La biographie de Bill Gates

A la sortie de la version chez Pocket en 1995, le livre s'est positionné dans le Top 10 des ventes.

Il m'a occasionné plusieurs passages radio et télé dont le JT de France 2

J'ai plusieurs fois rencontré et interviewé Bill Gates et aussi ceux qui l'ont côtoyé. Ces témoignages forment la substance de cette biographie.

Intégralement mise à jour, la présente édition 2020 couvre non seulement son ascension inouie vers les sommets mais aussi les tribulations de Gates durant les années 2000 et 2010 et son statut controversé de philanthrope.

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Au fond, si Bill a un défaut, c'est une obsession à vouloir être constamment le meilleur en tout. Il semble détester se retrouver en position d'infériorité, ne serait-ce que pendant quelques secondes.

Lors d'un dîner informel à Paris, je m'étais permis de lui dire, d'un ton de plaisanterie :

"Quoi ! Tu ne parles pas le français ? Mais moi, à trois ans, je savais déjà parler français !"

Gates m'a alors répondu de façon sèche :

"Oui, mais à vingt ans, tu n'avais pas créé ta propre société !"

Il n'y avait aucune trace d'humour dans sa réponse. Il n'appréciait tout simplement pas d'être déstabilisé. Mais personne n'est parfait et l'adage vaut pour le surdoué du logiciel.

William Henry III Gates - c'est-à-dire Bill Gates - appartient à cette espèce particulière.

Adolescent, il apparaît comme un garçon étrange, méditatif, et fortement autodéterminé. Il brille par ses performances scolaires et se montre d'une redoutable acuité dès lors qu'un problème est soumis à son intellect.

Bill est le plus souvent à la 1ère place dans les classements généraux. Son professeur de sciences, William S. Dougall s'amuse de l'impatience de l'angelot : lorsqu'un professeur ne va pas assez rapidement à son goût, il adopte une moue résignée et semble perpétuellement au bord de s'écrier :

Mais, c'est évident !

Anne Stephens, son professeur d'anglais se montre surprise par sa remarquable mémoire : s'il participe à une pièce de théâtre, Gates est capable de mémoriser un monologue de trois pages après une seule lecture.

Assoiffé de connaissances, il lit en intégralité l'Encyclopédie du Monde (World Book Encyclopedia) et dévore les biographies d'hommes célèbres ou de grands inventeurs. Il apprécie les romans de science-fiction d'Edgar Rice Burroughs et Isaac Asimov, les bandes dessinées sur Tarzan et les histoires de martiens.

La densité intellectuelle de Bill ne favorise pas toujours les relations avec les autres écoliers parfois intimidés par son incompréhensible verbiage. Heureusement, il compense cette inclination par un réel plaisir à participer à des sports tels que le tennis ou le ski nautique.

Gates a fortement apprécié d'avoir réussi à violer le système de sécurité de l'ordinateur. Il apprend alors que le PDP-10 de l'Université de Washington est relié à un réseau national d'ordinateurs géré par Control Data Corporation (CDC) : le Cybernet.

Bill se lance un nouveau défi : entrer clandestinement dans un tel réseau. Il faut pour cela étudier en détail le logiciel utilisé par Control Data.

Prétextant la préparation d'un examen, Bill se rend à l'Université de Washington. Les ingénieurs accueillent avec bienveillance cet adolescent de treize ans - il paraît beaucoup plus jeune que son âge - qui pose des questions anodines en apparence.

Gates parvient à obtenir des renseignements précis sur la façon dont est constitué le réseau et peut même se livrer à des essais sur un terminal. Il met au point un stratagème pour tromper les procédures de sécurité de Control Data.

L'opération réussit : le jeune programmeur s'introduit dans Cybernet et parvient à placer dans l'ordinateur principal un programme de sa confection qui est diffusé sur tous les autres CDC du réseau. Quelques minutes plus tard, un "plantage" généralisé de toutes les machines se produit.

Gates raconte la péripétie à ses copains, et leur explique en riant comment il a réussi à faire s'écrouler tous ces ordinateurs.

