Coldplay : histoire du groupe

Daniel Ichbiah

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Coldplay est particulier. Intensément attachant. Indéfinissable quand bien même quelques influences transpirent ici et là. La simple évocation de son nom fait retentir quelques hymnes pop fameux tels " In my place ", " Yellow " ou " The scientist ". Des chansons déjà entrées dans la légende. D'une beauté différente, plus touchante que renversante. Coldplay n'est pas Queen, Oasis ou Led Zeppelin. L'emphase ne fait pas partie de sa panoplie. Son attitude est plus sereine. Le groupe embrasse littéralement son public, le prend à bras le corps, l'enserre en un immense baiser romantique. Que sa musique exhale le bonheur, la chaleur, la mélancolie ou la fièvre, elle a le pouvoir de faire vibrer une corde intérieure, de se refléter dans la psyché de chacun. Pour retrouver une telle évidence, il faut remonter aux plus grands. À Nirvana, à Lennon et Mc Cartney, à Prince…

Le paradoxe est grand car le groupe n'a rien de commercial. On ne trouve pas dans ses albums la moindre tentation de séduire ou même de tenter une passerelle vers une quelconque recette éprouvée. Au milieu de la production musicale usuelle, il apparaîtrait presque comme un OVNI, aux côtés de Bjork et Radiohead. Et pourtant, Coldplay séduit à très grande échelle, partout où sa musique passe. Lorsque Chris Martin chante " Trouble ", le public reprend en chœur une chanson que tous se sont naturellement appropriés. Elle leur parle un langage qu'ils comprennent, celui d'une joliesse trempée dans la sincérité.

L'atmosphère élégiaque des concerts montre un groupe qui a acquis une belle maîtrise de ses performances, mais dont les membres demeurent toujours aussi " nature " et sans affectation aucune. Le batteur Champion insiste sur cette façon particulière qu'ils entretiennent de voir la vie.

" L'honnêteté est la clé. Les gens repèrent vite la prétention. Il importe de rester simple, de parler de ce que l'on connaît. "

Telle est la substance de l'un des groupes majeurs, sinon le plus important, du nouveau siècle. Une formation atypique de bien des façons, ne serait-ce que par son absence de strass, des vaines attitudes dont sont friands certaines rock stars imbues de leur personne…

À l'instar de certains groupes mythiques, Coldplay parvient à sortir des disques où (presque)rien n'est à jeter. Il n'est pas une chanson de ses albums qui ne recèle un charme particulier, quelque chose qui la rende individuellement attachante. En ce début de millénaire, de tels albums que l'on peut prendre plaisir à écouter de bout en bout avec un plaisir permanent sont devenus rares.

Texte issu du Musicbook consacré à Coldplay en 2005 - Daniel Ichbiah

Histoire de Coldplay

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C'est au sud ouest de l'Angleterre, dans la région rurale du Devon connue pour ses vaches laitières à l'origine de la crème dont on fait les " scones " (sortes de sablés moelleux) que Chris Martin a vécu son adolescence. Évoluant dans une famille de la classe moyenne, il tâte de la guitare à l'âge de quinze ans, avant d'apprendre à jouer du piano. De son côté, Jonny Buckland, l'homme qui va assumer la guitare, est né à Londres mais a grandi au nord du pays de Galles. Il pratique la guitare depuis l'âge de 11 ans.

En 1996, Chris Martin et Jonny Buckland font connaissance alors qu'ils sont tous deux montés à Londres pour suivre des études à l'University College de Londres (UCL). Le premier étudie l'Histoire ancienne tandis que le second suit une filière d'astronomie. Les deux garçons fraternisent dès leur première semaine de présence à l'université. Ils est vrai qu'ils sont au diapason sur le plan musical, partageant une même adulation pour les compositions des Beatles, des Smiths, de Echo and the Bunnymen ou encore de Stones Roses. Presque immédiatement, ils se plaisent à traîner ensemble le soir et l'amitié qu'ils développent déborde bientôt sur l'écriture de chansons interprétées ensemble, Chris assumant généralement le piano et Jonny la guitare. Ils prennent très vite conscience du potentiel d'une telle réunion. " Dès que j'ai rencontré Chris, j'ai réellement pensé que nous pouvions aller jusqu'au bout. Accomplir quelque chose, " raconte Jonny. " Rencontrer Jonny, c'était comme tomber amoureux ", a déclaré pour sa part Chris Martin. " Il nous arrivait d'écrire deux chansons en une soirée, et il avait le don de faire qu'une idée puisse fonctionner… "

Un troisième larron les rejoint bientôt, Guy Berryman, qui est né en Écosse avant que ses parents ne déménagent dans le Kent au sud de Londres. Si Guy joue de la basse depuis l'âge de 13 ans, il est venu à l'UCL en vue de devenir ingénieur. En écoutant les compositions de Chris et Jonny, Berryman est séduit et s'enhardit à venir leur en parler dans un bar d'étudiants.

- Est-ce que je pourrais rejoindre votre groupe, demande Guy ?

Chris et Jonny ne voient pas comment ils pourraient dire non à ce jeune garçon qui semble flotter dans les nuages mais dégage une immense sympathie.

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Les trois adolescents passent de nombreuses semaines, enfermés dans une chambre à écrire et arranger des chansons. À cette époque, leur style est influencé par Sting et Simon & Garfunkel. Au bout d'une dizaine de mois, le trio a développé un répertoire conséquent qui compte une dizaine chansons dont quelques-unes de qualité. L'ensemble inclut une version inaboutie de ce qui va devenir " Don't Panic ". Le projet de monter un groupe interpelle Berryman au point où il envisage d'abandonner ses études. Pour l'heure, il a laissé tomber sa formation d'ingénieur pour démarrer l'architecture. Mais le cœur n'y est plus.

Il reste un poste à pourvoir : celui de la batterie. Le premier musicien qu'ils viennent solliciter leur oppose une fin de non-recevoir.

" Nous connaissions un bon batteur, " a rapporté Guy Berryman.

" Nous sommes allé lui jouer 'Don't panic' et ils nous a dit : non. "

Les trois garçons demeurent désarçonnés par un tel refus.

" Nous ne pouvions le croire, " explique Berryman. " Déjà à cette époque, nous avions le sentiment que ce nous faisions était vraiment bien. Comment se pouvait-il qu'il ne veuille pas en faire partie ? "

La façon dont Will Champion en vient à assumer la batterie est étonnante. Le plus jeune du lot, Will est originaire de Southampton, dans le sud de Londres mais c'est aussi un guitariste. Champion côtoie Chris Martin dans l'équipe de hockey de l'UCL et lorsqu'il découvre le trio, il suggère en premier lieu de prendre pour batteur le type qui partage sa chambre d'étudiant.

Le jour où la rencontre avec le postulant doit avoir lieu, le batteur présumé leur pose un lapin… Il vient installer sa batterie, mais par la suite, se rend au pub le plus proche et ne réapparaît plus. Faute de mieux, Will Champion accepte de tenir ce poste le temps d'une répétition. À marquer ainsi le tempo, il se passionne tant pour le son que ces trois étudiants ont développé qu'il décide qu'il veut en être, coûte que coûte. Par la force des choses, il choisit d'occuper pour de bon la seule position manquante, la batterie !

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Le groupe est ainsi au complet en janvier 1998 et Will se met à travailler d'arrache pied pour être à niveau. Leur style évolue à mesure qu'ils élargissent la palette de leurs goûts musicaux. À présent, Martin se passionne pour Radiohead et Jeff Buckley. Ses compositions s'en ressentent et acquièrent une pâte plus sophistiquée.

Au printemps, avec le soutien de Phil Harvey, un vieil ami d'école de Chris Martin, la formation intitulée Coldplay enregistre un premier disque de trois titres, le Safety EP (EP signifie mini-album), pour la somme de 200 livres britanniques. Ce disque doit initialement servir de " démo " auprès des maisons de disque. Pourtant, ils apprécient tant le résultat qu'ils décident de le commercialiser. En mai, Harvey investit 1 500 livres supplémentaires afin de faire presser 500 unités du Safety EP. Le quatuor, qui adore le contact avec un public, fait en sorte de se montrer partout où la chose est possible : soirées estudiantines, pubs, jardins… Leurs nombreux amis les encouragent à aller de l'avant.

Quatre mois après la sortie du Safety EP, en novembre 1998, Coldplay participe à un festival dédié la découverte de nouveaux talents organisé dans la ville de Manchester, In the City. Le succès qu'ils remportent est tel que l'une des spectatrices, Debs Wils, de Universal Records, fait passer une copie du Safety EP à Caroline Elleray chez BMG Publishing.

Dan Keeling, un cadre récemment employé par Parlophone - une filiale de EMI célèbre pour avoir accueilli les Beatles et Radiohead dans son catalogue - découvre le groupe au club Cairo Jack's, un pub à la décoration égyptienne. Keeling n'est pas immédiatement convaincu par leur prestation :

" Chris avait très certainement du charisme, mais ils n'avaient pas encore le 'son' ".


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Le 7 décembre 1998, Coldplay se produit au Camden Falcon de Londres, et sur place, un journaliste et producteur, Simon Williams les remarque à son tour et pour sa part, demeure sous le choc. Williams insiste pour que le DJ Steve Lamacq de la radio britannique Radio One vienne les écouter. " Cela ne m'arrive pas souvent, " a raconté Lamacq qui s'est rendu au Camden Falcon avec un ami, " nous étions là, la langue pendante, tandis que Coldplay jouait devant 40 personnes. À la fin nous sommes demeurés bouche bée. Mon ami m'a dit : excuse-moi si je me trompe, mais c'est la meilleure chose que j'aie vu depuis des mois… J'étais moi-même muet d'admiration. " Immédiatement, Lamacq décide de programmer Coldplay sur Radio One. Un coup de pouce inattendu vient du magazine musical New Musical Express (NME) où Simon Williams vante les louanges du groupe…

" Je me trouvais dans la salle de bain de la maison de mes parents en ce Noël 1998, " raconte Martin.

" J'ai ouvert le NME et il y avait une page consacrée aux nouveaux groupes. Je me suis dit 'tiens, il y a peut-être des groupes que je connais de la compétition In the City. J'ai alors lu les noms : Muse, Elbow, Bellatrix, Gay Dad, Coldplay… J'ai failli m'évanouir. Cela a été le moment le plus heureux de toute ma vie. "

En février, Simon Williams leur propose d'enregistrer un single sur son propre label, Fierce Panda. " Brothers and sisters " sort à 2 500 exemplaires et fait l'objet d'une diffusion sur Radio One. Il va monter jusqu'à la 92ème position des charts britanniques. Le mois suivant, Caroline Elleray de BMG fait écouter le Safety EP à Dan Keeling de Parlophone. En découvrant la chanson " No more keeping my feet on the ground ", Keeling change d'opinion vis-à-vis de Coldplay : il trouve cela " énorme ".

" Cela m'a submergé ! Je voulais garder mon calme mais je n'ai pu m'empêcher de décrocher mon téléphone dès le samedi suivant. "

Etant donné que Chris est en train de passer un examen d'Histoire Ancienne, c'est le manager Phil Harvey qui vient à la rencontre du cadre de Parlophone. À présent, Dan Keeling de Parlophone est pleinement conscient potentiel de Coldplay et un contrat est signé dès le mois de mai 1999.

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Avant la sortie d'un premier album, la maison de disque souhaite sortir un nouvel EP. Au cours de l'été, un peu angoissés, les quatre garçons enregistrent un EP de 5 titres The blue room, parmi lesquels figure à nouveau " Bigger, stronger ". Durant l'enregistrement, ils traversent une période si trouble que Champion en vient temporairement à quitter la formation. Une fois les désagréments résolus, ils livrent leur disque à Parlophone. L'EP sort en octobre 1999 alors que le groupe a fait un excellent impression lors de l'immense Glastonbury Festival. Blue Room est pressé à 5 000 exemplaires. Alors que le millénium s'annonce, Radio One programme intensivement la chanson " Bigger, stronger " et le groupe entame une tournée nationale aux côtés d'autres groupes débutants, tels que Terris et Muse, dans le cadre du Brats Tour organisé par le NME. Bien qu'il soit encore méconnu, le groupe est fort apprécié de l'intelligentsia rock, celle qui est à l'affût des groupes " indés ".

À présent, Dan Keeling entend sortir un premier single, " Shiver ". Le groupe part au pays de Galles, au Rockfield Studio afin d'enregistrer ce morceau et quelques autres en vue d'un premier album. Pourtant, la maquette de " Shiver " qui arrive au bureau à Londres déçoit Keeling.

" C'était mou. La chanson ne laissait rien transparaître de leur énergie et passion ".

Le cadre de Parlophone se rend aussitôt au pays de Galles pour une réunion de toute urgence. Le message est clair, même si Martin n'aime pas trop l'entendre : il faut recommencer à zéro ! Coldplay va finalement produire une chanson de qualité. Premier single à sortir de l'album à venir, " Shiver " marque leur entrée dans le Top 40, à la 35ème position en mars 2000.

À présent, il n'est plus question de décevoir Keeling. Chris et ses compères ont particulièrement soigné l'écriture les chansons qui doivent apparaître sur le premier album. Dans l'urgence, ils enregistrent les chansons qui vont composer Parachutes au Parr Street Studio de Liverpool, la neuvième étant " Shiver " et la dixième venant de l'EP Blue room. Faute de temps, ils enregistrent durant des journées marathon qui peuvent se prolonger jusqu'à des heures avancées de la nuit. Il leur arrive de ne se reposer que quelques heures au petit matin avant de remettre cela de plus belle. " Il n'y a pas de secret, la musique, c'est surtout beaucoup de travail ", confiera plus tard Jonny Buckland.


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Lors de l'édition 2000 du Festival de Glastonbury, Coldplay qui se produit un samedi après-midi fait un triomphe. " Yellow ", qui paraît à l'aube de l'été devient leur premier tube - il se classe à la 4ème position. La popularité de la chanson est accrue par le vidéo-clip qui fait apparaître Chris Martin trempé avançant maladroitement sur une plage anglaise depuis le coucher du soleil jusqu'à son lever. Un tel accueil est de bon augure pour Parachutes, qui sort en juillet 2000. Keeling espère qu'il pourra en écouler 40 000 exemplaires de l'album, de quoi couvrir son investissement et bâtir pour le futur.

Dès sa sortie, Parachutes fait l'objet de distinctions rares de la part de la critique britannique, en parallèle à un accueil particulièrement chaleureux des radios. Que dire ? Voilà bien des années que l'on a pas entendu un album conçu sur ce mode, à la fois simple et lumineux, sans la moindre anicroche. À la fois plaintive et chaleureuse, la voix de Chris Martin possède un charme profond, une intensité et une clarté à même de toucher l'âme des auditeurs et auditrices de tout poil. Qui plus est, ce timbre a quelque chose qui le rend instantanément distinctif, reconnaissable entre mille. L'acte de séduction est immédiat. Mieux encore, l'enrobage de ces petits bulles mélodiques est d'une imparable efficacité, de la guitare de Jonny Buckland aux petites touches de piano que s'autorise Chris. L'ambiance générale rappelle celle de groupes telles que Echo and the Bunnymen ou les Smith ou encore, sur certains morceaux lents, les échappées libres de Radiohead. Pourtant, ce groupe possède sa propre sonorité, aiguillée par les compositions d'un créateur de talent, Chris Martin. Ces chansons sonnent presque instantanément comme des " classics ", des indémodables, ce que les années à venir vont confirmer.

Peu après son apparition dans les bacs, Parachutes s'installe à la première position du hit parade anglais. Dans la foulée d'une réception aussi allègre, le groupe prend le chemin des routes, enchaînant concert sur concert. Sur la scène, ils dévoilent une facette inattendue de leur talent, une vitalité que n'aurait laissé présager la simple écoute du lancinant Parachutes. De ce fait, les ventes de l'album se multiplient encore, atteignant bientôt les cinq millions d'exemplaires. Même les Etats-Unis qu'ils sillonnent durant l'année 2001 se laissent emporter par la vague.

Le single " Yellow " devient un hit mondial - il avoisine les deux millions d'exemplaires aux USA. La presse britannique, soucieuse de dénicher les nouveaux Radiohead s'empresse d'adouber ces jeunes gens à l'allure d'étudiants un brin intello, si doués pour la composition. Coldplay est le groupe du moment !


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Au fil des mois, la taille des salles où ils jouent devient de plus en vaste. Sans nul doute, même s'ils ont souhaité que cela marche, les membres du groupe n'ont jamais imaginé que cela puisse se développer si rapidement. Ils découvrent les chiffres de ventes pharamineux de l'album avec un bonheur mêlé de surprise. Fort heureusement, ils prennent la chose avec bonne humeur et simplicité.

Sur le plan personnel, les quatre garçons font preuve d'une désarmante humilité. Ni hautains ni maniérés, ils semblent avoir naturellement évité le piège qui guette tant de célébrités d'un jour, qui en viennent à projeter un miroir déformant d'elles-mêmes au risque d'agacer. Les membres de Coldplay ne fréquentent pas les bars branchés, se refusent à jouer le jeu des stars en vue, cultivent une approche naturelle et sans fard. Lorsqu'ils se produisent sur une émission de télévision telle que Top of the Pops, ils sont habillés avec leurs vêtements de tous les jours, sans l'ombre d'une chorégraphie. Ils trouvent bien plus cool d'être ainsi. Le groupe se distingue aussi par bien des attributs distinctifs qui tissent un lien avec le vaste public. Impliqué à fond dans la réalisation, ils insistent pour coproduire les albums, interviennent dans la forme des vidéoclips comme sur le choix des pochettes.

" Le plus important, c'est de faire la musique que nous voulons, suivre notre inspiration et la restituer du mieux que nous pouvons. C'est presque mystique, c'est vouloir atteindre quelque chose d'inaccessible, une sorte d'absolu, toucher les gens avec ce qui nous touche, " confie le batteur Willie Champion (Batteur Magazine) " Ce qui fait exister un groupe comme Coldplay c'est l'envie d'écrire de belles chansons et de pouvoir toucher un maximum de personnes par ce biais. Le côté célébrité, on ne court après. Nous savons où nous allons et ce que nous ne voulons pas faire, " déclare pour sa part Chris Martin (Campus Mag). Il revendique pleinement une telle attitude consistant à être vrai avec les gens et à ne pas chercher à jouer ce qu'ils ne seraient pas. Et d'ajouter " j'espère que c'est ainsi que le public nous perçoit. "

Il est à craindre que le disque suivant n'ait pas la même saveur. Qui plus est, le groupe est attendu au tournant.

