jamais nier avoir puisé son inspiration dans d'innombrables morceaux de blues ou de folk. Mais que Stairway to Heaven ne fut pas une création originale, pouvait paraître plus étonnant. Randy California du groupe Spirit crut pourtant bon de rappeler que son groupe avait réalisé la chanson Taurus bien avant que le Zeppelin ne sorte son quatrième album… C'est du moins ce qu'il avait indiqué sur la réédition du premier album de Spirit.

"On me demande souvent pourquoi Stairway to Heaven ressemble autant à notre chanson Taurus, laquelle a été enregistrée deux années plus tôt. Ce que je peux dire, c'est que Led Zeppelin jouait en première partie de Spirit lors de leur première tournée américaine. Il est vrai que dès la première écoute, il apparaît que l'on peut difficilement douter de l'influence de Taurus sur Stairway to Heaven."

Page aurait essentiellement changé quelques accords de la partie acoustique jouée en arpèges sur Taurus en 1967. En tout cas, Randy Newman n'exprimait pas de grief à l'égard d'un tel copiage qui incluait l'esprit de l'arrangement (le Mellotron en guise de flûte). D'autres ont fait remarquer que la suite d'accord utilisée pour cette chanson était similaire à celle de And she's lonely du groupe Chocolate Watchband, qui avait parfois joué avec les Yardbirds. L'ironie de la chose, c'est que Chocolate Watchband était alors considéré comme un clone des Yardbirds.

La célèbre chanson n'a pas été, peu s'en faut, le seul emprunt commis par Page et Plant sur un répertoire pré-existant. Ainsi, il est apparu que Robert Plant s'était approprié la paternité du texte " Baby I'm gonna leave you " sur la version enregistrée par Led Zeppelin alors que celui-ci avait été écrit par la chanteuse Anne Bredon dans les années 50 - Bredon va retrouver la jouissance de ses droits vingt années plus tard. De même " Dazed & confused " est fortement inspiré de la chanson du même nom, créée par Jake Holmes des Yardbirds. Page a réécrit les paroles mais conservé l'arrangement, sans aucune mention du créateur originel. " Black Mountainside ", bien que signée par Page, était une chanson folk datant de plusieurs siècles.

Le chanteur Steve Mariott va plus tard se plaindre lui aussi été pillé, la chanson " Whole lotta love " étant, selon lui, issue du " You need loving " qu'interprétaient les Small Faces en ouverture de leurs concerts. Comme en avait témoigné ce chanteur : " Robert Plant était un habitué des concerts des Small Faces. Nous avions fait un show avec les Yardbirds et Page m'avait demandé d'où venait le morceau 'You need loving'. Je lui avait dit qu'il s'agissait d'un morceau de Muddy Waters. Après notre séparation, Led Zeppelin l'a repris et rafistolé. Robert Plant le chantait de la même façon, effectuaient les mêmes arrêts. Seul le rythme était différent. Pendant des années, j'entendais ce morceau pendant que je conduisais en Amérique et un jour je me suis surpris à penser "C'est nous ! Les s… ! "

En réalité, le morceau " Whole lotta love " a été emprunté à Willie Dixon. Alors qu'elle avait treize ans, Shirley, la fille de ce bluesman, en a fait mention à son père. En 1985, Dixon a poursuivi Led Zeppelin et l'affaire a été réglée à l'amiable deux ans plus tard. Willie Dixon a pareillement eu gain de cause concernant une autre chanson de son répertoire, " Bring it on home ". Par ailleurs, la chanson " The lemon song " aurait été inspirée par le " Killing floor " de Howlin' Wolf et à ce titre, l'édition Arc Music a également attaqué Led Zeppelin en justice et obtenu un règlement à l'amiable.

Lassé par la répétition de telles insinuations, Jimmy Page a déclaré à Guitar World en juillet 1993 qu'il est souvent impossible de retracer la source de nombreux morceaux à tendance bluesy. " Pour ce qui me concerne, j'ai toujours essayé d'apporter quelque chose de frais dans tout ce que j'ai utilisé. Je me suis toujours assuré d'apporter une certaine variation. En fait, je pense que dans la plupart des cas, il était impossible de savoir quelle était la source originelle. Robert était supposé changer les paroles et il ne l'a pas toujours fait, ce qui a occasionné la plupart de nos soucis.

" À sa décharge, il faut bien reconnaître que la plupart des groupes se sont inspirés des pionniers du blues et du rock. " Sérieusement, les bluesmen se sont pris des trucs les uns aux autres sans arrêt, idem pour le jazz et ça nous est arrivé aussi. En tant que musicien, je ne suis que le produit de mes influences.

Dans le cas de Page, le personnage a baigné dans le rockabilly, le blues et le folk dès son plus jeune âge et cette authentique passion pour Scotty Moore, Robert Johnson sans oublier la musique indienne a inévitablement laissé des traces.

" J'engloutissais tout ce que j'écoutais et cela a donné la musique que nous avons produite par la suite.

" Par ailleurs, Page a eu beau jeu d'attribuer la longévité du Zeppelin à l'honnêteté de cette musique, sa façon de la donner et la passion inhérente. " Tout ce que je sais, c'est que j'adore jouer et apparaître comme un musicien. "

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Tous ces extraits sont issus du livre 'Rock Vibrations' - Daniel Ichbiah

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Fiche de la page

Rock Vibrations raconte l'histoire de 12 chansons majeures de l'histoire du rock : Satisfaction, Like a Rolling Stone, Hotel California, Stairway to Heaven, Smells like teen spirits...
Published by: Daniel Ichbiah
Date published: 02/20/2012
Edition: 1
ISBN: 979-10-91410-04-5
Available in Ebook Paperback
Bob Dylan, Rolling Stones, Beatles, Dire Straits, Police, Led Zeppelin, Eagles, Jacques Dutronc, Kate Bush, Serge Gainsbourg, Telephone