Hélas pour le flibustier, le réseau Cybernet est suffisamment bien conçu pour qu'il soit possible de remonter à la source d'un tel méfait. Lorsque le responsable de la catastrophe est repéré, il est soumis aux réprimandes les plus acerbes. Cette fois, Bill fait amende honorable et promet de ne plus toucher aux ordinateurs. Il en vient même à manifester une certaine indifférence vis-à-vis du sujet et passe l'essentiel de l'année 1970 sans approcher un terminal. Il n'a pas encore décidé s'il ferait carrière dans l'informatique.

Un matin de décembre, alors que la température est glaciale à Boston, Paul Allen découvre avec stupéfaction la couverture de Popular Electronics. Il achète l'édition et défile les pages jusqu'à l'article "Construisez l'ordinateur Altair".

L'article traite d'un ordinateur à monter soi-même qui rivaliserait avec les modèles professionnels.

Le choc est grand. Allen court retrouver Bill sur Harvard Square pour lui annoncer l'incroyable nouvelle. Ce qu'ils avaient tant attendu est arrivé : un micro-ordinateur est disponible !

Lorsqu'il retrouve enfin son ami, Paul agite frénétiquement la couverture de Popular Electronics sous les yeux ébahis de Bill.

"Le train est en marche" explique Allen. "Si nous ne l'attrapons pas, il se peut qu'il ne repasse jamais."

Pour Bill alors âgé de dix-neuf ans, l'apparition de l'Altair agit comme un déclic. Il n'est pas question que la révolution survienne sans qu'ils soient en première ligne. Instantanément, il réalise qu'il entend dédier sa vie à la micro-informatique. Pour l'heure, Gates et Allen décident qu'ils vont développer le premier BASIC de l'ordinateur en kit.

A Albuquerque, Ed Roberts observe médusé les centaines d'enveloppes qui arrivent quotidiennement avec un chèque de commande. En l'espace de quelques semaines, la situation précaire de MITS se redresse miraculeusement : son compte en banque redevient positif et atteint 250.000 dollars. Roberts envisage l'avenir d'un oeil serein, et passé l'effet de surprise, se met en quête d'un langage de programmation pour l'Altair. Seuls quelques rares passionnés peuvent s'escrimer avec les commutateurs de la machine pour tenter de la programmer.

La présence d'un BASIC (langage de programmation) serait idéale. Les développeurs seraient rapidement en mesure de proposer des logiciels pour l'Altair : jeux, gestion, etc. Les représentants d'Intel ont affirmé à Ed que la puce 8080 n'était pas assez puissante pour exécuter un langage tel que BASIC. Mais le président de MITS est à l'écoute de toute possibilité.

Peu avant le nouvel an, Roberts reçoit un appel de deux individus qui se présentent comme les représentants de la compagnie Traf-O-Data, de Seattle. Bill Gates, de peur de passer pour un amateur, feint de disposer d'un produit prêt :

"Nous avons un BASIC pour le 8080. Est ce que cela vous intéresse ?"

Ed Roberts qui a déjà reçu plusieurs appels du même genre, est quelque peu méfiant. Il répond d'une voie bourrue :

"Je suis évidemment intéressé. Quand pouvez-vous venir m'en faire la démonstration ?"

Pour toute réponse, Gates indique qu'ils le recontacteront très bientôt. Roberts n'accorde pas de crédit particulier à cet appel qu'il juge saugrenu. Pourtant, dès le 2 janvier 1975, il reçoit une lettre sur papier à en-tête de Traf-O-Data. La société de Seattle prétend à nouveau être en mesure de vendre un BASIC :

"Nous disposons d'un BASIC qui fonctionne sur les ordinateurs 8080. Nous serions intéressés à vendre des copies de ce logiciel aux hobbyistes par votre intermédiaire. Elles seraient fournies sous la forme de cassettes ou de disquettes pour les micro-ordinateurs Altair. Nous projetons de demander 0,5 dollar par copie, ce qui vous permettrait de les vendre entre 0,75 et 1 dollar. Si cette offre vous intéresse, veuillez nous contacter."

La curiosité d'Ed Roberts est piquée. Il décroche son téléphone et compose le numéro indiqué sur le papier à en-tête de Traf-O-Data. L'appel atterrit dans une pension de Seattle. Il ne trouve personne à l'autre bout du fil qui puisse lui parler d'un quelconque produit BASIC.

L'offre des deux hurluberlus serait-elle un simple canular ?