" Dans notre pays, tu es propulsé au rang de méga star par la presse spécialisé et le lendemain, elle te jette sans le moindre scrupule, " confie Jonny Buckland pour mieux exprimer sa lucidité sur le sujet.

L'enregistrement se révèle chaotique, presque douloureux. Le résultat paraît très en deçà des espoirs du groupe. Bravant les réticences de leur maison de disque pour laquelle un nouvel album de Coldplay peut redonner à lui seul des couleurs aux résultats annuels, ils choisissent d'en repousser la sortie. Comme lors du temps de Parachutes, ils se terrent dans leur petit studio de Liverpool et oeuvrent sans ménagement à produire une œuvre digne de ce nom.

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Cette quête d'une qualité irréprochable s'avère payante. A rush of blood to the head qui sort vers la fin de l'été, s'avère à la hauteur sinon meilleur que son prédécesseur -de nombreux fans le considèrent encore supérieur au premier opus. Il évoque pêle-mêle Radiohead, REM ou Jeff Buckley, des références de marque. S'il paraît plus sombre et romantique avec quelques éclairs d'électricité, l'album demeure accessible. Un tube immédiat vient servir de bande annonce : le magnifique " In my place ", qui s'avère du même niveau que " Yellow " ou " Trouble " et entre directement à la 2ème place des charts anglais. D'autres pépites attendent ceux qui écoutent l'album tel l'extraordinaire " The scientist " digne d'un " Imagine " de Lennon. Le groupe a retrouvé son intense cohésion et sa complémentarité.Le test du deuxième disque est haut la main et le public comme la critique sait désormais que ce groupe particulier est paré pour durer et s'inscrire dans le panthéon du rock, aux côtés de Cure, Police ou Oasis.

L'Amérique, qui a gentiment accroché au premier album, fait un accueil triomphal au second. A Rush of Blood to the Head entre directement à la 5ème place du classement Billboard. La consécration américaine du groupe est confirmée lorsqu'un magazine tel que Spin les élit meilleur groupe de l'année 2003. Il apparaît que le quatuor a remplacé Radiohead dans le rôle de la formation britannique préférée des américains. Le deuxième album se vend à 9 millions d'exemplaires, et récolte trois Grammies assurant leur pleine consécration.

Pourtant, à la mi-2002, deux ou trois semaines après que Coldplay aient achevé d'enregistrer A rush of blood to the head, Chris Martin a lâché une petite phrase inquiétante comme quoi ce pourrait bien être le dernier album du groupe. Il leur a fallu plus de neuf mois pour venir à bout et le parcours leur a semblé particulièrement éprouvant. Au sortir d'une telle expérience, Martin s'est senti comme lessivé. Buckland a confirmé la chose :

" j'avais l'impression d'avoir mené à terme mes meilleures idées et de ne plus jamais pouvoir atteindre ce niveau. "

La simple perspective de jamais retourner en studio paraît alors au-dessus de ses forces.

" Nous nous sentons vides. Nous n'avons plus d'idées. Qui sait si nous pourrons refaire un album, " déclare Martin à Q en août 2002.

Buckland surenchérit alors :

" Honnêtement, je ne pourrais pas dire d'où nous pourrions bien tirer une autre chanson ! "

Heureusement, lorsqu'ils ont retrouvé la scène ce sentiment s'est peu à peu dissipé. Martin et Buckland se sont remis à composer et de nouveaux titres sont bientôt apparus.

Entre le mois de mai 2002 et août 2003, le groupe ne cesse de se produire sur scène, que ce soit en Europe, au Canada et aux Etats-Unis. Désormais, Coldplay peut donner son show dans des stades dignes de ceux auxquels est accoutumé Pearl Jam et ses disques se vendent par quantités industrielles. En septembre 2002, lors d'un concert dans un théâtre de Los Angeles, Brad Pitt, Julia Roberts, Sean Penn, Robbie Williams et Sandra Bullock figurent parmi les spectateurs. Lorsqu'ils se produisent dans des lieux immenses, tels que l'Hollywood Bowl de Los Angeles ou le Madison Square Garden de New York, ils font pareillement salle comble. Pourtant, les membres de Coldplay vivent une telle frénésie avec une étonnante modération.

" Nous avons tous des petites amies et tentons de demeurer à l'écart des tentations, " affirme Guy Berryman pour ce qui est de leurs relations avec les fans féminines.

Le DVD Live 2003 retranscrit avec bonheur l'atmosphère d'un concert du groupe mais aussi le quotidien de leur existence entre deux rencontres avec le public.

Entre deux parcours du monde, les membres de Colplay se sont précipités en studio afin de développer de telles idées. Ils sont ensuite repartis de plus belle sur les routes. À l'automne 2003, Martin a expliqué qu'ils écrivaient des chansons depuis 18 mois et en avaient plusieurs dizaines sous le coude. Toutefois, durant l'année 2004, le groupe s'est accordé une pause, Chris Martin et ses compères se retrouvant essentiellement pour travailler sur les chansons d'un troisième album particulièrement attendu et dont la sortie a finalement été fixée à juin 2005.

Coldplay, origine du nom


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À l'origine, le groupe formé par Chris Martin et ses pairs en 1997 était Starfish. Le nom " Coldplay " (jeu froid) était celui d'un autre groupe de l'University College of London, mené par un étudiant du nom de Tim. Il tirait son origine d'un livre de compilation de poèmes : Child's Reflections, ColdPlay de Philippe Horky.

Martin et ses collègues ont progressivement jugé qu'ils n'appréciaient pas " Starfish " et ont préféré abandonner une telle appellation. Tim leur a alors demandé s'il pouvait récupérer " Starfish " car lui-même trouvait " Coldplay " trop déprimant. Martin, Buckland, Berryman et Champion ont alors récupéré cette appellation.

Le dictionnaire Coldplay

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A Rush of Blood to the Head


Deuxième album de Coldplay sorti en août 2002.

La sortie d'un deuxième opus est souvent considérée comme une étape critique dans la carrière d'un groupe, celle où ça passe (l'essai est transformé) ou ça casse (la magie initiale est rompue). Au sortir de Parachutes, Coldplay ne dispose que d'une seule chanson : " In my place ". Pour le reste, Martin se sent comme " sec ". C'est toujours juste s'il ne se demande pas si c'en est fini du groupe. Il reprend pourtant confiance dès lors que Buckland lui joue la partie de guitare qu'il a imaginée pour " In my place ". " J'ai pensé qu'il fallait que nous enregistrions cela. C'est ce que nous avons écrit de meilleur. Dans cette mesure, cette chanson nous a sauvé. "

Au moment où Coldplay se décide à enregistrer son deuxième album en 2001, ce n'est plus du tout un groupe qui a pour nécessité de s'imposer. Le triomphe de Parachutes les a électrisé mais aussi fort surpris. Durant deux ans, ils ont sillonné le monde, côtoyé toutes sortes de gens, notamment Robert Smith des Cure ou Johnny Cash, et découvert de nouvelles formes culturelles. Consciemment ou non, ils ont absorbé toutes sortes d'idées et d'impressions. Le fait de jouer dans d'immenses salles les a également poussé à développer un répertoire plus énergique, à même de créer un impact sur de gigantesques arènes. En deux ans de tournée, ils ont écrit un grand nombre de chansons et la perspective de les enregistrer les ravit. Ils disposent d'un plan de bataille détaillé qui inclut jusqu'à l'ordre des morceaux dans l'album et partent confiants.

Le groupe veut éviter de refaire Parachutes et pour ce faire, écoute de nombreux disques, revendiquant le droit de s'imbiber de telles influences. Parmi les artistes dont ils passent et repassent les disques figurent Dr Dre, New Order, The Cure, PJ Harvey, Nick Cave, Joy Division, George Harrison, mais aussi du country : Johnny Cash, Gram Parsons, Hank Williams… " Nous apprenons quelque chose chaque fois que nous découvrons un nouvel artiste, " explique Chris Martin qui estime qu'une telle ouverture d'esprit ne peut qu'aider à réaliser des morceaux d'intérêt.

Pourtant, la gestation du nouvel album est ardue. Les sessions démarrent à Londres dans un studio de grande classe. À mesure que s'écoulent les semaines, Chris et ses compères se sentent comme embourbés, entraînés dans une sorte de " spirale paralysante " comme le dira Johnny Buckland. Quoiqu'il fassent, ils ne parviennent à se détacher de leur premier album et de comparer les nouveaux morceaux aux anciens. Le stress s'empare du groupe et les séances s'étirent démesurément. Et dire qu'ils pensaient boucler ce nouvel opus en quinze jours ! Comme quoi, en musique, il n'est pas possible de planifier à outrance…

" L'inspiration, les atmosphères, les idées, on ne peut pas les avoir en appuyant sur une touche magique, " commente Chris Martin. Rien n'y fait, ils ne parviennent pas à concrétiser avec bonheur ce qu'ils imaginent. Ils cultivent le sentiment ô combien désagréable qu'ils pourraient faire beaucoup mieux.

Après ces quelques semaines en studio, le groupe se retrouve juste après les fêtes de Noël. Lorsqu'ils réécoutent le fruit des sessions de Londres, il se conforme que quelque chose n'y tourne pas rond. L'album évoque une fade copie de Parachutes et ne restitue aucunement l'énergie qu'ils peuvent dégager en concert. Il paraît impossible de sortir cela en l'état. " Nous avons réalisé qu'il faudrait travailler encore pour arriver à quelque chose de satisfaisant, " a expliqué Will Champion.

Pour ce groupe qui s'est édifié autour d'une vision, il n'est pas envisageable de décevoir les fans. Il est impossible de se reposer sur leurs lauriers, ils ont encore tout à prouver et il leur faut à tout prix aller plus haut.

" L'idée que quelqu'un puisse acheter un disque de Coldplay et soit déçu me donne des cauchemars, " lâche Chris Martin.

Progressivement, l'angoisse cède la place à une plus grande plénitude. Après tout, c'est à eux de définir ce qu'ils veulent faire. Il n'est pas question de faire les choses avec précipitation juste pour satisfaire la maison de disque ou qui que ce soit d'autre !

Qu'importe si le nouvel album est prévu pour janvier 2002. Le groupe fait part de sa déception au management de Parlophone et parvient, tant bien que mal, à faire passer ses vues.

" C'est sûr, ils ont accusé le coup lorsque nous leur avons annoncé que nous voulions repousser la sortie, mais ils ont compris qu'il était de leur intérêt de nous laisser faire, " a raconté Johnny Buckland.

Ils réussissent à imposer leurs exigences et à trouver un terrain d'entente. Aucune pression ne leur sera soumise : Coldplay doit se sentir libre de prendre le temps nécessaire à la confection d'un bel album.

" Nous avons la chance d'être signés dans une major (E.M.I.) qui eu l'intelligence de ne surtout pas nous imposer quoi que ce soit.

Pour la sortie de notre deuxième album, ils avaient prévu une date que nous nous sommes permis de reculer de six mois, tout simplement parce que nous n'étions pas prêts.

Ce n'était pas un caprice, nous n'étions pas satisfaits, simplement, " expliquera plus tard Willie Champion à Batteur Magazine (décembre 2002).

D'un commun accord, il est décidé que Coldplay doit reprendre le chemin du studio.

Au fond, ce qu'ils souhaitent, c'est enregistrer d'une manière aussi passionnée que possible, avec une justesse maximale. Or, le fait de se retrouver en studio à Londres ne facilite pas les choses : leurs amis peuvent aisément passer les voir et apporter leurs opinions sur le travail en cours, quitte à se montrer excessivement flatteurs. De plus, ils sont tentés de sortir le soir…

En janvier 2002, Chris Martin et ses compères décident donc d'en revenir à la formule qui leur a tant réussi pour le premier album : enregistrer à la dure, à Liverpool et rappeler leur producteur d'origine, Ken Nelson. Ils se retrouvent ainsi dans le cadre étroit dans une petite pièce austère de la taille d'une salle de bain. Au sein de cet environnement qui rappelle leurs débuts, avec leur propre pression sur les épaules, les " vibrations " s'adoucissent, l'excitation et la créativité ressurgissent. Ils redeviennent ce petit groupe de rock en train de rebâtir le monde…

Coldplay reçoit une aide indirecte de taille, de la part de Ian McCulloch. Il se trouve que l'ex-leader du groupe Echo and the Bunnymen a le même manager que Ken Nelson. Lorsqu'ils le voient débarquer dans une taverne de Liverpool le visage affublé de lunettes de soleil et la saillie facile, Chris et ses amis se montrent d'abord inquiet. Porté sur l'alcool, McCulloch est réputé pour les saillies qu'il peut lâcher sur les groupes qu'il n'apprécie pas. Cependant, le contact est facilité par le fait qu'ils adorent Echo and the Bunnymen et que, par chance, McCulloch apprécie lui-même Coldplay. Ses conseils se révèlent progressivement précieux.

" Pendant que nous enregistrions, il nous a donné quelques tuyaux, " a confié Chris Martin, ajoutant que son apport a été déterminant sur plusieurs chansons.

De façon générale, sa présence gouailleuse contribue à détendre l'atmosphère. Selon Martin, The Edge de U2 a également écouté quelques titres et son point de vue a compté.

Désireux de donner le maximum, Chris Martin pousse le groupe à fonctionner selon une maxime qu'il a jadis reçu de son grand-père :

" agir avec le sentiment que chaque jour pourrait être le dernier ".

Certains titres qui leur paraissent trop vieux sont abandonnés. D'autres sont réécrits afin de mieux cadrer avec l'évolution de leurs personnalités. Par chance, selon ce qu'a rapporté Martin, les morceaux récents ont le don de tirer les autres vers le haut. Au total, sur la quarantaine de chansons composées pour l'album, vingt neuf sont écartées, étant jugées " nullissimes " par les intéressés - pas une d'entre elles ne sera conservée même pour un troisième album.

" Politik " ouvre l'album avec grandiloquence par un assaut de guitares électriques et de frappes du batteur, avant de retomber vers une plus grande accalmie puis revenir vers l'introduction toute en puissance qui précède le refrain. La chanson, qui parle de solidarité et du besoin d'authenticité a été écrite deux jours après le 11 septembre 2001, alors que le groupe devait s'envoler pour l'Amérique. " Elle est un condensé de ce qui nous habite aujourd'hui : la peur, la colère, des sentiments qui poussent à vivre chaque jour de façon intense comme s'il devait être le dernier ", explique Chris Martin au moment de la sortie de l'album. Selon lui, il se serait alors éveillé au fait que Coldplay vivait une existence privilégiée, et que chacun devrait pouvoir y prétendre sans que les dés ne soient pipés dès le départ. " Nous nous sommes rendus compte qu'il y avait un autre monde que l'Occident. Nous vivons dans une espèce de bulle, éloignés des problèmes du monde. En un sens, ces attentats ont donné une dimension de désespoir au disque dont le message est qu'il faut vivre chaque instant à 100%. " La chanson débute d'une façon déclamatoire, avec ces mots : Look at earth from outer space, (regarde la terre depuis l'espace), Everyone must find a place (chacun doit trouver sa place)… Elle incite alors à ce que chacun puisse prendre le contrôle de sa propre existence. Le refrain est articulé autour du Open up your eyes (ouvrez vos yeux) qui sonne comme un appel à plus de lucidité. Elle se termine par une sorte de message vis-à-vis des occidentaux qui vivraient dans un illusoire confort : " don't forget the rest of us " (n'oubliez pas le reste d'entre nous). Une certaine distance est introduite vis-à-vis de la politique au sens classique du terme, d'où l'utilisation du " K " à la fin du titre. En tout cas, " Politik " a le don de prouver, dès cette ouverture que Coldplay a su se renouveler, explorer d'autres territoires, que ce soit sur le plan de l'ambiance, du sens, comme de la rythmique. L'efficacité de son introduction va en faire la chanson qui démarre chaque concert durant la période 2002 - 2003.

L'immense tube " In my place " est sorti en single le 5 août 2002 - voir cette entrée.

" God put a smile upon your face " est sorti en single en juillet 2003 - voir cette entrée.

L'une des plus belles chansons du groupe, " The Scientist " est sortie en single le 11 novembre 2002 - voir cette entrée.

Troisième tube majeur de l'album, " Clocks " est sorti en single le 24 mars 2003. Voir cette entrée.

Sur " Daylight ", les influences de Radiohead et de Echo and the Bunnymen apparaissent distinctement. La chanson démarre sur un riff de Jonny Buckland tandis que le chanteur martèle rythmiquement son piano et que le batteur assure un soutien tout en pulsion. Guy Berryman a rapporté que cette chanson a été enregistré d'une manière spontanée, " comme un claquement de doigts ", les idées étant arrivées très rapidement à partir de l'idée initiale de Chris Martin au piano. " Chacun a trouvé une partie originale qui s'imbriquait à la perfection. Un vrai plaisir musical. " Chris Martin a déclaré par la suite que " Daylight " comportait un grand nombre d'emprunts à " The Cutter " de Echo and the Bunnymen, notamment dans le riff de guitare à la slide, qui présente effectivement quelques similarités, mais aussi dans l'interprétation globale.

" Green Eyes " est une des chansons qui aurait bénéficié le plus de l'ambiance " électrisante " du petit studio confiné de Liverpool. Proche d'une ballade country ou d'un morceau de Bob Dylan, elle a été mise en boîte de manière spontanée en une vingtaine de minutes. " Elle parle d'un ami américain qui a pris soin de moi quand je me comportait comme un idiot, " explique Chris Martin. Si Jonny Buckland adore " Green Eyes ", selon ce qu'a rapporté Martin, elle ne serait pas vraiment la tasse de thé de Guy Berryman.