En septembre 1977, Myriam Lubow âgée de quarante-deux ans tombe sur une annonce qui retient son attention :

"la société Microsoft recherche une secrétaire".

Après vingt années consacrées à élever ses quatre enfants, Madame Lubow s'est mise en quête d'un travail. Lors de l'entretien à la Two Park-Central Tower, la quadragénaire est reçue par un étrange individu qui s'est présenté au téléphone comme le directeur général. Steve Wood ne ressemble pas à l'image traditionnellement associée à ce poste, il arbore une moustache et porte les cheveux longs. Durant la quasi-totalité de l'entrevue, ses pieds reposent mollement sur le bureau.

Le profil de la secrétaire recherchée consiste en une personne sur qui l'on puisse s'appuyer pour faire "un peu de tout". La décontraction du directeur contraste avec le salaire proposé qui pour sa part, est attrayant.

Myriam manifeste son intérêt et rencontre alors la secrétaire précédente de Bill Gates. Après deux mois de service, la fille aux longs cheveux blonds semble ravie de quitter cet enfer, et ne fait rien pour rassurer la postulante.

"Cela m'étonnerait que vous vous plaisiez ici. Le travail est insupportable."

Le soir, Myriam Lubow tente d'expliquer à son époux le caractère incongru de l'entrevue. Le point le plus étrange concerne l'activité de cette société singulière : ils font du "logiciel".

Si Myriam espérait trouver un indice auprès de son compagnon, elle doit déchanter : il n'a jamais entendu parler d'une telle activité. Madame Lubow pense néanmoins que l'affaire va en rester là : une société composée d'individus jeunes est peu à même d'embaucher une quadragénaire.

A son grand étonnement, le vendredi suivant, Myriam reçoit un appel de Steve Wood l'invitant à prendre ses fonctions. Sur place, elle rencontre Paul Allen qui la présente aux programmeurs maison : Marc Mc Donald, Bob Greenberg, Andrea Lewis. Tous se distinguent par l'anticonformisme vestimentaire et capillaire en vogue au cours des années soixante-dix. Allen explique que le président, Monsieur Gates est en déplacement pour affaires. Au cours des jours qui suivent, Myriam va de surprise en surprise, tentant d'intégrer le mode de vie de Microsoft dans sa logique. Les portes des bureaux ouvertes en permanence laissent apparaître d'étranges machines métalliques munies de clignotants. Tout au long de la journée, les programmeurs tapent sur des claviers, s'arrêtant parfois pour consulter de longs documents en accordéon percés de trous latéraux et disséminés à même le sol.

Chaque midi, la nouvelle recrue se rend à l'école locale, et va jusqu'au centre de calcul afin d'y prendre des "listings". Il s'écoule un certain temps avant qu'une étincelle jaillisse dans son esprit : ce que frappent les programmeurs aboutit à ces listes imprimées sur l'ordinateur de l'école !... Ce soir-là, Myriam explique à son mari que le logiciel correspond à du papier d'ordinateur recouvert de suites sibyllines de lettres et chiffres. Monsieur Lubow ne tente aucunement de la contredire.

Un matin, alors que Myriam est assise derrière sa machine à écrire, un jeune garçon pénètre dans les locaux. Il lance un sourire, la salue puis entre dans le bureau du président. Elle le voit commencer à taper sur un clavier d'ordinateur ! Steve Wood a donné des consignes strictes : aucune personne non autorisée ne doit pénétrer dans une pièce où se trouvent des machines. Myriam se précipite dans le bureau de Wood pour le prévenir qu'un gosse s'est introduit dans le bureau du président. Elle est accueillie de façon nonchalante :

- Ah...! Ce n'est pas un gosse. C'est notre président.

- Quoi, c'est lui Bill Gates?

- Oui...

Un matin de juillet, Bill Gates reçoit un appel qui ne manque pas de le surprendre. Au bout du fil, Jack Sams d'IBM explique qu'il désire lui rendre visite prochainement afin de parler d'un développement potentiel. Gates, impressionné, se précipite dans le bureau de Steve Ballmer pour lui faire part de la nouvelle. Qui sait ? IBM est peut-être intéressée par leur BASIC !