Le très beau " Warning Sign " démarre avec une sonorité de guitare électrique bientôt rejointe par un violoncelle, le piano de Chris puis une section de violons. Martin parle à une fille qu'il décrit comme une " île à côté de laquelle je suis passé ". Il a confié ultérieurement qu'il avait idéalisé sa propre attitude à l'égard de la femme en question alors qu'en fait son comportement avait été aux antipodes de ce qui est relaté là. Selon Buckland, Ian McCulloch aurait soufflé la partie de guitare.

" A Whisper " apparaît comme un moment fort avec une humeur rock qui tranche avec le lyrisme de Parachutes. Selon Martin, tout est venu du son de guitare qui a établi un climat. À partir de là, le morceau a été enregistré très rapidement.

" A rush of blood to the head ", évoque le Pink Floyd du début des années 70 avec son introduction à la guitare que n'aurait pas reniée David Gilmore. Elle se poursuit sous la forme d'une ballade à laquelle on s'attache spontanément, d'autant plus que le texte intrigue : He said I'm gonna buy this place and burn it down (il a dit, je vais acheter cet endroit et le brûler) / Blame it upon a rush of blood to the head (la faute en revient à une poussée d'adrénaline). Chris Martin a donné cette explication de texte quant à de tels vers. " L'expression 'rush of blood to the head' signifie 'faire les choses de manière spontanée', 'avoir comme une furieuse envie de faire quelque chose, " Il a également déclaré que cette chanson était un hommage à Johnny Cash, qui, avec deux autres chroniqueurs célèbres, Bob Dylan et Hank Williams, seraient " les plus grands hommes avec juste une guitare à la main. " Si la chanson a donné son titre à l'album, c'est parce qu'elle reflète leur état d'esprit à cette époque, alors que les événements du 11 septembre sont encore dans toutes les mémoires. " Nous nous sommes sentis heureux d'être en vie et dans la position de pouvoir faire de la musique ". Pourtant, ce sentiment est mélangé à une certaine urgence. Ils ont envie de s'exprimer de façon immédiate, avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'ils ne puissent mourir… " Nous nous sommes aperçus de la chance que nous avions, " a commenté Buckland.

" Amsterdam ", qui clôt l'album est une chanson lente, sur une introduction de piano de Chris Martin - qui prend plaisir à la jouer en fin de concert, comme si elle annonçait un beau finale, à l'instar d'un coucher de soleil. Il demeure en solitaire sur une bonne partie de la chanson, laquelle évolue sur plusieurs thèmes.

Bien que le groupe privilégie un son naturel, Coldplay ne dédaigne pas de se livrer à quelques expérimentations. Mark Pythain, qui assure la coproduction et la programmation des ordinateurs apporte sa proche touche de magie. Nelson lui-même se montre passionné par la création de nouveaux sons. " Sur cet album, nous avons passé beaucoup plus de temps à obtenir les bons sons et des émotions absolument exactes, " dira plus tard Chris à propos de certains sonorités atmosphériques et des cordes que l'on trouve ici ou là.

Comme le confie Chris une fois l'album achevé, la barre a été placée très haut, au niveau d'albums qu'ils jugent mythiques tels que The unforgettable fire de U2, de Sticky Fingers des Rolling Stones, de Rubber Soul et Revolver des Beatles ou encore Ocean Rain de Echo and the Bunnymen. " Nous n'y sommes pas tout à fait arrivés, " reconnaît Martin, " mais la chose paraît faisable. "

Au sortir d'une telle épreuve, les membres du groupe se sentent comme lessivés. Jonny Buckland se souvient avec effroi d'avoir enregistré et ré-enregistré certaines parties de guitare durant plusieurs heures qui lui ont paru interminables sans que jamais cela ne semble coller. Interrogé par un journaliste, Martin laisse même glisser une phrase anodine comme quoi il ne serait pas prêt à rempiler pour une autre expérience de ce type, une déclaration perçue à tort comme pouvant augurer d'une potentielle séparation. Ce qui se trouve simplement, c'est qu'ils sont vidés et, comme le dit alors Martin, " la perspective de partir en tournée maintenant s'apparente à des vacances !"

Comme pour le précédent album, le groupe a choisi lui-même la pochette. " Nous aimons avoir le contrôle de ce qui touche notre travail et n'aimons pas que les choses soient décidées sans nous, " explique Guy Berryman.

Les nouvelles chansons sont étrennées pour la première fois le 29 juin 2002 au Festival de Glastonbury devant 100 000 fans enthousiastes. " In my place " apparaît sur les ondes dès la mi-juillet et s'impose instantanément. L'album A rush of blood to the head sort à la fin août 2002. À l'écoute, la tonalité globale est plus électrique que sur le disque précédent. La marque essentielle de l'album à en croire Chris Martin serait celle du " dynamisme et de la confiance, par opposition au souci et à l'insécurité. " Plusieurs clubs américains ont l'honneur d'en avoir la primeur dès le 6 août. Les Français sont gratifiés d'une même considération dès le 27 d'août lors du passage du groupe à l'Olympia avec une diffusion en direct sur MCM. La Grande Bretagne doit attendre le 4 octobre pour bénéficier d'une pareille tournée promotionnelle mais celle-ci se poursuit alors jusqu'au 23 du même mois.

Dès sa sortie, A rush of blood to the head, s'installe directement à la position n°1 dans douze pays dont l'Angleterre, l'Australie, le Canada, le Danemark, l'Italie, la Norvège, la Suisse... Il s'écoule 250 000 exemplaires en Angleterre en une semaine, ce qui surpasse les scores réalisés par Eminem et Oasis cette même année. Les critiques comme le public sont rassurés : Chris Martin n'a rien perdu de son talent d'écriture et le groupe a conservé ce savoir faire qui l'amène à insuffler de la magie sur de nombreux titres, qu'ils soient gais, nerveux ou mélancoliques. En revanche, son écriture a pris de la perspective et les paroles se révèlent plus directes ou parfois même, comme sur " Politik ", engagées. " Le premier opus te fait connaître, le second permet aux récalcitrants de constater que tu n'es pas là par hasard, " commente le guitariste Jonny Buckland. Dès la fin de l'année 2002, le disque est couronné d'un Grammy Award aux USA en tant que " meilleur album alternatif. "

Énorme succès mondial, A rush of blood to the head atteint le score phénoménal d'1,6 millions d'exemplaires vendus en Angleterre, un peu plus de six mois après sa sortie. En France, sur la même période, 150 000 exemplaires sont écoulés. Sur l'année 2003, l'institut de sondage Nielsen Soundscan recense 2 183 997 unités vendues sur le sol américain, un chiffre impressionnant mais qu'il faut relativiser : il demeure bien loin des 5 137 468 exemplaires diffusés par Norah Jones sur la même année avec son album Come away with me. Les récompenses obtenues par " The Scientist " lors du MTV Video Music Award fin août 2003, un an après la sortie de l'album, ont pour effet une poussée des ventes de 44% aux USA.

Globalement, l'album s'est vendu à plus de 9 millions d'exemplaires, dépassant donc largement le niveau atteint par son prédécesseur. En France, il a fait l'objet d'un double disque d'or, couronnant les 200 000 unités vendues.

Berryman, Guy Rupert


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Bassiste de Coldplay

Né le 12 avril 1978 à Kirkcaldy en Écosse. Sa famille a déménagé dans le Kent alors qu'il avait 12 ans. Il a commencé à jouer de la basse l'année suivante.

Le bassiste de Coldplay pourrait paraître effacé au premier abord. Sur scène, il semble demeurer dans l'ombre, assurant une parfaite contribution à l'assise rythmique, sans jamais se mettre en avant. Toutefois, comme on peut le découvrir dans le reportage du DVD Live 2003, c'est une nature ouverte et volontiers joueuse.

" Lorsque je l'ai vu pour la première fois, j'ai eu une fausse impression de lui, " reconnaît Chris Martin. " Guy n'est pas aussi craintif qu'il pourrait le paraître. Il est beaucoup plus sympathique. Tout le monde pense qu'il est ténébreux. C'est avant tout quelqu'un de doux. "

Avant de jouer dans Coldplay, Berryman a participé au groupe Time Out, qu'il juge rétrospectivement comme " horrible " : " C'était de la guitare et des claviers. Le meilleur musicien du groupe était un fan de Genesis. Nous pouvions demeurer des heures durant à bosser des morceaux de progressive rock truffés de solos ridicules. Nous n'y sommes jamais vraiment arrivé. Nous perdions notre temps à faire du bruit. "

Berryman semble prendre un grand plaisir à faire partie de Coldplay et apprécie la vie des tournées même si celle-ci est très exigeante. " Parfois, lorsque vous êtes sur la route, vous demeurez constamment éveillé et vous trouvez alors amusant de faire les choses les plus stupides qui soient. Combien de temps cela pourra durer, je n'en sais rien… "

Les affinités musicales de Berryman le poussent avant tout vers le funk et la soul : Kool & The Gang, Maceo Parker ou James Brown qu'il cite comme son artiste favori. Il a d'ailleurs déclaré :

" plus cela sonne afro, et mieux est le disque ! "

Mais il manifeste aussi un penchant pour les Pink Floyd et les Beatles.

Berryman se distingue par un jeu de basse efficace et solide, sans fioriture mais mélodique.

" Créer de la musique n'est pas toujours facile, mais l'amour de la musique est ce qui nous propulse fondamentalement en avant, " déclare l'intéressé.

Blue room EP


Le troisième disque de Coldplay, paru le 11 octobre 1999.

Blue Room est un EP (mini-album) de 5 titres. Sa tonalité générale de Blue Room est plus sombre et inquiétante que celle de l'album Parachutes qui va sortir six mois plus tard.

Deux des chansons, la première comme la dernière, " Bigger stronger " et " Such a rush " sont issues de leur tout premier disque auto-produit, le Safety EP. Les trois autres ont été enregistrées au cours de l'été 1999, sous la direction d'un ingénieur du son du nom de Chris Allison.

La chanson " Don't panic " va par la suite se retrouver sur Parachutes, après avoir été réenregistrée pour la circonstance. La version qui figure sur Blue Room apparaît plus spontanée, avec une batterie plus en avant et une sonorité psychédélique.

" High Speed " a été conservée telle quelle sur l'album Parachutes.

La troisième chanson, " See you soon " est une perle acoustique que Chris interprète avec une voix touchante. Il la reprendra souvent sur scène par la suite - elle figure dans le DVD Live 2003.

La raison pour laquelle le disque est baptisé Blue Room (la pièce bleue) vient de ce que l'enregistrement a eu lieu dans un studio où l'une des pièces comporte un grand écrans bleu servant à filmer des acteurs, le décor étant par la suite ajouté par ordinateur.

Brothers and sisters


Le second single de Coldplay, sorti sur le label Fierce Panda, le 2 avril 1999.

Enregistré à Station Studios au nord de Londres, le disque " Brothers & Sisters " n'a coûté qu'un millier d'euros. L'ambition du producteur Simon Williams qui dirige le label indépendant est d'obtenir de la presse, faire que le groupe soit diffusé en radio et puisse obtenir un contract avec une maison de disque. Le disque comporte trois titres dont la qualité est très éloignée de ce qui apparaîtra sur Parachutes.

La chanson " Brothers & Sisters " apparaît dispersée, sans thème définie, et fort éloignée du style mélodique qui va émerger par la suite.

" Easy to please " est un morceau avec la voix de Chris Martin bien en avant avec de l'écho sur un fond de guitare acoustique et de bruits de vagues. Elle préfigure ce qu'il pourra faire par la suite sur des chansons telles que " The Scientist ".

" Only superstition " est un pop song nerveuse sans intérêt majeur.

Britpop


Le courant musical dans lequel est habituellement classé Coldplay.

Abréviation de " pop britannique ", le terme britpop désigne un style musical proche du rock qui se distingue par une approche mélodique, des arrangements sophistiqués des chansons enjouées ou tendres, et souvent, des interventions vocales recherchées. Parmi les pionniers du style figurent des groupes tels que les Beatles, les Kinks ou les Who, durant les années 60. Des chansons telles que " Penny Lane ", " Sunny Afternoon " ou " Behind Blue Eyes " sont typiques de ce son britpop.

Bien que le terme semble limiter ce style à la Grande Bretagne, certains groupes apparentés à la britpop sont apparus à la même époque sous d'autres cieux. Parmi eux figurent les Beach Boys (Californie) qui se sont distingués par la richesse de leurs harmonies vocales, ou les Bee Gees, originaires d'Australie.

Si durant les années 70, la britpop est devenu un style moins prédominant, il a toutefois été représenté par des artistes tels que David Bowie, Roxy Music ou T Rex. Cette sonorité est revenue sur le devant de la scène au cours de la décennie suivante avec des groupes tels que Human League, Duran Duran ou Culture Club. Vers le milieu des années 90, le flambeau a été repris par Oasis, The Verve, Suede, Pulp ou Blur et dans une moindre mesure, Radiohead. À partir de l'an 2000, Coldplay, mais aussi des groupes tels que Travis ou Starsailor se sont vus assimilés au courant britpop.

Les membres de Coldplay demeure relativement réservés vis-à-vis d'une telle appellation, par essence artificielle. " Pour moi, la britpop est morte et enterrée depuis 1995, " estime Jonny Buckland. " Nous ne sommes jamais sentis affiliés à cette scène, même si nous l'aimons bien.

Buckland, Jonathan Mark


Guitariste de Coldplay.

Né le 11 septembre 1977, à Londres. Buckland a grandi à Mold dans le pays de Galles. Il joue de la guitare depuis l'âge de 11 ans.

Le guitariste de Coldplay se distingue par sa capacité à tirer des sons mélodieux de ses diverses guitares, affectionnant le jeu en accord dans les aigus ou l'emploi du bottleneck (sorte de tuyau de verre que le guitariste glisse sur les cordes). Ses interventions sont judicieuses et parfois même lumineuses. Bien qu'il pratique un jeu discret, sans prouesse technique particulière, Jonny Buckland récolte maintes louanges pour son approche de la six cordes, se voyant comparer à The Edge de U2 qui lui aussi, favorise l'efficacité des rythmiques à la démonstration.

Jonny Buckland aime les guitares qui sonnent de façon nette, sans abuser des effets. Il a pour habitude de les brancher directement sur son ampli Fender Deville ou Fender Twin Reverb, avec une certaine dose de saturation. Sur Parachutes, il a utilisé une Gibson 335 et une Fender Jazzmaster de 1969. Pour l'enregistrement de A cold rush of blood to the head, il a joué la majorité des morceaux sur une Fender Telecaster Thinline.

Sur scène, la complicité que Buckland développe avec Chris Martin est patente. Ce dernier le juge

" talentueux, drôle et un grand guitariste ! "

À partir de l'album A Rush of Blood to the Head, Buckland a développé un jeu plus offensif et plus rock. Mais sa marque de fabrique demeure les petites mélodies qu'il insère dans les chansons et qui parfois, comme dans " In my place ", deviennent une partie intégrante de leur charme. Chris Martin se montre volontiers enthousiastes sur ces contrepoints que Buckland insère dans les chansons et affirment qu'elles ont le don de les bonifier :

" ce sont souvent les meilleures mélodies de nos chansons, " a-t-il déclaré.

Les moments passés sur la scène sont vécus par Buckland avec une telle joie qu'en comparaison les heures passées en studio lui paraissent un mal nécessaire.

" Que préfères-tu ? Manger un superbe plat ou le préparer ? " déclare l'intéressé.

Il explique que s'il parvient à trouver le bon son et la bonne note lors des sessions d'enregistrement, une fois sur scène, les choses prennent une autre dimension. Buckland peut alors se laisser porter par l'émotion et l'énergie que leur renvoie la foule.

" Si nous nous donnons à 200% de nos capacités et que la symbiose se passe bien avec nos fans, cela donne un moment extrêmement intense et magique. " (Guitarist - septembre 2002)

Parmi les guitaristes adulés par Jonny Buckland figurent le bluesman Muddy Waters

" il jouait de la slide comme personne ! "

et Johnny Marr des Smiths :

" il possède tout ce que j'aime chez un guitariste, une réel sens de la composition et un jeu aérien. "

Parmi les guitaristes qui l'ont influencé figurent John Squire de Stone Roses, Ian Mc Culloch de Echo and the Bunnymen et Robert Smith des Cure. Buckland apprécie aussi Eric Clapton, George Harrison et Jimi Hendrix. Il a également affirmé au magazine Q qu'il avait pour groupe préféré, la formation de rock progressif Jethro Tull avant d'ajouter, perfide,

" c'était un mensonge ! ".

Pour le reste, les groupes qu'il affectionne tout particulièrement sont Ride et les Stone Roses. Adolescent, Buckland a pu voir ces derniers sur scène et a conservé un souvenir vibrant de l'énergie dégagée par cette formation :

" c'était vraiment de la magie. "

Champion, William


 

Batteur du groupe Coldplay.

Né le 31 juillet 1978 à Southampton, Hampshire, au sud de l'Angleterre.

Souvent introverti, Champion paraît le plus taciturne du groupe. Pourtant, le bassiste Berryman le décrit comme " extrêmement fort, très drôle, très doué. C'est quelqu'un en qui l'on peut faire confiance. "

Son itinéraire est en tout point original. Lorsqu'il fait la connaissance des membres qui forment alors le trio Coldplay, à la University College de Londres, il est avant tout guitariste - il a auparavant collaboré au groupe Fat Hamster qui jouait du folk irlandais ! Chris Martin se souvient d'ailleurs qu'à l'université, il leur arrivait de s'asseoir dans les escaliers de leur résidence et de chanter ensemble :

" Will est comme un jukebox humain et il est davantage guitariste que batteur. Il connaît plus de chansons que quiconque. Vous nommez une chanson et il va la jouer ! "

À la fin de l'année 1997, dans la mesure où il désire à tout prix faire partie du groupe formé par Martin, Champion laisse alors tomber la six cordes et assume la seule place manquante, celle de batteur.

" J'aimais tant les compositions de Chris que j'étais prêt à faire de l'harmonica ou même du triangle s'il l'avait fallu ! "

À défaut d'avoir suivi une quelconque école en la matière, il travaille alors comme un forcené afin d'être à niveau. Il tire sa technique de l'observation attentive d'autres batteurs, opérant un subtil mimétisme. Parmi ceux que Willie reconnaît aduler figurent Dave Grohl de Nirvana,

" admirable pour transcender les morceaux de Kurt Cobain. "

Pour le reste, son artiste préféré est Tom Waits.