Quelques jours plus tard, Jack Sams et deux autres membres du comité Chess débarquent au siège de Bellevue. Gates, Allen et Ballmer se sont mis sur leur 31 en prévision de la réunion : le costume et la cravate sont de rigueur.

Les visiteurs de Floride ne manquent pas d'être surpris par la jeunesse du président qui les reçoit. S'il est âgé de 24 ans, il ne semble pas avoir atteint sa maturité.

Avant toutes choses, Gates, Allen et Ballmer se voient demander de signer un document légal selon lequel ils s'engagent à respecter le caractère confidentiel de tout ce qu'ils pourront voir au cours de la réunion. Le texte stipule par ailleurs que Microsoft ne pourra jamais tenter un recours en justice contre IBM dans le futur. Les jeunes gens signent sans hésiter, pressés d'en savoir plus.

Au cours de la réunion, les hommes en bleu posent toutes sortes de questions sur les ordinateurs personnels et les langages développés par Microsoft. Ils se montrent étonnement discrets relativement à leurs intentions : officiellement, ils effectuent une étude de marché.

"Ne vous montez pas la tête et n'allez pas penser que nous cherchons à aller plus loin" explique Sams.

Au fil de la conversation, il se laisse aller à un embryon de confidence.

"Nous avons l'intention de faire une proposition à notre direction. Normalement, ils devraient la refuser, mais on ne sait jamais."

Il demande alors à Gates d'expliquer comment opère Microsoft lorsqu'il s'agit de développer les logiciels d'un micro-ordinateur. Au moment de partir, il conclut de façon laconique.

"Ne nous appelez pas; nous vous contacterons."

Une chose est sûre : les hommes de Boca Raton ne sont plus du tout préoccupés par la jeunesse de Bill Gates.

Dans le rapport qu'il remet à son supérieur Bill Lowe, Sams fait l'éloge du président de Microsoft : il fait preuve d'une compétence hors pair dans son domaine de prédilection.

Au début de l'année 1982, Bill Gates apparaît pour la première fois en couverture d'un magazine financier, Money. Pensant que la photographie de Bill est réussie, Myriam Lubow s'en entretient avec son patron.

- Bill, as-tu vu cela? Ils ont vraiment pris une photo superbe!

- Oh non, Myriam, j'ai l'air tellement jeune sur cette photo.

- Mais Bill, tu es jeune !... Comment ne pas paraître jeune lorsque l'on a vingt-sept ans !

Le problème, c'est que Bill continue de paraître beaucoup moins âgé qu'il ne l'est en réalité. Quelques mois plus tard, alors qu'il dîne en ville avec quelques collègues, il commande une bière. La serveuse lui demande s'il peut montrer ses papiers d'identité : aux Etats-Unis, la consommation d'alcool est interdite aux moins de 21 ans !...

Le président de Microsoft travaille plus que jamais et prend l'habitude de se nourrir essentiellement d'hamburgers le midi - le Burgermaster est situé en face du bâtiment à Bellevue. En la matière, il a développé une véritable accoutumance.

Un midi, il se retrouve dans un restaurant de grand luxe avec sa nouvelle secrétaire Linda, et quelques membres de Microsoft dont Myriam Lubow. Chacun commande des plats de choix arrosés de vin fin. Lorsque son tour vient, Bill demande à ce qu'on lui serve un hamburger.

- Mais, Bill, nous sommes dans un restaurant raffiné! Tu ne vas quand même pas commander un hamburger, s'exclame Myriam.

Pour toute réponse, Bill s'écrie d'une voix de fausset.

- Mais j'aime les hamburgers !

Le 12 mars 1991, l'enquête de la FTC est rendue publique et Microsoft en prend acte par le biais d'un communiqué de presse officiel.

"L'investigation a pour but d'examiner les allégations selon lesquelles Microsoft aurait monopolisé ou tenté de monopoliser le marché des systèmes d'exploitation, du logiciel et des périphériques pour micro-ordinateurs".

Les dirigeants de la firme de Seattle clament leur bonne foi tout en manifestant un indéniable agacement vis-à-vis de la couverture médiatique accordée à l'événement. Steve Ballmer suggère que la manoeuvre vise à désarçonner une société à laquelle on reproche son succès :

"Nous avons effectué un audit sur la façon dont nous conduisons nos affaires et voilà ce qui en est ressorti. Avons-nous agi de manière incorrecte ? Non. Y-a-t-il des gens qui se plaignent ? Oui.".