D'avoir joué de la guitare a permis à Champion de bien situer quelle devait être la place de la batterie dans un groupe :

" l'épine dorsale. Elle insuffle la force nerveuse et musculaire nécessaire au mouvement et à l'amplitude d'une chanson (Batteur Magazine - décembre 2002) ".

Privilégiant la bonne tenue du rythme, Champion se refuse à tout démonstration et favorise un jeu à même de bonifier chaque morceau de Coldplay.

Lorsque l'on visionne le DVD Live 2003, on découvre un moment émouvant dans une chambre d'hôtel, où Champion a empoigné une guitare Dobro dont il joue avec maîtrise accompagné par Buckland et Berryman. Un ange passe… Comme par pudeur, la caméra évite d'insister trop longuement sur ce moment. Ce batteur ne serait-il pas au fond un guitariste refoulé, que le chemin de la gloire a détourné de sa vocation première ?

Clocks


 

Troisième single issu de l'album A rush of blood to the head, sorti le 24 mars 2003.

Construite autour d'un riff de piano, " Clocks " est une chanson à la structure simple, qui se prolonge durant cinq minutes et pourrait sembler minimaliste au premier abord. Si le groupe parvient à transcender ce motif répétitif et à éviter l'ennui, c'est en construisant une réelle progression autour de cette base, avec une légère accélération lors du refrain.

" Clocks " est devenu l'un des titres plus populaires du disque A rush of blood to the head. Pourtant, il a bien failli ne pas y figurer car Chris Martin voulait initialement le conserver pour le troisième album. Il a fallu toute l'insistance de Phil Harvey, leur manager pour qu'il soit maintenu. Son argumentation : il ne sert à rien de vouloir bâtir une carrière et il leur faut fonctionner dans l'urgence.

Will Champion et Guy Berryman ont indiqué d'eux-mêmes que la chanson aurait été influencée par New Order. Néanmoins, Martin estime qu'elle aurait plutôt été inspirée par Muse.

Le single comporte une chanson fort appréciée sur scène et qui n'a pas trouvé sa place sur le deuxième album, faute d'être suffisamment achevé à l'époque, le lancinant " Animals ", et aussi " Crest of Wave " qui sonne à la façon d'une chanson des années 60.

" Clocks " a été gratifié d'un Grammy Award récompensant la meilleure chanson de l'année 2003.

Collaborations


 

Souvent sollicités, les membres de Coldplay ont relativement peu collaboré aux enregistrements d'autres artistes.

Durant l'année 2002, Chris Martin interprète deux titres sur l'album de style trip hop, Your love means everything de David Kosten alias Faultline.

" J'ai aimé travaillé pour David, c'était un peu comme des vacances. J'y ai pris beaucoup de plaisir et elle m'a permis d'avoir davantage confiance dans mes possibilités, " raconte alors Chris.

De son côté, Kosten se déclare " époustouflé " ce qu'il a appelle le " show Martin ". Pourtant, ce dernier laisse entendre qu'il n'est pas prêt de recommencer et qu'il préfère se consacrer intégralement à Coldplay.

" Au bout du compte, j'avais comme l'impression de tromper mon groupe. "

Durant la tournée américaine, Chris Martin fait la connaissance du chanteur de country Johnny Cash et les deux hommes éprouvent une telle sympathie mutuelle qu'une collaboration est envisagée. À la fin de l'été 2003, Coldplay enregistre l'orchestration d'un morceau écrit spécialement pour Johnny Cash, sous la direction de Rick Rubin, son producteur. Il ne manque plus que la voix du chanteur. Hélas, Cash décède le 13 septembre, une semaine avant la date prévue pour l'enregistrement à Los Angeles. Martin fera part de sa tristesse dans le magazine officiel du groupe.

En novembre 2003, Chris Martin laisse savoir que Coldplay a enregistré un titre avec l'artiste The Streets alias Mike Skinner dont le style se rapproche du hip hop. Il lui paraît toutefois impossible de prédire s'il figurera dans le troisième album de Coldplay.

À partir de 2004, Chris Martin a commencé à écrire des chansons pour d'autres artistes. En septembre 2004, il appelle son ami Danny McNamara, leader du groupe Embrace :

" J'ai écrit un titre, et je pense qu'il est plus proche du style d'Embrace que de celui de Coldplay. Est-ce que cela t'intéresserait ? "

Il lui fait alors écouter " Gravity ". McNamara trouve la chanson excellente et l'accepte.

" J'aime Martin comme un frère. Coldplay est un groupe qui me donne confiance en l'humanité, " commente McNamara.

Embrace enregistre " Gravity " peu après. Dotée d'une introduction au piano suivi de guitare acoustique et de violons, la chanson paraît juste un peu trop pop pour Coldplay et il lui manque la saveur intemporelle de leurs morceaux. Le single est monté à la 7ème position des charts britanniques.

Plus étonnante de la part de Martin, la composition " See it in a boy's eyes " évolue dans le style r'n'b. Martin l'interprète en duo avec la chanteuse Jamelia lors d'un concert de support à Oxfam le 14 septembre 2004. Par la suite, la chanteuse l'enregistre sur un single. Elle va faire l'objet d'une distinction par le magazine Q.

En janvier 2005, Will Champion et Guy Berryman de Coldplay ont prêté main forte à Mags du groupe norvégien A-ha, pour certains titres de son album solo.

" Nous nous sommes rencontrés à Barcelone, " explique Mags, expliquant que la chose était à la fois une affaire d'amitié et d'appréciation mutuelle.

Commerce équitable


 

À l'instar de Bob Geldof, Michael Stipe de R.E.M. ou Bono de U2, Chris Martin se distingue par ses engagements aux côté de plusieurs associations humanitaires telles que Greenpeace et surtout l'ONG Oxfam, qui milite pour une redéfinition des règles au niveau des échanges commerciaux dans le monde.

Lors d'un voyage en Haïti et en République Dominicaine auquel il est invité par Oxfam en février 2002, Chris Martin découvre de ses yeux la situation des fermiers locaux. Ceux-ci lui rapportent combien leur existence a été bouleversée par l'intrusion du riz venant des USA, qui a provoqué une chute des cours de cette denrée. Il en ressort très remonté contre une telle situation.

" C'est sûr, je vis une existence confortable et 'cocoon'. Mais je me suis éveillé à la m… qui se trouve au-dessous. Lorsque vous réalisez qu'il existe des règles qui maintiennent les gens dans la pauvreté du fait qu'on ne leur donne pas le droit de faire du commerce, vous vous éveillez ! "

Depuis, le groupe a fait sienne la croisade de Oxfam. L'un des objectifs consiste à obtenir que le niveau des prix soit maintenu à un niveau équitable pour les fermiers et agriculteurs des pays du tiers monde, et que les ouvriers de ces pays jouissent de droits honorables. " Autant nous ne voulons participer à la promotion de produits, autant nous sommes favorables à l'idée d'aider le monde en soutenant des causes qui méritent de l'être, " explique Martin.

Le slogan " Make Fair Trade " (en faveur d'un commerce équitable) figure sur les CD du groupe comme sur son site officiel. Le chanteur veille aussi à l'inscrire sur sa main gauche juste avant d'entrer en concert afin qu'il soit perceptible des membres du public lorsque les écrans géants retransmettent quelques gros plans. Il apparaît aussi sur son piano, sous une forme plus visible encore. Par ailleurs, un message en faveur de l'action menée par Oxfam est régulièrement projeté sur les écrans à la fin des concerts du groupe.

Comme on peut le voir sur le reportage qui figure dans le DVD Live 2003, une vaste campagne de récolte de signatures a été organisée tout au long de la tournée, les spectateurs étant invités à remplir les tracts déposés sur leurs sièges. Alors que la tournée touche à sa fin, l'une des responsables de la campagne vient leur annoncer que le millionième signataire aurait été le théologien et artisan de la paix Desmond Tutu et ils semblent trouver la coïncidence pour le moins étonnante. Ce million de soutiens à la cause du commerce équitable a été transmis à l'Organisation Mondiale du Commerce. En exerçant une telle pression, ils espèrent qu'ils parviendront à faire modifier certaines lois qui pour l'heure, contribueraient à creuser l'écart entre pays pauvres et pays riches.

À la fin de l'été 2003, la venue des quatre membres du groupe au Brésil et au Mexique a coïncidé avec la tenue du sommet de l'Organisation Mondiale du Commerce à Cancùn, et ils en ont profité pour confirmer leur soutien à Oxfam. Martin s'est également rendu au Ghana en janvier 2005 dans une même démarche.

Dans un même ordre d'idée, le groupe Coldplay a participé à un double CD sorti en octobre 2004 et intitulé For the lady destiné à faire libérer Aung San Suu Kyi, seul Prix Nobel actuellement emprisonné et aussi pour venir en aide au peuple de Birmanie. Parmi les autres groupes impliqués figurent U2, R.E.M., Pearl Jam et aussi Eric Clapton et Peter Gabriel. En novembre 2004, Chris Martin est intervenu sur le single " Do they know it's Christmas ? " aux côtés d'artistes tels que Dido et Robbie Williams dans le cadre l'initiative humanitaire Band Aid de Bob Geldof. Le disque s'est vendu à 72 000 exemplaires le jour de sa sortie. Le premier du genre remonte à 1984.

" Nous ne prenons pas pour des prêcheurs, " précise Chris Martin. " Mais nous voyons bien ce qui se passe autour de nous. " Sur le site officiel du groupe, il lâche une remarque pertinente sur les rapports entre l'humanitaire et du rock. " Ce que les gens ne comprennent pas, c'est que le rock'n'roll consiste à faire exactement ce que vous désirez. Et l'une des choses les plus rock que nous ayons fait a été de nous impliquer dans le Commerce Équitable. "

Critique


 

Si l'on observe un échantillon des articles obtenus par Coldplay depuis la sortie de l'album Parachutes, il pourrait sembler que le groupe n'a pas réellement eu à se plaindre des journalistes. Dans l'ensemble, la critique s'est davantage époumoné en éloges qu'en saillies. Pourtant, le groupe semble cultiver un sentiment comme quoi ils seraient régulièrement éreintés par les membres des médias, et parfois même, Chris Martin a exprimé une réelle amertume quant aux critiques dont ils auraient fait l'objet dans la presse.

Dans les faits, la plus infâme vilenie qui ait été lâchée à leur égard est venue d'Alan McGee, patron du label Creation sur lequel se trouve notamment Oasis et Primal Scream. Déçu de voir Coldplay rafler un Brit Awards en lieu et place de Primal Scream au début de l'année 2001, McGee a lâché, dépité et mauvais perdant que leur musique était tout juste bonne pour " ceux qui pissent au lit. " Divers magazines britanniques ont alors cru bon de relayer un tel courant de pensée. Pourtant, les éloges qui ont plu sur le groupe lors de la sortie du deuxième album a montré qu'une majorité de journalistes appréciaient ouvertement Coldplay.

De façon générale, le batteur et le bassiste confessent qu'ils n'apprécient pas le rituel consistant à parler aux journalistes. Dans le Live 2003, Champion n'est pas tendre à leur égard. " Cela fait une grande différence lorsque le journaliste te pose des questions intéressantes. Il y en a tellement qui sont grossiers et qui te posent des questions stupides. " " Le jour où les journalistes parviendront à composer des chansons qu'ils aiment et que d'autres confrères viendront leur pourrir, ils comprendront peut-être ce que nous pouvons ressentir, " a déclaré pour sa part Jonny Buckland.

Don't Panic


 

Quatrième single de l'album Parachutes, sorti le 19 mars 2001.

Introduite par deux guitares acoustiques, " Don't Panic " dégage un franc optimisme (We leave in a beautiful world / Nous vivons dans un monde merveilleux), qui cadre bien avec la philosophie de Martin comme quoi, il y aurait du bon dans chaque chose. Sur le refrain la voix du chanteur est élégamment doublée par celle du guitariste.

Une première version figurait sur le mini-album Blue Room édité de manière en 1999 mais la chanson a été réenregistrée à Liverpool par l'ingénieur du son Ken Nelson. " C'était une prise live, " raconte ce dernier. " Jonny a effectué deux prises de guitare et nous avons utilisé un peu des deux. Chris utilise un petit orgue à pompe de deux octaves et demi dont il joue tandis qu'il chante, bien que ce soit très subtil. "

L'une des surprises de ce single est de découvrir Martin interpréter le thème de James Bond " You only live twice " avec une voix de crooner. Le troisième titre est " Bigger stronger ", la chanson phare de leur premier disque autoproduit, Safety EP.

Droits d'auteur


 

Coldplay a ceci de particulier que toutes les chansons sont signées " Coldplay " et non pas Chris Martin, quand bien même ce dernier amène la plupart des idées de base de chansons, et prend en charge l'écriture des textes. Martin fonctionne selon le principe que les chansons de Coldplay n'auraient jamais la qualité qu'elles ont au final si elles n'étaient soumises au regard et à l'apport du groupe dans son ensemble.

La décision de partager ainsi les droits remonte à l'été 1999, lorsque le groupe, sur la demande de Parlophone, enregistre le Blue Room EP. Durant la séance d'enregistrement, Chris Martin, stressé par la pression qu'il sent soudain sur ses épaules, se montre excité et s'en prend à Will Champion qui n'a pas respecté le tempo comme prévu. Se sentant insulté, Champion quitte la séance et ne réapparaît pas.

Chris Martin se sent angoissé car soudain, Coldplay n'existe plus. " C'était ma faute. J'avais tellement peur que nous gaspillions cette chance que je suis devenu obsédé par la qualité technique du groupe. " Il vient alors s'excuser auprès de ses pairs et, à titre de pénitence, se saoule à la bière et à la vodka - c'est la seule fois qu'il se comportera ainsi.

Une fois que Champion est réintégré à la formation, il est décidé que le groupe, s'il veut survivre doit évoluer d'une façon totalement démocratique. Ils décrètent ainsi que si un membre du groupe choisissait de partir, c'en serait fini de Coldplay. L'une des décisions prises pour l'occasion est que les royalties seront toujours divisées par quatre, et que chacun des membres se verra crédité d'une même part au niveau des chansons.

Une telle attitude va contribuer à unifier le groupe en plaçant chacun sur un pied d'égalité lors des versements de droits d'auteur. Martin la justifie en expliquant qu'il n'a pas l'intention de se retrouver un jour devant un tribunal à devoir débattre avec ses plus proches amis de qui a écrit quoi. Elle est pourtant rarissime dans l'univers du rock. Qu'il s'agisse de Mark Knopfler (Dire Straits), Sting (Police), des frères Young (AC/DC), de Lennon & McCartney (Beatles), de Jagger et Richards (Rolling Stones), les auteurs et compositeurs apparaissent comme tels. Rarement envisagée, l'idée d'une répartition systématique a tout de même été pratiquée par des groupes tels que U2 et REM, et aussi en France, Téléphone.

Martin reconnaît pleinement aux autres membres leur part dans l'œuvre :

" Chacun joue un rôle. Même si j'apporte la première idée, elle n'ira pas bien loin tant que Jonny n'aura pas mis son grain de sel : il va donc contribuer à ce que la chanson prenne forme. Puis Guy and Will vont s'en mêler et la chanson va se construire ainsi... " (Rock & Folk - septembre 2002).

Dans une interview donnée à Start Up en septembre 2002, Will Champion et Guy Berriman ont confirmé que la façon de procéder au niveau des compositions procédait d'un effort commun.

" Chris nous apporte des idées de chansons, des textes et des mélodies et nous les travaillons ensemble. Généralement, nous enregistrons des tonnes d'arrangements que nous enlevons ensuite méthodiquement. " Selon eux, Chris mettrait la barre tellement haut que lui-même élimine la plupart des titres qu'il écrit avant de leur présenter :" Il n'apporte que des idées précises et des chansons quasi terminées. "

Si Martin apporte généralement la mélodie de base, ou parfois même une chanson entière, selon lui, l'accord de tous serait essentiel à l'aboutissement de chaque titre :

" si l'un d'entre nous n'aime pas une chanson, un couplet ou un bout de refrain, nous le rejetons aussitôt. " Il reconnaît qu'il lui arrive de faire la tête lorsqu'une telle situation se produit, mais au bout du compte, il la juge bénéfique.

God put a smile upon your face


 

Quatrième single issu de l'album A rush of blood to the head, sorti le 14 juillet 2004.

Ce morceau léger, influencé par le son Motown, démarre à la guitare acoustique avec un léger gimmick du guitariste Jonny Buckland. Par moments, la voix intimiste de Martin rappelle celle de Thom Yorke de Radiohead. " Le fait de jouer sur scène nous a donné envie d'une chanson qui balance un peu plus, " a déclaré Martin, racontant qu'au moment où elle a été écrite, le groupe écoutait des artistes tels que P.J Harvey et Muse - " des choses avec davantage d'énergie ". Au niveau du texte, son auteur indique simplement qu'il est fasciné par les questions que se pose l'humanité depuis la nuit des temps : pourquoi sommes-nous ici ? Où allons-nous ?…

La deuxième chanson du single, " Murder ", rappelle également Radiohead mais paraît mineure dans leur discographie.

Groupe


 

Le fait frappe dans le reportage qui figure dans le DVD Live 2003 : Coldplay fonctionne réellement comme un groupe. Une association de potes unis vers un même objectif. Avec une osmose, un plaisir de se retrouver ensemble qui rappelle les Beatles à leurs débuts ou les premiers temps du groupe Téléphone.

" J'ai une relation fusionnelle avec le groupe. Les affinités que nous entretenons sont spéciales. Je ne peux pas y arriver sans eux - et la réciproque est vraie pour chacun d'eux " explique Martin, évoquant l'émulation qui règne au sein de Coldplay.

" La musique est toute notre vie ! C'est ce que nous aimons faire. Nous ne le faisons pas par obligation, " confirment Will Champion et Guy Berryman. Et d'ajouter que le seul qui puisse avoir à souffrir d'une telle célébrité est Chris Martin. " Nous, on nous reconnaît très rarement dans la rue ! "

Harvey, Phil


 

Manager de Coldplay.

Phil Harvey est un ami d'enfance de Chris Martin - ils ont fait connaissance à l'adolescence à l'école publique de Sherbourne. Lorsque Martin entre à l'University College of London pour y étudier les anciennes civilisations, Harvey se trouve à Oxford en train d'étudier le Latin et le Grec. Pour tromper l'ennui, il organise quelques soirées musicales pour lesquelles il invite des groupes à jouer pour les étudiants.

Au début de l'année 1998, Harvey accepte de financer le premier enregistrement effectué par Coldplay, le Safety EP. Pour ce faire, il demande à son père et aussi au co-locataire de sa chambre d'étudiant de lui prêter les sommes nécessaires. Convaincu du potentiel de ce disque, Harvey déclare spontanément : " Je pourrais me rendre avec cette bande dans n'importe quelle maison de disque de Londres et obtenir tout ce que nous voudrions ! " Il ignore pourtant tout des ficelles du métier.

Vers la fin 1998, lorsque Coldplay se produit à Camden (Londres), Martin lui fait part des soucis qu'il rencontre pour se faire payer par les responsables de clubs. Harvey suggère alors que le groupe monte son propre show. Ils louent une salle appelée Dingwalls et impriment des milliers de prospectus. À leur grande surprise, 400 spectateurs assistent au concert. Ce soir là, en plus des ventes de billets, Harvey écoule 50 exemplaires du Safety EP, ce qui lui permet d'en rembourser les deux " investisseurs " initiaux. Dans la foulée, il décide de devenir manager du groupe à plein temps.

À défaut d'expérience dans le show-business, Harvey fait preuve d'un enthousiasme sans faille et n'hésite pas à demander conseil. " Le plus important, c'est de représenter un groupe extraordinaire, " confie ce dernier.

L'immense succès de Parachutes va toutefois le prendre par surprise. Du jour au lendemain, le groupe est n°1 des ventes, et il se retrouve à travailler 16 heures par jour avec trois lignes de téléphone qui sonnent en permanence. Harvey va tenir le choc jusqu'au début de l'année 2001 où il tombe gravement malade et doit se retirer durant plusieurs mois. Lorsqu'il reprend la casquette de manager, il décide de prendre exemple sur les groupes de taille internationale qui savent s'entourer de grandes équipes.

Chris Martin a dit de Harvey qu'il était le cinquième membre de Coldplay.

In my place


 

Premier single extrait de l'album A rush of blood to the head, sorti le 5 août 2002.

Nanti d'un introduction à la guitare devenue célébrissime et soutenu par un orgue généreux, " In my place " est un morceau avec une mélodie immédiatement accrocheuse dont l'esprit ressemble à ceux des morceaux de Parachutes. De fait, il s'agit de la première chanson que le groupe ait écrite une fois terminé l'enregistrement du premier album. En ce sens, elle a favorisé élégamment la transition entre les deux disques. Coldplay l'interprétait d'ailleurs sur scène de nombreux mois avant la sortie du deuxième album.

" In my place " est l'un des morceaux de Coldplay dont l'élaboration a pris le plus de temps. La chanson a été retravaillée durant trois mois avant que le groupe ne s'en estime satisfait. Durant son enregistrement, Ian Mc Culloch de Echo & the Bunnymen qui est venu jouer le rôle de conseiller, a une idée lumineuse : il offre sa veste à Chris Martin et lui suggère de la porter tandis qu'il chante. Étrangement, cette marque d'estime d'un artiste adulé a un effet bénéfique sur le chanteur, qui se sent pousser des ailes. " McCulloch était avachi dans un coin, un verre de whisky à la main et marmonnait : 'continue, gamin, continue'… " a raconté Martin.

Le texte semble évoquer les déboires de cœur qu'aurait connu le chanteur à un moment donné, déplorant que sa compagne continue d'attendre un autre que lui-même. " La chanson parle de la position que vous avez dans le monde, comment elle vous est donnée, la façon dont vous apparaissez et comment s'en sortir, " explique pour sa part Martin.

Le single comporte un très bon rock que le groupe a souvent pris plaisir à interpréter sur scène : " One I love " et aussi " I bloom blaum " une chanson intimiste avec un accompagnement de guitare fouillé.

" In my place " est demeuré l'un des titres les plus populaires du groupe à ce jour. La chanson a reçu un Grammy Award de la meilleure chanson en 2002.

Intégrité


Il est courant de comparer Coldplay à des formations telles que Radiohead, R.E.M et U2 qui ont pareillement su parvenir à un succès de taille mondiale sans renier leur intégrité artistique et en refusant tout compromis. De tels groupes sont clairement cités comme des exemples par Martin et ses acolytes : " Ce qu'ils ont fait, peu y sont parvenus : ils sont demeurés fidèles à leur ligne de conduite initiale, " reconnaît le chanteur tout en ajoutant qu'ils espèrent y parvenir tout autant.

Coldplay a reçu maintes offres, telle celle d'utiliser certaines de leurs chansons pour illustrer des films. Ils y ont posé leur veto arguant de ce que les films qui leur étaient présentés n'étaient pas leur tasse de thé. " Je me rappelle que nous avons rencontré Syvester Stallone à Los Angeles parce qu'il voulait utiliser 'Trouble' comme bande sonore de son film. Nous lui avons dit non. Dans le même temps, nous étions encore un groupe d'étudiants et Stallone venait nous voir. Nous nous sommes demandés comment nous avions pu arriver là ! " se rappelle Buckland.

Avant tout, Coldplay refuse toute utilisation de ses chansons au sein de spots publicitaires :

" entendre une de nos chansons vanter les mérites d'un shampoing, c'est hors de question ! " affirme Chris Martin, ajoutant que les propositions n'ont pas manqué mais qu'ils les ont systématiquement refusé en bloc.

Sur la seule année 2001, Coldplay a refusé 4 millions de dollars de la part de Diet Coke qui voulait utiliser " Trouble ", du couturier Gap qui réclamait " Don't panic " et de Gatorade, qui souhaitait illustrer une publicité pour ses boissons gazeuses avec " Yellow ". Par la suite, Gap leur aurait proposé pas moins de quatre vingt millions de dollars pour que leurs chansons illustrent les publicités pour ses vêtements. Phil Harvey leur manager a reçu pour consigne de ne même pas leur relayer de telles propositions afin d'éviter toute possibilité de compromis. " Nous avons la chance d'avoir suffisamment d'argent pour refuser çà, " reconnaît le chanteur.

Martin s'est expliqué à diverses reprises d'une telle attitude. Selon lui, agir différemment serait un manque de respect vis-à-vis de ceux qui apprécient leur musique. " Nous n'avons pas envie de voir nos morceaux utilisés n'importe comment pour vendre n'importe quoi. " Il a également déclaré qu'il détesterait l'idée d'avoir à vendre quelque chose dont il ignore la provenance. " Nous ne voulons pas contribuer à la mondialisation en abandonnant pour de l'argent une chose à laquelle nous tenons plus qu'à la prunelle de nos yeux. Nous ne voulons pas qu'une gamine de Lyon, pour qui une de nos chansons représente quelque chose de fort, se demande pourquoi cette chanson qu'elle aime tant, aide à vendre une voiture. " (Rock & Folk - septembre 2002)

La position de Martin et de ses compères n'est cependant pas tranchée : Coldplay n'est pas opposé à ce que sa musique illustre une oeuvre d'art, tel qu'un film d'auteur.

Lamacq, Steve


 

DJ sur BBC Radio One

Grand découvreur de talents, Steve Lamacq dirige deux émissions sur Radio One : Lamacq Live (de 21 heures à 1 heure du matin le lundi) et Lamacq on 6Music (de 14 à 17 heures le dimanche). Il a contribué à faire connaître de nombreux groupes débutants, tel Coldplay qu'il a découvert en décembre 1998, sur le conseil du journaliste Simon Williams. " C'était de la joie pure, " raconte Lamacq à propos de ce moment. " Après toutes ces nuits où vous allez voir des groupes qu'un pote vous a recommandé pour finir invariable déçu, Coldplay était la chose la plus excitante que j'aie vu depuis des années ! " Selon lui, la présence scénique du groupe, leur calme et leur humour les distinguait pleinement du lot.

Immédiatement, Lamacq décide de programmer le disque Safety EP de Coldplay dans son émission et mieux encore, leur permet de passer dans l'émission Lamacq Live.

" C'était la première fois que nous accueillions un groupe qui n'avait pas encore eu de contrat avec une maison de disque. "

Le succès immédiat de Parachutes a laissé Lamacq pantois. " J'étais aux USA lorsque l'album s'est classé numéro un. Durant plusieurs jours, j'ai envisagé de démissionner de Radio One. Je me disais : voici un groupe que nous avons soutenu alors qu'ils n'étaient rien et qui se retrouve au sommet du classement des albums. Rien ne pourra jamais être aussi bon ! "

Lamacq a cependant conservé son activité de DJ perpétuellement à l'affût des nouveaux artistes indépendants. Parmi les autres groupes qu'il a contribué à mettre en avant figurent Muse et Keane. Il a toutefois conservé une franche admiration envers Coldplay affirmant au moment de la sortie du 2ème album, à propos de l'écriture de Chris Martin : " Le meilleur reste à venir ".

Live 2003


DVD de Coldplay sur scène, sorti le 11 novembre 2003.

Document extraordinaire sur le groupe tel qu'il peut apparaître une fois sur scène, le Live 2003 fait découvrir des facettes inattendues à ceux qui ne connaîtraient Coldplay que par sa production discographique. Composé de onze titres, il révèle le talent d'interprète de Chris Martin mais aussi la cohésion d'un groupe dont le set est rôdé à la seconde près.

Le concert diffusé est issu de ceux donnés par le groupe a donné à l'Horden Pavillon de Sydney, le 21 et le 22 juillet Australie. Le DVD nous fait vivre l'ambiance du show dans sa continuité, ses temps faibles, ses retombées… Quatre morceaux disponibles en version 'multi-angle' apportent un regard plus pointu sur certains aspects de leur performance scénique, notamment la qualité du travail que le modeste Guy Berryman accomplit en arrière plan, dessinant de savantes figures sur sa basse. La complicité qui peut lier Martin avec son ami et guitariste Buckland ressort tout aussi fortement.

Le groupe démarre en force, avec une pleine emphase rythmique, à grand renfort de light show sur la chanson " Politik ". Le cheveu ras, Chris Martin porte une petite barbe. De profil par rapport au public, habillé d'une veste noire, il est accoudé à son piano et secoue son corps sans ménagement. Il a la main droite bandée tandis que la gauche fait ressortir le slogan tracé au marqueur : " Make trade fair " (pour un commerce équitable).

Les lumières s'atténuent tandis que Martin empoigne sa guitare acoustique. Buckland lui répond par un riff imparable. La chanson s'appelle " God put a smile upon your face " et déjà, la fascinante osmose du groupe transparaît. La présence scénique de Martin impressionne tout autant que sa capacité à moduler sa voix, passant de l'intimiste à l'offensif avec une pareille aisance. Cela ne fait que commencer mais le public manifeste déjà une atmosphère extatique… Ce groupe sait se faire aimer.

Buckland empoigne son bottleneck (cylindre de métal) et lance une intro à la Pink Floyd. " A Rush of Blood to the Head " est plus acoustique que sur l'album, plus poignant et mélodramatique. Comme si la scène révélait la véritable dimension de la chanson.

Pour l'intro de " Daylight ", Jonny Buckland ballade consciencieusement son bottleneck sur le manche de sa Rickenbacker. Au piano, Chris Martin mène le bal tandis que le guitariste lui apporte un soutien vocal du meilleur effet.

Après quatre chansons du deuxième album, Martin commence à revisiter le répertoire de Parachutes. Lorsqu'il démarre " Trouble ", il s'interrompt quelques secondes pour inviter ceux qui le désireraient à chanter à le faire. Il démarre calmement mais se laisse bientôt aller à une fougue presque déjantée. Vers la fin du morceau, Martin lance un appel à la foule : " Ready ? " (vous êtes prêts ?). Il entame alors les premiers mots puis éloigne le micro tandis qu'une marée vocale achève le vers. Ce n'est que la première d'une longue série d'occasions où les fans seront conviés à marier leurs voix à celle de Chris.

Enlevée et fougueuse, " One I love " - qui figure sur le single de " In my place " est une chanson dans la pure tradition rock soutenu par deux guitares dynamiques avec un refrain auquel on accroche instantanément. Pour mieux se donner, Martin a tombé la veste et apparaît en T-shirt blanc.

" Don't panic " est livrée sous une forme plus rock que sur Parachutes et un arrangement revisité - Jonny Buckland y empoigne un harmonica sur quelques mesures, avant de balancer l'instrument en direction de la foule.

" Shiver " donne l'occasion de mieux apprécier le travail guitaristique que Buckland peut mener. La chanson apparaît comme la plus complexe du répertoire de Coldplay, au niveau de sa construction rythmique et des variations multiples de l'arrangement.

L'un des moments les plus émouvants intervient ensuite lorsque Martin interprète, en solo pour une bonne partie, la chanson " See you soon ", une ballade à la Dylan. Méconnue, ce bijou date du mini album Blue moon édité en 1999.

Sur la scène, " Everything's not lost ", apparaît comme un morceau de bravoure, l'un des moments forts. Le chanteur déclame ce poème d'espoir avec emphase et la foule ne peut s'empêcher de reprendre spontanément ses mots. Alors que la fin du morceau approche, Martin ménage sa surprise en continuant de scander les accords. Il invite alors le public à reprendre le " come on yeah… " en chœur et ils s'en donnent à cœur joie. Un frisson collectif traverse l'atmosphère.

" Moses " est une chanson originale qui ne figure sur aucun album ni single. Enlevée, elle est menée par la guitare directive de Martin, soutenue par les contrepoints de Buckland.

Avant le très attendu " Yellow ", une nappe de synthétiseur retentit longuement dans l'atmosphère tandis que Chris susurre quelques éléments de ce tube imparable. Touché par l'allégresse, le public exulte déjà. Puis Buckland balance la sauce guitaristique encadré par la rythmique infaillible de Champion et Berryman - pour sa part, Martin a déserté ses instruments pour empoigner le micro. D'un bout à l'autre, la salle témoigne d'une intense ferveur doublée de la joie de participer. De nombreuses voix reprennent la chanson à l'unisson, notamment lorsque vient le moment de clamer " Yellow ". La chanson ne cesse de se bonifier d'année en année, laissant apparaître qu'elle est appelée à rejoindre le gotha dans des morceaux fétiches du rock. Vers la fin du morceau, Will Champion, soudain délesté du stress de jouer le bon artisan, esquisse un sourire complice.

C'est seul au piano que Chris entame un autre tube, le solennel " The Scientist ". À présent, le public a pris la coutume de reprendre une à une les chansons, soutenant ainsi Martin dans son exercice solo qui passe mystérieusement du grave à l'aigu. Dès le deuxième couplet, le chanteur est rejoint par ses compères et Buckland passe de la guitare acoustique à l'électrique d'une façon imperceptible, assurant ainsi l'essentiel de la montée du climax.

Les tubes se suivent et ne se ressemblent pas même s'ils conservent cette pâte unique qui est la marque du groupe. À présent, c'est au tour de " Clocks " d'être asséné avec grand renfort de light show. Une fois de plus, Martin est assis à son piano, mais il n'en joue qu'avec parcimonie, pour dégainer ce fameux gimmick qui est le repère de ce morceau.

Quelques notes de guitares cristallines résonnent pour annoncer l'autre hit qu'est " In my place ", soutenu comme sur l'album par de majestueuses nappes d'orgue. Debout face au public, Martin a repris le micro et gesticule comme un beau diable, comme en proie à une transe élégiaque. Une fois de plus, la foule reprend le refrain en chœur, participant pleinement à faire de l'événement un moment inoubliable.

Assis à son piano, Chris Martin laisse entendre que la soirée tire à sa fin. Les lèvres près du micro, il lance " Amsterdam " sur le ton d'une supplique, les yeux le plus souvent clos. Pour l'essentiel, Will Champion se contente de soutenir son compère au niveau vocal. Les passages pianistiques de Martin sont emplis d'une totale grâce, et les décollages vocaux qu'il vient placer sur cette trame n'en sont que plus émouvants. Sur la ligne droite que la guitare de Buckland vient ajouter une couleur aérienne tandis que Champion reprend sa fonction première de gardien des pulsions. Le morceau se termine, avec une telle évidence que l'on se demande comment y succéder.

Martin revient néanmoins sur la scène. Toujours seul devant son clavier d'ivoire et d'ébène. Il termine en chantonnant " Live is for living " cette étrange chanson aux accents sudistes qui terminait par surprise le premier album alors qu'on le croyait achevé. Une fois l'introduction donnée, les compères de Chris reviennent ponctuer ses interventions, apportant frénésie et électricité. Le ton est emphatique et l'ensemble sonne comme une conclusion sans appel. Le groupe se retire alors sous les ovations triomphales d'un public qui n'en revient toujours pas.

Le reportage qui accompagne le concert est tout aussi captivant. Lors du générique, mais aussi par la suite, il est rythmé par une carte qui retrace l'itinéraire des innombrables villes que Coldplay a visitées en Europe comme en Amérique. Un parcours impressionnant parfois accompagné de la mention des milliers de spectateurs qui sont venus assister à leur show : 20 000 au Earls Court de Londres, 20 000 à l'Hollywood Bowl…

Le documentaire lui-même démarre par une déclaration amusée de Martin : " C'était mes meilleurs amis et heureusement, la chance a voulu qu'ils soient aussi de bon musiciens. " Immédiatement, les membres du groupe font ressortir une vive impression de naturel, une simplicité relationnelle qui attire immanquablement la sympathie. À plusieurs reprises, il apparaît clairement que ces quatre là s'adorent. La complicité paraît avant tout forte entre Martin et le guitariste Buckland.

Extrêmement à l'aise, Martin se montre volontiers rigolard et facétieux, n'hésitant pas à se moquer gentiment de lui-même, ou des bruits que certains journalistes ont pu rapporter à leur sujet comme quoi les Coldplay ressembleraient à des professeurs d'université. Une telle spontanéité, une telle proximité avec leur public de base augure du meilleur quant à une potentielle longévité. Leur jeunesse paraît toute aussi impressionnante : après tout, ils n'ont encore que 26 ans d'âge moyen. Très cool, Buckland, fait preuve d'une grande gentillesse et semble apprécier chaque moment de leur incroyable popularité. Lors d'un concert, ayant oublié son laisser-passer, il est obligé de clamer qu'il fait partie du groupe et doit, pour ce faire, sortir une pièce d'identité.