Gates va plus loin et dénonce la campagne de désinformation, tout en prédisant que le soufflé ne tardera pas à retomber. Deux choses l'irritent au plus haut point. Il ne supporte pas de voir la presse entamer le procès de Microsoft avant même que l'affaire ait été jugée. En outre, il est ulcéré d'apprendre que, dans leur très grande majorité, les incriminations qui ont abouti à l'enquête de la FTC ont été proférées de manière anonyme par des éditeurs qui craignent d'apparaître au grand jour.

"Lorsque l'on me parle de cette affaire, je réponds toujours de la même manière" déclare Gates. "Je leur demande de me citer une seule personne qui ait le courage de signer ces mensonges par écrit. Car ce ne sont que d'odieux mensonges. Il est facile de calomnier les gens lorsque l'on opère dans les coulisses. Mais quelqu'un finira bien par être pris en flagrant délit d'affabulation".

A d'autres moments, il se montre plus sarcastique lorsqu'on lui parle d'éventuels plaignants :

"Donnez-moi la liste de leurs noms et je leur enverrai des fleurs".

Pour la star du logiciel, le climat politique n'est pas au beau fixe. Trois ans plus tôt, l'éditeur pouvait compter sur la solidarité d'un Parti Républicain en pleine ascension et qui s'était donné beau jeu de défendre la libre entreprise à tous crins. L'ardeur de la droite américaine en faveur de Microsoft s'est fortement refroidie.

En 1995, au cours d'un dîner en privé, Gates n'a pas ménagé ses railleries envers Newt Gringrich, chef du Parti Républicain. Bien qu'il s'affiche comme ouvertement apolitique, Gates n'a pas manqué de reprocher à Gringrich de diriger un parti " à la solde de la droite religieuse "

A présent, le " parti de l'éléphant " prend ses distances vis-à-vis de l'enfant prodige de la micro-informatique. Bob Dole, le challenger malheureux de Bill Clinton aux élections présidentielles de 1996 avait jadis publiquement pris position en faveur de Microsoft. A présent, l'ancien sénateur publie une chronique dans le Houston Chronicle dans laquelle il apporte officiellement son soutien à la ministre de la justice Janet Reno.

" Lors que j'examine ce qui est en cause aujourd'hui - la domination quasi totale de l'un des principaux médias de commerce du siècle à venir - je ne peux arriver qu'à une seule conclusion : aucune entreprise quelle qu'elle soit ne devrait être autorisée à dominer Internet ".

Il conclut son article en insistant sur le fait que ce qui se joue là est un principe fondamental du système économique américain.

Dans son insouciance, Gates a réussi à se mettre à dos aussi bien les Démocrates que les Républicains !

(...)

Le 18 mai 1998, le procès 'Les Etats-Unis contre Microsoft' est officiellement annoncé. L'accusation est portée par le Ministère de la Justice, associé à vingt États des USA. Motif : avoir étouffé la compétition en vue de protéger et consolider un monopole du logiciel.

Gates, qui était l'un des trois hommes les plus admirés des USA, voit son blason se ternir lors de l'audience préliminaire du 17 août 1998. Ce jour-là, le magnat du software vient témoigner devant le Congrès Américain. Interrogé par un juge, il se montre évasif, demande à clarifier la définition de mots tels que 'compétition' ou 'inquiétude'. Bien souvent, ses réponses paraissent obscures.

Face à un grand nombre des accusations portées par le juge, le bon élève marque des pauses, semble se concentrer, puis assène une seule et même réponse :

"Je ne m'en souviens pas".

De la part d'un individu réputé pour sa mémoire hors du commun, l'argument peut sembler singulier. De plus, certains des faits dont il a prétendu ne pas se rappeler seront prouvés par des extraits de courriels ou divers témoignages. Ainsi, un vice-président d'Intel affirmera avoir entendu un haut cadre de Microsoft exprimer clairement l'intention d'étouffer Netscape, en distribuant une alternative gratuite.

L'audience a été filmée et ce document est censé demeurer confidentiel. Pourtant, assez rapidement, des extraits vidéo en viennent à circuler sur le Net. Elles renvoient l'image accablante d'un président sûr de son fait, souvent agacé, extrêmement combatif et à la limite de l'arrogance. Le mal est fait.