Le documentaire permet aussi de mieux découvrir Guy Berryman, ce bassiste qui paraît si effacé sur scène. Nous le voyons jouer au ballon et se livrer à quelques blagues gentilles. Un peu plus loin, nous voyons qu'il est passionné par les vieux 45 tours. Il raconte qu'il va acheter un juke-box et prend un malin plaisir à acquérir de quoi l'alimenter - 200 singles - dans un magasin de disque spécialisé.

Will Champion, le batteur, apparaît en revanche taciturne et ne semble s'éclater qu'à certains moments, sur la scène, dans le feu de l'action. Pourtant, même dans ce contexte, il paraît le plus souvent concentré et appliqué à sa tâche.

La constante qui ressort toutefois d'un bout à l'autre est ce merveilleux naturel qu'ils dégagent d'un bout à l'autre. " Il y a cinq ans, nous jouions encore dans le grenier de mes parents, " commente Martin. " Nous n'avons pas à eu à changer quoi que ce soit. Nous avons pu conserver tous nos idéaux, et çà, c'est cool. "

Martin, Chris


Chanteur et fondateur de Coldplay.

Né le 2 mars 1977 à Exeter dans le Devon au sud ouest de l'Angleterre.

Il est blond, plutôt frêle, doté d'un physique avenant mais relativement habituel, avec gentillesse authentique. D'où vient alors cet étrange charisme qu'il semble distiller malgré lui ? Sans nul doute de l'authenticité qu'il dégage et de l'intensité avec laquelle il interprète ses compositions.

La voix de Martin est son premier atout. Elle séduit par son timbre profond, son caractère à la fois optimiste et plaintif. Elle dégage puissance et fragilité, quiétude et mélancolie, tout en évitant tout sentimentalisme. Cet organe a d'ailleurs souffert de " polypes " en février 2001, ce qui a temporairement empêché le chanteur de s'exprimer ainsi.

" Comme je voulais donner le meilleur de moi, j'ai effectivement mis ma voix en danger, " a expliqué le chanteur. Il n'empêche, cette expérience l'a alors rendu " paranoïaque " et l'obsède encore.

Pour y remédier, il a pris des cours à titre de rééducation auprès d'une professeur de chant qui lui appris à mieux utiliser sa voix. Cet apprentissage aurait au passage décuplé ses capacités.

Chris Martin désempare les médias par son absence de " rockstar attitude ". Dépourvu de manières, parfois timide, il ne nourrit aucune des légendes qui traînent usuellement dans le sillage de tels personnages. Depuis la formation du groupe, il n'est saoulé qu'une seule fois, lors de l'été 1999, lorsqu'il a cru que Coldplay allait se séparer - pour plus de détails, voir " Droits d'auteurs ". Martin se distingue également par une prise de position farouche à l'encontre des drogues. " Si quelqu'un prétend que vous seriez ennuyeux parce que vous ne consommez pas des kilos de cocaïne, et que vous ne baisez des tonnes de groupies, dites-vous que la drogue vous amène à écrire de la musique de m… et que baiser ses fans n'apporte rien de particulier. Le rock'n'roll, c'est plutôt la liberté et la capacité à être qui l'on veut dans la vie. " Il affirme aussi que le rock'n'roll, c'est fondamentalement de faire exactement ce que l'on désire et que cela n'a rien à voir avec les drogues ou un quelconque hédonisme :

" Nous ne désirons pas vivre selon le cliché de quiconque. "

Au niveau des affaires romantiques, Chris cultive une même absence de vanité, laisse clairement entendre qu'il n'a rien d'un Casanova. Il a même reconnu, tout en le regrettant sur le moment, qu'il n'avait perdu sa virginité qu'à l'âge de 22 ans. " À mon avis, ne pas donner l'image de ce qu'on est réellement, c'est le meilleur moyen de se planter, " juge l'intéressé. S'il avoue préférer se concentrer sur la carrière du groupe plutôt que sur les relations amoureuses, Chris Martin a tout de même entretenu quelques liaisons de choix, notamment une courte relation avec la chanteuse australienne Natalie Imbruglia sur laquelle il rechigne d'épiloguer, estimant qu'il se serait comporté d'une façon incohérente, et aussi Nelly Furtado. À partir de l'automne 2002, il s'est amouraché de la splendide actrice Gwyneth Paltrow qu'il a épousée en décembre 2003.

La philosophie de base de Martin consiste à profiter intensément du moment présent. Il se veut résolument positif.

" Il arrive que l'on rencontre des gens de 35 à 40 ans qui se mordent les doigts de n'avoir pas fait en sorte d'accomplir leurs rêves. Nos propres vies sont fragiles et le regret n'y a point droit de cité. " Ses compères confirment la chose :

" Chris a une nature plutôt heureuse, contrairement à ce qu'on peut lire ou entendre. "

Chris Martin est l'aîné d'une famille dont le père est comptable. Sa mère, qui est enseignante est une chrétienne pratiquante qui instille des principes stricts même si, selon lui, elle n'était pas " collet monté ". Il décrit ses parents comme les personnes qu'il admire le plus : " Ils ont instillé de saines philosophies dans mon esprit. Mon père nous a toujours dit de ne jamais baisser les bras, de prendre les mauvaises choses qui t'arrivent et de les transformer en choses positives. Cela fonctionne bien et te rend de plus en plus fort. "

Parmi les hobbies que Martin apprécie lors de sa jeunesse figurent les cerfs-volants. À l'adolescence, il fréquente un lycée privée, avant d'être inscrit dans une école public à Sherbourne, où il a la chance de côtoyer des professeurs de qualité. Sur place, alors qu'il a 14 ans, il fait la connaissance de Phil Harvey, qui va devenir par la suite le manager de Coldplay. Ils partagent alors une même affinité pour le groupe U2 et leur album Zooropa. Parmi ses frayeurs de l'époque figurent le fait qu'il puisse être gay, ce qui pourrait lui valoir d'être mis à l'écart de l'école. À l'âge de 15 ans, motivé par son adulation pour Bob Dylan, il commence à jouer de la guitare et va plus tard prendre des cours de piano. Une année plus tard, il monte un groupe, The Rockin' Honkies, mais l'un des concerts qu'ils donnent récolte les huées du public. Par chance, l'un de ses professeurs, Mr Tanner, l'encourage à continuer dans la voie de la pop music. " Il réfutait l'idée comme quoi vous deviez être un Mozart miniature pour apprécier la musique. " Martin va former un autre groupe éphémère : les Red Rooster Boogie Band et Pectoralz.

Au niveau musical, Martin revendique les diverses influences que l'on a pu accoler à Coldplay, de Echo & the Bunnymen à Radiohead. " Aucun groupe ne peut prétendre que leur musique ne sort de nulle part et qu'ils sont les seuls à jouer un style particulier. " Parmi les artistes qu'il apprécie particulièrement figurent les Flaming Lips, Tom Waits, Neil Young, Bob Dylan, Sparklehorse et pour ce qui est des plus récents, Muse et Elbow. Les guitaristes qu'il utilise communément sont une Martin acoustic et une Rickenbacker 12 cordes, tandis que sur scène, il se sert d'un Piano numérique Yamaha.

Songwriter de grand talent, Chris Martin se distingue par une écriture particulièrement prolifique. L'analyse de ses textes peut cependant laisser perplexe ceux qui aiment à chercher des " sens cachés ". Martin prend une certaine distance à leur égard, affirmant que les mots sont écrits " comme ils viennent " et qu'il n'est pas vraiment du genre à s'asseoir devant une table pour écrire des paroles. Il aurait plutôt tendance à chanter les mots qui lui viennent à l'esprit sur le moment.

" Nous nous intéressons en premier lieu à la sonorité des mots dans l'optique de la chanson. " Toujours selon lui, certaines parties sont basées sur la vérité et d'autres se trouvent simplement là parce qu'elles " sonnent bien " : " C'est un mélange de fiction et de mythe. "

Pour ce qui est de ce qui l'aiderait à composer des chansons aussi profondes, Martin a confié au magazine Q (août 2002) que trois constantes de sa vie y contribuent : 1. Une relation turbulente avec les femmes. 2. La peur qu'il pourrait mourir bientôt. 3. La hantise de perdre ses cheveux. À propos du premier point, il a déclaré qu'il était angoissé à l'idée d'être dans les mains d'une autre personne. " Je sais ce qu'est le sentiment d'attendre qu'une fille t'appelle. C'est effrayant. " À cette même époque, il a confié à Melody Maker (mai 2000) que ses relations avec les filles étaient le plus grand échec de sa vie. Le deuxième élément vient de son grand père qui avait pour coutume de dire qu'il faut profiter de chaque jour comme si c'était le dernier et donc, de relativiser les problèmes du quotidien. Quand au troisième point, il le décrit ainsi à l'époque de l'interview de Q :

" J'ai vingt-cinq ans et je suis réellement inquiet à l'idée de devenir chauve l'année prochaine. Heureusement, quelqu'un de célèbre, qui sait de quoi il parle m'a affirmé que Bono s'était fait transplanter des cheveux. Est-ce que vous réalisez cela ? Bono ? Certaines de ses touffes ont été ajoutées. Autant dire qu'il y a de l'espoir pour moi ! ".

Un aspect plus étonnant de sa personnalité est une fierté de sa création qui pourrait friser la prétention. " Depuis que nous avons commencé, nous sommes persuadés que nous jouons dans la meilleure formation du monde, " a déclaré Chris au magazine Magic au moment de la sortie de A Rush of Blood to the Head. " Pourquoi cacher que nous trouvons notre musique est ce qu'il y a de mieux ? ". Il a tout de même ajouté qu'il ont été surpris de découvrir qu'en réalité autant de gens pouvaient apprécier leur musique. Selon Buckland, une telle attitude de la part de Martin serait advenue à partir de février 2001, après que le groupe ait traversé une mini-crise notamment due aux polypes du chanteur. " Je lui ai suggéré d'arrêter de s'excuser auprès des gens et du public, comme quoi nous ne serions pas suffisamment bons. "

Sur le Live 2003, Martin adopte une vision quasi missionnaire quant à leur approche musicale :

" La culture pop grand public est d'une très piètre qualité. Nous nous battons pour réintroduire une musique sincère, et faire que cela devienne à nouveau le courant majeure. C'est ce que fait U2, et c'est ce que faisaient les Beatles. "

Il affirme donc que Coldplay se positionne en réaction contre la musique sans goût et sans âme et se sent comme investi de la tâche d'assurer la préservation de la musique en tant qu'art.

" Nous avons l'incroyable chance de passer sur les télés et jouer ce qui bon nous semble au milieu de toute une pop de m… Il y aura certes toujours quelqu'un pour trouver que ce nous faisons est nul, mais nous l'aurons accompli sans nous mentir à nous-même ! "

Nelson, Ken


 

Producteur des deux premiers albums de Coldplay.

Nelson est un producteur à l'ancienne, qui aime enregistrer les groupes sur des bandes magnétiques plutôt que sur ordinateur, et en utilisant le minimum d'effets. Il définit sa façon de travailler comme celle d'un guide, d'un " co-producteur ", expliquant qu'il ne dit jamais aux musiciens ce qu'ils doivent faire. Chaque fois que cela est possible, il tente d'enregistrer les artistes " live ", afin de reproduire en studio ce qu'ils jouent sur scène ou en répétition. Nelson cite volontiers comme mentor Glyn Johns, l'un des collaborateurs légendaires de Led Zeppelin, des Who, de Clash mais aussi de Téléphone (dont il a produit Un autre monde) et célèbre pour son économie de moyens.

Chris Martin décrit volontiers Ken Nelson comme un conseiller, " particulièrement doué pour t'empêcher de détruire l'émotion qui se dégage d'une chanson. " Selon lui, Nelson a le don de placer les micros de la façon adéquate et peut se lancer dans des " bidouillages " techniques de génie. Will Champion, pour sa part, explique que Nelson a le don de les réfréner lorsqu'il se mettraient à écrire des choses trop complexes et torturées.

" Il sait comment donner davantage de consistance à nos émotions. "

À l'en croire, un tel regard permettrait de se concentrer sur l'essentiel : l'exécution des morceaux.

Nelson a démarré sa carrière comme musicien à l'âge de 11 ans avant de bifurquer vers le métier d'ingénieur du son 15 années plus tard. C'est sa participation au premier album de Gomez, Bring it on, en 1998 qui l'a mis sur le devant de la scène. La demande est alors devenue importante.

Lorsqu'il entend la voix de Chris Martin sur le disque Blue Room, à la fin 1999, Nelson réalise immédiatement qu'il détient quelque chose de spécial.

" J'ai adoré les chansons. Ce sont probablement les meilleurs auteurs de chansons du moment. " À en croire Martin, la participation de Ken Nelson a longtemps été essentielle au son du groupe et il a été jusqu'à dire : " Il est pour Coldplay ce que George Martin était pour les Beatles. S'il partait, ce ne serait plus la même chose. "

Pourtant, Nelson n'a finalement pas été reconduit pour le 3ème album, les membres de Coldplay ayant progressivement jugé que son approche n'était plus en phase avec les évolutions qu'a connu le groupe.

Paltrow, Gwyneth


Actrice et épouse de Chris Martin.

Née en 1972 d'un père réalisateur et d'une mère actrice de théâtre, Gwyneth Paltrow paraît naturellement taillée pour une carrière dans le cinéma. Fille sensible et raffinée, elle n'est pas d'une extraordinaire beauté, mais dégage un charme et une poésie indéniables, liés à sa blondeur et à sa pâleur, au risque de paraître parfois un peu trop candide. L'image de fille de bonne famille semble lui coller à la peau et tentera elle-même de briser en s'essayant à quelques rôles audacieux.

Paltrow fait ses débuts à l'écran en 1991 dans Shout aux côtés de John Travolta, et dans Peter Pan de Steven Spielberg. En 1995, l'infortuné personnage qu'elle incarne dans Seven en tant qu'épouse de Brad Pitt la rend célèbre. Quatre ans plus tard, la performance qu'elle donne sur Shakespeare in Love est couronnée d'un Oscar de la meilleure actrice. Lors de la cérémonie, elle pleure à chaudes larmes durant son discours de remerciement. Le souvenir de cet épisode demeure si cuisant que pendant des années, elle va cacher son Oscar au fond d'une armoire de sa chambre. Pourtant, par la suite, elle ne va pas retrouver de rôle aussi fort.

L'automne 2002 est une période sombre pour la douce Gwyneth qui voit son père, le producteur Bruce Paltrow, disparaître. Par bonheur, à cette même époque, elle fait la connaissance de Chris Martin, dont elle devient la compagne. Au début de l'année 2003, elle s'installe à Londres pour vivre avec le chanteur. Cette présence dans la capitale anglaise semble déteindre sur son mode de vie. Alors qu'elle est réfractaire au sport, Paltrow se laisse entraîner à des matches de football. Elle qui suit d'ordinaire un régime se laisse parfois aller à de plantureux petits déjeuners. Mieux encore, Gwyneth, qui se vante de ne jamais consoler d'alcool, est surprise à déguster une demi coupe de champagne lors des Brit Awards de février ou une pinte de bière Guinness lors d'un concert du groupe.

Peu avant l'été 2003, Chris et Gwyneth semblent inséparables. Alors que le groupe est en tournée aux Etats-Unis, l'actrice semble avoir déserté les studios hollywoodiens pour demeurer aux côtés de celui qu'elle aime. Organisé dans la discrétion, leur mariage est célébré le 18 décembre 2003, à Santa Barbara en Californie. Ils partent en lune de miel dans une station balnéaire, Cabo San Lucas, Martin souhaitant se livrer à quelques séances de surf. Un jour, alors que le chanteur est monté sur sa planche, Gwyneth le voit soudain disparaître dans un " rouleau ". Lorsqu'il ressort de l'eau, le doigt ensanglanté, l'actrice est finalement rassurée.

Durant l'année 2004, Martin s'accorde une pause, trop heureux d'assister son épouse à prendre soin de son épouse et de sa future fille. Quoiqu'il en soit, selon ce que rapporte Jonny Buckland, " les petits déjeuners macrobiotiques " préparés par Gwyneth auraient le meilleur effet sur la créativité de Chris Martin qui pond chanson sur chanson. Le couple se retrouve à Chicago au printemps 2004, alors que Gwyneth Paltrow est enceinte, avant de repartir pour l'Angleterre.

En avril 2004, alors que le chanteur sort du restaurant San Lorenzo à Londres en compagnie de son épouse, un paparazzi du nom d'Alessandro Copetti s'interpose. Comme Paltrow est enceinte de huit mois, Martin écarte l'intrus sans ménagement - ce dernier l'accuse de " coups et blessures ". " La seule préoccupation de Chris était de s'assurer que Gwyneth puisse monter dans un taxi en toute sécurité, sans être importunée, " déclare alors un porte-parole du groupe,

" Tout homme dont la femme est enceinte de leur premier enfant aurait fait de même. "

Martin a prétendu que le photographe aurait simplement trébuché en voulant courir après le véhicule, mais par la suite, il a finalement accepté la version proposée par la police.

En mai, dans un hôpital londonien, au sortir d'un long accouchement, Gwyneth Paltrow donne naissance à un bébé de 4,13 kg que ses parents baptisent Apple Blythe Alison. Espiègles, les roadies qui accompagnent le groupe calculent que, par la force des choses, la petite Apple a due être conçue dans le bus qui transportait le groupe lors de sa tournée de 2003. Le couple disposait en effet d'une chambre spacieuse à l'arrière du bus, dotée d'un lit double.

À la naissance d'Apple, l'actrice est âgée de 31 ans tandis que Chris a 27 ans. Prenant exemple sur propre mère qui a agi de même, Paltrow déclare qu'elle entend accorder la priorité à sa maternité quitte à freiner le pas sur son activité professionnelle. " Je n'ai pas l'intention d'être l'une des ces mères qui favorisent davantage leur carrière que leurs enfants, " déclare-t-elle alors.

Les deux tourtereaux s'offrent une luxueuse demeure à Belsize Park, un quartier de Londres très couru par le gratin du showbiz, pour environ 6 millions d'euros. La maison appartenait auparavant à Sam Mendes, le réalisateur d'American Beauty et à son épouse, Kate Winslet, devenue mondialement célèbre suite à sa participation au film Titanic.

Pourtant, au début de la nouvelle année, lorsque la pression du 3ème album de Coldplay s'intensifie, les choses semblent se gâter au niveau du couple. Le tabloid (quotidien britannique à scandale) Daily Mirror rapporte que le couple se serait disputé au restaurant Next Door à New York, étalant au grand jour le stress de leurs activités respectives. Ils auraient même passé plusieurs semaines sans se voir, elle à Los Angeles et lui à Londres.

Gwyneth Paltrow a tenu à démentir de telles rumeurs qu'elle a qualifiées de " totalement infondées " expliquant qu'elle a simplement dû se rendre à Los Angeles dans le cadre des Oscars et d'un nouveau tournage tandis que Chris travaillait sur son album et qu'ils étaient " extrêmement heureux ensemble. "

Paparazzi


 

Chris Martin n'est pas d'une patience d'ange vis-à-vis des photographes qui tentent de s'insinuer dans sa vie privée. À plusieurs reprises, de tels professionnels ont payé cher d'avoir voulu capturer quelques clichés de la star.

Tout commence à l'été 2003. Alors qu'il se prélasse sur une place de Nouvelles Galles du Sud en Australie, Chris Martin surprend un paparazzi qui dérange son intimité. Furieux, il brise le pare-brise de l'automobile et en dégonfle les pneus. Accusé de " dégradation volontaire ", Martin déclare alors regretter son geste. La police australienne abandonne finalement les poursuites, un règlement à l'amiable ayant été convenu, suite auquel le chanteur a versé un dédommagement à l'intéressé.

En avril 2004, alors que le chanteur sort du restaurant San Lorenzo à Londres en compagnie de son épouse, Gwyneth Paltrow, un paparazzi du nom d'Alessandro Copetti s'interpose. Comme son épouse est enceinte de huit mois, Martin accepte mal la chose et aurait écarté l'intrus sans ménagement - ce dernier aurait fait l'objet de " coups et blessures ". " La seule préoccupation de Chris était de s'assurer que Gwyneth puisse monter dans un taxi en toute sécurité, sans être importunée, " déclare alors un porte-parole du groupe, " Tout homme dont la femme est enceinte de leur premier enfant aurait fait de même. " Martin a toutefois d'abord prétendu que le photographe aurait simplement trébuché en voulant courir après le véhicule. Puis en octobre 2004, il a finalement accepté la version proposée par la police.

Parachutes


 

Premier album de Coldplay, sorti le 10 juillet 2000.

C'est un premier album qui est presque instantanément devenu un classic. À l'instar des débuts discographiques de Led Zeppelin, de Police ou d'Oasis. Parachutes est un délicieux recueil de chansons aux tonalités diverses : gaies, sombres, inspirées, recueillies. Sans faire de bruit, le groupe s'installe spontanément dans le paysage musical.

Sur Parachutes, le groupe fait preuve d'une étonnante maestria. Du grand art. " Nous avons passé en revue chaque chanson et je les ai amenés à apprendre comment la jouer live, à trouve le tempo, etc. " explique le producteur Ken Nelson. " C'est pour cela que l'album 'sonne' si naturel. Il y a beaucoup de vie dedans, ce que j'appelle du soul (de l'âme) ". Nelson a veillé à enregistrer les musiciens avec un minimum d'effets. Pour ce faire, il a persuadé le guitariste Buckland d'enregistrer avec deux amplis, l'un intégrant ses échos habituels, et l'autre totalement dénué de tels effets. Les deux versions ont été utilisées sur les mixages finaux. L'essentiel des chansons sont " neuves " au moment où ils les enregistrent.

" Nous sommes meilleurs quand les chansons sont fraîches, " confie Chris Martin.

Parachutes est démarré à la fin de l'année 1999 dans à Rockfield au pays de Galles dans le studio Quadrangle sous la supervision de Chris Allison. Pourtant, les choses ne se déroulent comme il le souhaiteraient, le groupe souhaitant obtenir davantage de contrôle sur la réalisation. Ils se mettent donc en quête d'une personne qui puisse travailler avec eux plutôt que simplement les 'produire' et trouvent la personne adéquate en Ken Nelson.

" Je les ai vu en train de jouer live à Liverpool pour Radio 1 et ils m'ont paru très tendus, " a raconté Nelson. " Ils ont effectué leur set à toute vitesse et il était difficile de les écouter. Je me suis alors dit : il faut qu'ils se calment. Une fois dans le studio, c'est essentiellement ce que nous avons fait. "

L'album est réalisé sur une période de six mois entre la mi novembre et le printemps 2000 d'abord à Quadrangle, puis au Parr Studio de Liverpool en compagnie de Nelson, entrecoupées de deux pauses de plusieurs semaines lorsque le groupe part en tournée.

" Don't Panic " ouvre l'album sur une note enjouée. La chanson est sortie sous forme de single le 19 mars 2001. Voir l'entrée correspondante.

" Shiver " est le premier single sorti par Coldplay, quatre mois avant la sortie de Parachutes.

" Spies " est un titre qui évoque Radiohead par la façon dont Martin place sa voix dans les aigus, mais aussi par les contrepoints que tisse le guitariste pour enrober cette envoûtante mélodie, tirant des notes d'une étonnante longueur avant de les compléter par quelques accords délicats. L'orchestration a initialement été enregistrée à Rockfield avec Nelson et a pris trois jours, car Will jouait la batterie dans une pièce, Guy opérait la basse dans une autre tandis que Chris Martin chantait dans une petite remise. " Comme Chris a joué de la guitare pour s'accompagner, sa voix a débordé sur la piste de guitare, mais cela n'est pas important. Nous voulions que cela sonne aussi live que possible, " raconte Nelson.

" Sparks " démarre de façon lente, sur une ambiance qui rappelle le Pink Floyd du début des années 70, celui des morceaux qui traînent paisiblement en longueur. Nous sommes pourtant ici dans le territoire d'une simple chanson dont la splendeur retenue et la quiétude se suffisent à elle-même. On retrouve l'influence du Floyd en d'autres endroits de l'album, ce que Chris Martin a attribué à un fait : " à cette époque, nous ne nous imprégnions pour l'essentiel que d'un seul disque, Dark Side of the Moon. ".

" Yellow " est le plus gros hit du groupe. Sorti en single le 21 juin 2000, soit quinze jours avant l'album, il a fortement aidé à la carrière de Parachutes. Pour découvrir l'histoire de ce gigantesque tube, voir l'entrée " Yellow ".

" Trouble " est le deuxième succès majeur de l'album et sa popularité sous forme de single sorti le 23 octobre 2000 a aidé à transformé l'essai réalisé par " Yellow ". Voir l'entrée " Trouble ".

" Parachutes " est une chanson ultra courte que Martin interprète tout en s'accompagnant à la guitare. Elle est née spontanément alors que le groupe est en train d'enregistrer Shiver.

" High speed " est la seule chanson rescapée du disque Blue Moon édité en 1999. Elle a été produite par Chris Allison. Étrangement, elle apparaît un peu datée en comparaison du " son " plus sophistiqué que le groupe a développé en studio à Liverpool. Elle se distingue par une palette sonore plus variée, qui évoque les groupes de l'époque psychédélique. La chanson parle de la nécessité de maîtriser une existence trop agitée.

Morceau introspectif, " We never change ", est un des plus lents de l'album et se déroule, lancinante sur fond de guitare acoustique, de synthétiseurs et de quelques notes de guitare chatouillées ici et là. C'est à peine si la voix fatiguée de Martin s'agite un petit peu tandis que semble poindre l'aube. Le texte est réfléchi et porteur d'espoir. Nelson affirme que cette chanson - l'une de celles dont il est le plus fier sur l'album - a été enregistrée intégralement live, directement sur la bande. " Je me souviens avoir pensé 'c'est fantastique' ! Nous avons essayé d'autres prises mais je savais que celle-là était la bonne. "

"Everything's not lost" conclut l'album en beauté, sur de longues minutes, évoquant un thème de comédie musicale, un appel à ce que chacun reprenne en choeur le " oh yeah…" situé sur le finale. Optimiste, la chanson veut inciter les auditeurs à ne jamais sombrer dans le désespoir et à pas se laisser dériver par les problèmes qu'ils pourraient rencontrer. Elle va devenir un véritable hymne durant lequel Martin invite régulièrement les fans à contribuer vocalement en fin de morceau. Le groupe l'a d'abord enregistré à Rockfield avant de le refaire à Liverpool. C'est le dernier titre qui ait été mis en boîte et Martin s'en est déclaré particulièrement fier.

Alors que l'on pourrait penser que l'album est terminé, une chanson " cachée " se fait alors entendre. Elle ne porte même pas de titre sur la pochette. Intitulée " Life is for the living ", c'est pourtant une petite perle qui sonne comme une vieille chanson anglaise. Martin s'y accompagne de son orgue à pompe.

Parachutes se classe rapidement en tête des charts britanniques et s'impose partout dans le monde, à la surprise des intéressés. Lentement mais sûrement, il se classe également n°1 aux USA. Sur la France, il se vend à 200 000 exemplaires. " Ce succès nous a d'abord semblé très étrange et puis nous nous y sommes faits. Finalement, il ne nous a apporté que de bonnes choses… " ont commenté Will Champion et Guy Berriman. En mars 2002, l'album est couronné d'un Grammy Award en tant que " Meilleur album de musique alternative de l'année 2001. "

Radiohead


Groupe anglais auquel Coldplay a souvent été comparé.

Apparu en 1991, Radiohead est le groupe qui le plus marqué la fin de la dernière décennie du 20ème siècle, notamment pour OK Computer (1997) généralement considéré comme l'un des dix meilleurs albums de l'histoire du rock. Pour une biographie étendue du groupe, consulter le Musicbook qui leur a été consacré.

C'est à la fin de l'année 1999, après la sortie du Blue Room EP que la presse britannique se plaît à comparer les deux groupes. Il est vrai que Martin et ses compères ont alors pour disque de chevet OK Computer de Radiohead. Le guitariste Buckland reconnaît l'influence de ces aînés :

" j'adore Radiohead et je mentirais si je disais qu'ils ne nous ont pas influencés. Artistiquement, on ne peut que s'incliner devant leur talent. "

En revanche, il affirme haut et fort qu'ils n'ont jamais cherché à s'inscrire dans un tel sillage.

Martin, pour sa part, affirme que The Bends de Radiohead est sans hésitation le disque qui a bouleversé sa vie. Mieux encore, l'exemple de Thom Yorke, issu comme lui de la classe moyenne et ayant tout reçu une bonne éducation, a été déterminant. Avant Radiohead, Martin considérait que le rock ne pouvait être porté que par des individus d'origine sociale modeste. Thom Yorke a permis de briser une telle idée fausse : " Je me suis rendu compte que ni les Clash, ni les Stones n'étaient des prolos. "

" Radiohead m'a donné espoir " a également raconté Martin. " Ils sont le groupe qui m'a donné la permission d'aller de l'avant. En tant qu'élève d'une école publique de Devon, je n'étais pas censé faire partie d'un groupe. Radiohead a prouvé que c'était possible. "

Dès la sortie de Parachutes, il apparaît que Coldplay possède sa propre personnalité, plus optimiste et sereine. Pourtant, la comparaison va persister ne serait ce que par le fait qu'il s'agit de deux groupes britanniques qui tour à tour, sont parvenus à séduire à grande échelle le public international.

" Les deux groupes ont une qualité commune, la perfection ou peut-être l'excellence, " juge le magazine Campus Mag en octobre 2002.

" Les comparaisons avec Radiohead ne me dérangent pas, " juge Guy Berryman. " Nous sommes suffisamment dans le bain pour savoir qu'en tant que nouveau groupe, nous serons comparés à de grandes stars. La façon la plus facile pour un journaliste de décrire un groupe est de le comparer à quelqu'un d'autre. Nous nous attendions donc à des comparaisons avec Radiohead, non pas parce que nous essayerions d'être comme eux, ou de les émuler, mais parce qu'il est évident que nous sommes une formation similaire avec un style de musique similaire. Tout comme eux, nous sommes très mélodiques, avec une étendue vocale dynamique. Chris et Thom Yorke peuvent chanter dans les aigus et dans les graves, avec une grande force, et c'est à cela que les gens nous associent. "

Les analogies entre Coldplay et Radiohead peuvent pourtant surprendre ceux qui adulent les deux groupes. Si la formation menée par Thom Yorke a parfois aligné de belles ballades, son approche se montre bien plus expérimentale et tortueuse que celle de Coldplay. De son côté, Chris Martin semble fort peu préoccupé par le souci de flirter avec l'avant-garde.

S'il existe une similitude à chercher, elle se situe donc davantage au niveau de l'attitude globale du groupe. L'influence de Thom Yorke sur Martin a parfois été telle qu'il en est temporairement venu à calquer son comportement sur lui. À un moment, il avait même décrété une règle comme quoi, quiconque prendrait de la cocaïne, serait renvoyé du groupe.

" Nous ne sommes pas du genre à prendre des drogues, " précise Berryman. "

Il se trouve juste qu'à cette époque, Chris suivait de près tout ce que faisait Thom Yorke. Il avait lu quelque chose que Yorke avait déclaré et l'avait simplement repris ! ". De façon générale, les membres de Coldplay ne négligent aucune louange sur Radiohead. " Ils font ce qu'ils veulent, paraissent totalement affranchis et libérés, ils ne se soucient aucunement de ce que pensent les gens, " ont déclaré Champion et Berryman. Et d'avouer qu'ils aimeraient leur ressembler pour ce qui est de la façon de travailler.

Reconnaissance


 

Peu après l'explosion de Coldplay en 2000, le groupe a eu droit à une reconnaissance de ses pairs particulièrement appréciable.

En août 2001, alors que le groupe doit se produire au Slane Castle de Dublin en première partie de U2, Martin a l'un des frissons de son existence lorsque Bono, au milieu d'un morceau, enchaîne subrepticement sur " Yellow ".

" J'ai pensé que j'avais une chance inouïe. Même si je dédaigne la gloire, je me suis dit : profite de ce moment ! "

L'occasion est d'autant plus belle que ce jour là, Martin a convié Natalie Imbruglia à venir voir Coldplay, dans l'espoir d'entamer une éventuelle relation. Le coup de pouce indirect de Bono aurait produit son effet sur la chanteuse australienne.

À la suite d'un autre concert, les Coldplay découvrent Liam Gallagher d'Oasis qui les attend dans leur loge. En les voyant arriver, il se lève d'un bond et les félicite chaudement. Martin a par ailleurs raconté qu'il était tombé nez à nez avec PJ Harvey près des toilettes d'un avion et qu'elle lui avait confié apprécier ses chansons, ce qui aurait laissé le compositeur bouche bée.

Safety EP


 

Le premier disque jamais édité de Coldplay, en mai 1998.

Autoproduit, le Safety EP (ou mini-album Safety) comporte trois titres enregistrés sur un simple magnétophone 8 pistes. La séance n'a coûté que 200 livres britanniques - un peu moins de 400 euros.

Efficace, la chanson " Bigger stronger " démarre par une guitare rock offensive sur un tempo lent. Martin chante d'une manière intense et émotionnelle, que l'on ne retrouvera pas dans Parachutes. Il dira plus tard de cette chanson : " elle est vraiment empruntée à Radiohead, ne serait-ce que dans le titre. Si elle avait été nommée différemment, nous aurions pu échapper durant une bonne année et demi aux comparaisons avec Radiohead ! "

" No more keeping my feet to the ground " est une ballade acoustique guillerette dans laquelle transparaît l'influence de Echo & the Bunnymen mais aussi de Lou Reed.

Plus nerveux, " Such a rush " rappelle Pink Floyd. Sur le couplet, Martin répète inlassablement ces trois mots d'une voix plaintive, avant de manifester sa rage.

Safety EP devait servir à l'origine à mieux présenter le groupe auprès des majors du disque. Mais en mai, le disque a été tiré à 500 exemplaires, vendus à la fin des concerts. Par la force des choses, cet EP est devenu par la suite le collector par excellence, avidement recherché par les fans.

Scène


 

À l'instar d'un grand nombre de groupes entrés dans la légende tels Led Zeppelin, les Rolling Stones ou U2, Coldplay est un groupe qui acquiert sa véritable dimension lors des passages sur scène. La chose est d'autant plus étonnante que la simple écoute des albums ne laisse aucunement transparaître que l'expérience puisse être aussi forte.

Chris Martin, que l'on pourrait juger timide dans la vie courante, dévoile une facette inattendue, dès lors qu'il se retrouve sur les planches. On peut le voir sauter de manière frénétique, haranguer la foule, se donner sans compter sur chaque morceau, secouer son buste avec panache devant son clavier tandis que la sueur dégouline sur son front. Il manifeste une présence hors pair, lançant quelques blagues ou anecdotes entre deux chansons romantiques et se comportant avec l'audience comme s'il se trouvait en compagnie de vieux potes. Les qualificatifs les plus élogieux ont été décernés quant à une telle performance : irrésistible, frénétique, passionnée… Autour du petit elfe, le groupe assure un soutien d'une efficacité sans faille. De façon surprenante, Martin assure que leur modèle en la matière est l'énergie que pouvait dégager une formation telle que Nirvana.

Coldplay manifeste un plaisir non feint pour ce jeu en live. " Quand vous êtes sur scène, une communion se crée avec le public, " déclare Jonny Buckland (Guitarist Magazine). Les moments de retrouvailles avec la foule sont vécus de façon si intense qu'ils font l'objet d'un véritable rituel avant l'entrée en scène. Ils font des pompes, jouent au baby foot, Guy Berryman tape et retape dans un ballon. " On s'échauffe, on fait des exercices, comme Rocky avant de monter sur le ring, " ironise Martin. Il explique que les groupes de rock d'aujourd'hui ont l'avantage d'avoir quarante ans d'histoire derrière eux.