(...)

Pour Bill Gates, la prise de conscience humanitaire a pris forme à l'automne 1993 alors qu'il s'était accordé une pause dans un emploi du temps surchargé, en compagnie de sa future épouse Melinda. Ils avaient atterri en Tanzanie, au sud-est de l'Afrique.

Les deux touristes qui espéraient admirer les girafes et les lions ont eu un choc en découvrant l'extrême indigence de la population locale, les enfants mal nourris et frappés par la polio, des femmes enceintes qui décédaient avant même de pouvoir accoucher. La vocation de philanthrope a pris naissance en ce moment particulier.

De retour à Seattle, Gates a voulu creuser la question. Il est tombé sur un rapport de la Banque mondiale. Une thèse y était exposée : il serait possible de réduire l'accroissement de la population mondiale en améliorant la santé des plus démunis.

Quatre ans plus tard, la lecture de l'article de Kristof a renforcé le désir d'améliorer le sort des enfants. Gates décide, avec Mélinda, que la majeure partie de leur fortune sera dédiée à une fondation vouée à améliorer la santé dans les pays sous-développés.

Bill Gates ne sait pas encore qu'il s'attaque à un problème transcendant tout ce qu'il a pu affronter chez Microsoft…

(...)

Et voilà… Bill Gates s'est métamorphosé en philanthrope, et il est à la tête de la Fondation la plus puissante de l'Histoire. Son pouvoir est souvent comparé à celui d'un chef d'État. Lui et Melinda paradent de temps à autres devant les caméras, que ce soit pour visiter des hôpitaux du Kenya ou prêcher les vertus du don. Parfois, certaines organisations locales témoignent de l'incroyable générosité de leurs bienfaiteurs. Elles expliquent également qu'elles sont traitées à la dure, avec des objectifs précis et des délais à tenir. Ce que Gates justifie en se présentant comme :

un "optimiste impatient".

Gates dit ne rien regretter du temps où il était aux commandes de Microsoft. Son Omniprocessor a été installé à Dakar où il traite un tiers des matières fécales et produit de l'eau potable. La machine a également été installée en Afrique du Sud. Et Bill et Melinda en sont convaincus : les vaccins prodigués en Afrique auraient sauvé des millions de vies.

Pourtant, en parallèle, son image s'est ternie. Au début de l'année 2020, Gates n'a plus la cote. Sa forte conviction comme quoi les vaccins seraient la panacée universelle a attiré les foudres de centaines de milliers d'opposants à ce type de traitement. Certains se plaisent à établir de potentielles liaisons dangereuses. Il se trouve qu'un colorant composé de nano-cristaux a été élaboré au MIT et qu'il émet une lumière proche de l'infrarouge qui pourrait être détectée par un smartphone spécialement équipé. Or, cette recherche a été financée en partie par la Bill et Melinda Gates Foundation. De là à en déduire une volonté d'intrusion dans l'intimité personnelle digne d'un Big Brother, et quand bien même on ne peut parler qu'au conditionnel, il n'y a qu'un pas que certains sites alarmistes franchissent allègrement.

Ce n'est qu'un début. Lors de l'épidémie du coronavirus, Gates se retrouve la cible n°1 des conspirationnistes. À l'origine, le 26 janvier 2020, Gates a annoncé investir 10 millions de dollars dans la recherche d'un vaccin à même de neutraliser le virus. Sur CNBC, le 9 avril 2020, il annonce multiplier par dix la mise prévue initialement et précise qu'il faudra probablement dix-huit mois pour élaborer un traitement sûr. À plus court terme, il prône l'usage d'anticorps issus de patients ayant guéri de cette infection.

Peu après, le New York Times du 17 avril 2020, ne recense pas moins de 16.000 " posts " Facebook et dix vidéos YouTube polémiques, avec cinq millions de vues. Les accusations sont souvent fausses, sorties de leur contexte ou volontairement déformées. Elles sont pourtant relayées à tout va. Certains vont jusqu'à l'accuser d'avoir financé "le groupe qui détient le brevet du virus mortel" et même d'avoir été moteur dans sa propagation - il se trouve qu'il a financé, quelques mois auparavant une expérience de simulation d'une pandémie.