Depuis la sortie du premier album, le groupe a donné un nombre impressionnant de concerts. " Nous sommes jeunes, nous aurons largement le temps du recul ou du repos lorsque nous aurons l'âge des Rolling Stones, de Pink Floyd ou d'Elton John, " a lâché Jonny Buckland dans Guitarist en septembre 2002.

Scientist (The)


 

Deuxième single extrait de l'album A cold rush of blood to the head, sorti le 11 novembre 2002.

Très belle mélodie qui démarre avec une longue introduction au piano, " The Scientist " a été achevée en l'espace d'un week-end, alors que le groupe venait d'investir le studio de Liverpool. Sur la chanson, la voix du chanteur est rejointe par de calmes violons et les instruments usuels du groupe. Le morceau conserve d'un bout à l'autre une sereine tranquillité, à l'instar d'un morceau lent de John Lennon.

Selon Martin, c'est l'écoute de la chanson " Isn't it a Pity " de George Harrison qui a été la source d'inspiration. " Harrison est mort trop vite, avant d'être reconnu à sa juste valeur, " a commenté Martin.

Le texte qui parle d'une relation amoureuse qui ne s'est pas déroulé comme prévu est profond, quasi philosophique : Question of science, science and progress, Do not speak as loud as my heart (Les questions de la science et du progrès ne parlent pas aussi fort que mon cœur).

" Les grandes questions nous interpellent, " reconnaît Chris Martin qui prend toutefois une distance vis-à-vis de toute tentative d'interprétation de tels mots : " au début, ce n'était pas même pas des phrases, davantage un marmonnement. Ce n'est que par la suite que j'ai décidé de ce qu'ils disaient… "

Sur le magazine du fan club, il explique que la chanson parle tout simplement des filles.

" C'est étrange que, quelle que soit la chose qui te passe à l'esprit, que ce soit la chute de l'économie ou les problèmes de l'environnement, la chose qui te touche le plus est lorsque tu t'es entiché de quelqu'un ! "

Réalisé par Jamie Thraves, le vidéoclip tiré de la chanson a fait l'objet de plusieurs distinctions pour son originalité : Chris Martin y marche à l'envers d'un bout à l'autre et a réellement dû apprendre à interpréter la chanson sous cette forme pour les besoins du tournage. Il est organisé autour d'un scénario glauque que Martin a d'abord rejeté. On y découvre progressivement que la petite amie du chanteur (interprétée par Elaine Cassidy) est passée à travers le pare-brise d'une automobile. Selon Thraves, le tournage qui a pris 1 mois et demi entre le concept initial et le montage a été d'une incroyable difficulté car il a dû concevoir l'intégralité du film en pensant à l'envers.

Le single comporte deux autres titres : " 1.36 ", un rock construit autour d'un riff à la Led Zeppelin, et " I ran away " l'une de ces chansons pop d'attrait immédiat que Martin semble avoir le don d'écrire.

Un sondage effectué sur le site Web coldplay-France.com a fait ressortir que " The Scientist " était, de très loin, le single issu du second album que préféraient les fans du groupe. Il est à noter que la chanson a fait l'objet d'une reprise en français par la canadienne Diane Tell sous le nom " Reprenons du départ. "

Shiver


 

Premier single de l'album Parachutes, paru le 6 mars 2000.

L'introduction de " Shiver ", d'une franche complexité rythmique laisse entrevoir que ce groupe est ambitieux et qu'il ne dédaigne d'attaquer des chansons à la construction élaborée. D'un bout à l'autre du morceau, le guitariste fait preuve d'invention dans ses interventions qui se révèlent variées et bien adaptées aux diverses parties d'un morceau qui alterne les moments de furie et d'accalmie. La chanson traite d'une relation sentimentale qui patine : " c'est cette chose commune pour un mâle, de ne pas pouvoir amener quelqu'un à réaliser que vous avez tout fait pour elle. Elle ne s'entiche pas de vous… "

Shiver a été le premier morceau de Parachutes édité en single, plusieurs mois avant la sortie de l'album. Selon le producteur Ken Nelson, Martin a interprété la chanson d'un bout à l'autre en une prise.

Sur le single lui-même, l'un des faits marquants est les deux chansons qui l'accompagnent sont d'un niveau comparable à celles que l'on trouvera quelques mois plus tard sur Parachutes : le romantique " For you " et surtout la belle ballade qu'est " Careful where you stand. " Ce groupe qui démarre alors sa carrière dévoile déjà une belle capacité à produire des morceaux de haut niveau.

Téléchargement


 

Proposée au tarif de 1,50 euros sur le site coldplay.com au début de l'année 2004, la chanson " 2 000 miles " de Coldplay est une reprise acoustique de la chanson de Pretenders. La vente sert à financer deux campagnes chères au groupe, l'une destinée à la restriction des armes à feu et l'autre à la sauvegarde des forêts.

En juin 2004, le BPI (British Phonographic Industry - Industrie phonographique britannique) a publié un bulletin relatif aux ventes de chansons sur les sites de téléchargement légaux en Angleterre. Il s'est avéré que sur les 500 000 chansons achetées en ligne sur des sites tels que iTunes, la chanson la plus téléchargée a été " 2 000 miles " de Coldplay. Cette chanson a également été voté " téléchargement favori " des internautes lors des Digital Music Awards.

Trouble


 

Troisième single issu de l'album Parachutes, sorti le 23 octobre 2000.

Deuxième grand hit de l'album Parachutes, " Trouble " s'inscrit dans une veine similaire à " Yellow ", celle d'une chanson généreuse, à même de séduire à grande échelle. Elle démarre par un arpège de piano qui va rapidement devenir distinctif et se poursuit, tranquille, avec une succession de climats doux, notamment lorsque la guitare cristalline de Buckland vient enrichir l'atmosphère.

Le texte semble évoquer une toile d'araignée dans lequel un individu se serait emmêlé, l'amenant à mal se comporter vis-à-vis de sa compagne, d'où le refrain : I never meant to cause you trouble (je n'avais pas l'intention de te causer des soucis). En réalité, il semble que Martin l'ait écrite à un moment où le groupe a failli se séparer (voir " Droits d'auteur ") :

" La chanson parle du fait de mal se comporter envers quelqu'un que vous adorez, et c'est clairement ce que je faisais vis-à-vis de certains membres du groupe. Elle parle d'une époque où je me comportais comme un enfoiré. "

Le single comporte deux autres titres déjà sortis par ailleurs : " Brothers & sisters " et une version " unplugged " de " Shiver " - voir ces entrées.

Williams, Simon


 

Journaliste et producteur. L'homme qui a découvert Coldplay.

Simon Williams a été journaliste pour le magazine musicale NME (New Musical Express) durant onze années avant de fonder le label indépendant Fierce Panda.

En 1998, Williams, qui désire le NME est à la recherche d'un accord de distribution mondial pour son nouveau label. Pour ce faire, il demande à un conseiller juridique, Gavin Maude, de le représenter auprès des majors du disque. Il s'avère que Maude est l'avocat d'un nouveau groupe appelé Coldplay.

Sur l'invitation de Maude, Simon Williams assiste à un concert du groupe au Camden Falcon, en décembre 1998. Il remarque aussitôt que ce groupe fait preuve d'une rare cohésion, sans parler de la qualité de ses mélodies et ambiances musicales. " Au bout de deux chansons, j'étais convaincu ! " Williams les fait écouter à Steve Lamacq de Radio One qui s'enthousiasme pour Coldplay et les programme sur son émission.

De son côté, Williams cite Coldplay parmi les nouveaux groupes de l'année 1998 dans le NME puis les signe sur son propre label, Fierce Panda. Le disque de 3 titres qui sort en avril 1999, Brothers and sisters est produit à 5 000 exemplaires. Cependant, le même mois, Coldplay signe un contrat chez EMI et il n'apparaît pas que Brothers and sisters y ait contribué.

Comme d'autres, Williams a été surpris par l'ampleur du succès immédiat de Coldplay mais déclare qu'il avait pleinement perçu leur potentiel : " Dès le premier jour, il était patent qu'ils se situaient très au-dessus de la moyenne. "

Depuis 1999, Williams s'occupe à plein temps de son label musical. Parmi les groupes qu'il a accueilli sur Fierce Panda figurent Placebo, Embrace, Supergrass, Ash, Polyphonic Spree.

X Y


 

Troisième album de Coldplay, sorti le 6 juin 2005.

La maturation de X&Y a pris forme au printemps 2004 à Chicago. L'une des raisons pour laquelle le groupe a temporairement décidé d'œuvrer dans cette ville des Etats-Unis vient de ce que Chris Martin, alors sur le point de devenir père, pouvait ainsi demeurer proche de son épouse Gwyneth Paltrow.

Est-ce la perspective d'être papa ? Toujours est il que Chris Martin a fait preuve d'une inspiration extraordinaire, écrivant quotidiennement. En mars 2004, Jonny Buckland a indiqué à Guitarist Magazine que le groupe avait déjà 54 chansons " en boîte ", avec des textes et mélodies bien aboutis. *

Interrogé sur l'album Martin a déclaré qu'il voulait " réinventer " le rock et que Coldplay pourrait fort bien changer de style : " les titres accompagnés au piano vont finir par ennuyer mes fans. " Il a même laissé entendre que le disque pourrait surprendre les afficionados du groupe, car il serait influencé par deux artistes qu'il écoute alors énormément : le groupe Kraftwerk et le chanteur hip-hop Jay Z. " Chaque blanc qui grandit comme moi dans le Devon rêve de faire du rap, " a-t-il alors déclaré sans que l'on puisse percevoir s'il plaisantait ou non.

Peu après la naissance de sa fille Apple en mai, Martin a composé une sorte de rap humoristique intitulé " The Nappies " (les couches) que le groupe interprète dans une vidéo qui a été disponible durant quelques semaines sur le site officiel de Coldplay. En septembre, le chanteur a modéré les déclarations qu'il avait pu donner quant aux évolutions de Coldplay. " Nous essayons d'être un peu différents, mais ne prétendons pas tout réinventer. Ce sera toujours du Coldplay ! " Cependant, à mesure que la fin de l'album semble se dessiner, le stress a augmenté au sein du groupe : " C'est important. Nous ne voulons pas tout gâcher. " L'année 2004 s'est ainsi achevée sans que n'apparaisse le troisième disque tant attendu…

Vers janvier, il est apparu que le groupe s'est remis au travail sur le mode " à la dure " qui lui avait si bien réussi par le passé (pour plus de détails, voir l'entrée " Histoire " ou celles consacrées à la genèse des deux premiers albums), laissant présager d'un disque surpassant encore les précédents.

Au tout début de l'année 2005, Martin a vécu un événement déterminant. Dans le cadre de ses activités en faveur du commerce équitable, le chanteur s'est rendu au Ghana. À l'approche de l'aéroport de Tamale, l'avion qui le transportait a affronté une violente transport de sable et, alors qu'il volait encore à 200 mètres d'altitude, a semblé partir dans toutes les directions. En un véritable tour de force, le pilote est parvenu à poser l'avion in extremis. Conscient d'avoir frôlé la mort, Martin est ressorti terrorisé de l'expérience. En un sens, le fait d'avoir survécu a décuplé sa volonté de se surpasser. Il a alors déclaré : " Nous avons bel et bien manqué de nous écraser. En conséquence, je me suis promis qu'une fois de retour, je ferais le meilleur album de tous les temps. "

Le 12 janvier 2005, le magazine NME (New Musical Express) révèle qu'ils ont été les premiers au monde à entendre six des chansons du nouvel album. Le disque qui ne porte pas encore de titre, est alors attendu pour le printemps. Chris Martin révèle que les séances réalisées avec le producteur de leurs deux premiers albums, Ken Nelson, ont laissé les membres du groupe sur leur faim. À partir de l'été, Coldplay s'est attelé à retravailler certains morceaux avant de repartir à la tâche sous la supervision de Danton Supple, qui a mixé le précédent disque (et a aussi produits les albums de Morissey et du groupe Elbow).

" Cela nous a pris pas mal de temps pour réaliser que le groupe devait reprendre les répétitions et jouer ensemble plutôt que de nous reposer sur l'assistance de la technologie " explique Martin.

Parmi les titres présentés à NME figurent les suivants : " Square One ", " Till kingdom come ", " X&Y ", " What if ", " The hardest part " et " Talk " dont le riff est emprunté au titre " Computer Love " de Kraftwerk. Selon le chroniqueur, les influences marquantes incluraient celles de David Bowie, Brian Eno et Bob Dylan et aussi la musique électronique des années 70. Chris Martin ajoute :

" Nous avons quelques chansons sacrément bonnes. De cela nous en sommes sûrs. Je ne pense que pas que nous pourrons faire mieux. Je dis toujours cela, mais cette fois, j'en ai vraiment l'impression. "

En février 2005, l'importance prise par le groupe devient mieux perceptible lorsque EMI, dans une annonce officielle, laisse entendre que la baisse des ventes de 8 à 9% sur son exercice 2004-2005 est due en partie au report de la sortie des nouveaux albums des groupes Gorillaz et Coldplay. En parallèle, dans la newsletter officielle du groupe, l'éditeur raconte qu'il a pu écouter cinq morceaux et que, quand bien même ils accueillent de nouveaux sons, l'atmosphère est familière et qu'il n'y a " aucun rap ".

Vraisemblablement interviewé au cours du mois précédent, Will Champion explique que la sortie de l'album est retardée jusqu'à juin 2005. " Nous venons de revenir de la pause de Noël et avons écouté l'album. Nous pensons qu'il reste beaucoup à faire, des remix et choses de ce genre, mais tout se passe bien. " La perspective de repartir en tournée avec des chansons bien rôdées explique en partie ce nouveau report. À cet égard, Champion lâche : " je suis totalement pétrifié ! Nous n'avons pas donné un seul concert depuis 16 mois. "

Plus que jamais, le groupe veut s'assurer que l'album sera le meilleur possible et à en croire Champion, le fait d'avoir pris leur temps durant l'année précédente n'aurait pas été bénéfique. Le groupe donnerait le meilleur de lui-même lorsqu'il travaille dans l'urgence avec la perspective d'une échéance à respecter.

Selon Champion, le nouvel album démarre là où " Clocks " se terminait, mais inclut des chansons qui marquent une certaine progression. À cette époque, le groupe a achevé une quinzaine de titres mais n'en sortira qu'une dizaine, afin que l'ensemble soit parfait. Il se confirme au passage que la chanson " Moses " particulièrement appréciée sur le DVD Live 2003, ne figurera pas dans l'album. Toujours selon Champion, " What if " est une chanson qui devrait fortement se distinguer sur le disque. Il indique aussi que la première chanson doit apparaître comme une " déclaration d'intention. Nous ne voulons pas diluer quoi que ce soit de cet album que nous espérons brillant. "

Dès le début mars, le titre de l'album est dévoilé, X&Y, et aussi celui du premier single, " Speed of Sound " . Dans la foulée, les détails de la tournée mondiale sont diffusés. Elle démarre à Hambourg, passe par Londres, Paris, Vérone, avec des espaces pouvant accueillir jusqu'à 30 000 personnes. Un nouvel épisode de l'histoire du groupe s'ouvre, et il s'annonce flamboyant…

Yellow


 

Deuxième single issu de l'album Parachutes, sorti le 26 juin 2000.

Le hit monumental de l'album Parachutes est là, même s'il y aura d'autres prétendants à la couronne. Le refrain magnanime soutenu par les voix des autres musiciens s'installe comme une évidence. D'un bout à l'autre, l'atmosphère est chaleureuse et la mélodie s'impose comme si elle allait de soi. Pourtant, " Yellow " s'achève au milieu d'un couplet dans un soudain ralentissement, comme une fin de chapitre amorçant une suite.

" Yellow " exprime l'amour envers une femme très spéciale qui est convaincue que les étoiles ne brillent que pour elle. Selon Martin, cet hymne au jaune décrirait l'humeur du groupe, faite de brillance, d'espoir et de dévouement : " Elle est concise, il n'est pas nécessaire de s'étendre sur la question. Elle touche une corde quelque part ".

Pour ce qui est de la genèse de la chanson, Martin, a raconté qu'elle aurait pris naissance de façon badine " comme une blague ". " Yellow " a vu le jour à Rockfield durant l'enregistrement de " Shiver "…

Le studio borde une cour de 50 mètres carrés. Une nuit, alors que le groupe est sorti et que le ciel paraît d'une magnifique clarté, Guy Berryman s'écrie " Look at the stars / Regardez les étoiles ! "

Martin a alors l'idée d'une mélodie… " J'ai essayé de chanter comme Neil Young car la chanson avait le mot Stars (étoile) et qu'il me semblait qu'un tel mot devait être chanté avec une voix à la Neil Young. C'est drôle comment de telles choses arrivent… " Le choix de la couleur jaune aurait été accidentel. " C'est un exemple parfait d'un mot qui sonnait bien. Je ne sais pas ce que cela signifie, il se trouve juste que ça fonctionne. Je ne pensais pas tant à la couleur qu'à quelque chose qui brille comme de l'or. "

Dès l'introduction à la guitare sèche, le riff électrique soutenu par une batterie efficace et les premiers mots déclamés par Chris Martin, il apparaît que " Yellow " a l'étoffe d'une chanson hors du commun. Selon le producteur Ken Nelson, le problème durant l'enregistrement a été d'obtenir le tempo correct et la solution trouvée pour obtenir le groove a été d'enregistrer live.

Le vidéoclip de " Yellow " a été réalisé par James & Alex, et montre Martin marchant sur la plage de Studland Bay, au sud de l'Angleterre. Le jour du tournage, le temps était à l'orage et donc les images ont été retraitées afin de privilégier une teinte progressivement plus ensoleillée.

Les deux autres chansons du single sont la ballade acoustique " Help is round the corner " et aussi l'excellent " No more keeping my feet on the ground ", déjà présente sur le Safety EP.

Le triomphe de la chanson en tant que single va faire énormément pour l'album et la popularité du groupe : il s'en vend deux millions d'exemplaires sur le seul territoire américain. La chanson a été récompensée en 2001 par le magazine NME comme meilleur single de l'année écoulée et par la société des auteurs américains (ASCAP) en 2002.

La plupart des visuels de cette page proviennent du site Deviantart. L'identité des créateurs apparaît lorsque l'on place la souris sur un visuel.

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