Gates se voit également accusé d'avoir cherché à réduire la population mondiale avec ses vaccins !

Tout est parti d'un discours qu'il a prononcé lors d'un événement sur TEDx en 2010, et où il a livré ses réflexions sur l'écologie. Il a notamment repris la thèse découverte dans le rapport de la Banque Mondiale qu'il a lu en 1997, selon lequel il serait bon de réduire l'accroissement de la population mondiale car le nombre de personnes sur Terre influe sur la quantité d'émissions de CO2.

"Le monde compte aujourd'hui 6,8 milliards de personnes. On devrait atteindre les 9 milliards. Avec de très bons résultats sur les nouveaux vaccins, les soins de santé, le contrôle des naissances, on pourrait le réduire de, peut-être, 10 ou 15 pour cent, mais on gardera un facteur d'augmentation d'environ 1,3."

Gates s'était déjà étendu sur cette thèse à laquelle il a cru bon d'adhérer, un an plus tôt dans la lettre annuelle de la Fondation :

"Fait surprenant mais crucial, nous avons appris que la baisse du nombre de morts réduit en réalité la croissance démographique. Le graphique '3' montre le lien fort entre le taux de mortalité infantile et le taux de fertilité. (…)"

"En fait, les parents choisissent d'avoir assez d'enfants pour s'assurer une chance que plusieurs survivront pour les soutenir quand ils vieilliront. Comme le nombre d'enfants qui survivent jusqu'à l'âge adulte augmente, les parents peuvent atteindre ce but sans avoir autant d'enfants" avait alors déclaré Gates.

Voilà la thèse qu'il a donc reprise à son compte : réduire les maladies infectieuses pourrait réduire l'accroissement de la surpopulation. Pourtant, divers sites conspirationnistes, extrémistes dont certains sont à la limite de l'hystérie se plaisent à diaboliser ses propos. Et d'affirmer que Gates entend utiliser ses vaccins pour réduire la population mondiale.

Autant de rumeurs fantasques, relayées par des esprits alarmistes, avides d'amplifier des élucubrations en tous genres, pourtant mises à mal par les sites qui dissèquent les fake news.

(...)

S'il demeure un esprit ultra brillant, un mathématicien hors pair, un penseur zélé, capable d'absorber des milliers d'information, de les brasser, trier et malaxer, pour percevoir des liens inattendus entre données disparates, il semble manquer à Gates une dimension qu'ont pu avoir les Gandhi, Nelson Mandela ou même Steve Jobs.

On irait jusqu'à placer dans cette liste des personnalités comme Salvador Dali ou encore Martin Luther King prononçant le fameux discours " I had a dream… " (J'ai fait un rêve). Et cette dimension serait probablement l'onirique, la spiritualité ou encore l'artistique.

Un attrait pour une notion plus fine, celle des intuitions inexplicables, un monde de sensations parallèle à celui des multiprocesseurs et de la puissance de calcul.

(...)

@ Daniel Ichbiah (2020)

Naissance de William Henry III Gates à Seattle de William Henry et Mary Gates

Au lycée Lakeside, Bill Gates et un autre lycéen, Paul Allen, découvrent l'informatique. Ils se révèlent tous deux surdoués en la matière.

Bill Gates et son ami Paul Allen découvrent l'annonce du premier micro-ordinateur, l'Altair, en couverture de Popular Electronics. Sans attendre, ils développent un langage BASIC pour cette machine.

Création de Microsoft - le nom est une abréviation de Micro-computer et Software et signifie donc logiciel pour micro-ordinateurs.

IBM passe commande à Microsoft du DOS, un système d'exploitation pour l'IBM PC.

Sortie de Windows 1.0. Le système fait un flop.

Entrée en Bourse de Microsoft.

Forbes place Bill Gates en 29ème position sur la liste des quatre cents personnes les plus riches des Etats-Unis.

Windows 3.0 est un triomphe immédiat. Et comme Microsoft est l'un des rares éditeurs à disposer de logiciels pour Windows (Word, Excel, Powerpoint...), les ventes de logiciels Microsoft trustent les premières places des hit-parades mondiaux.

Forbes classe Bill Gates " homme le plus riche des USA ". Il a alors 36 ans.

Forbes estime que Bill Gates est désormais l'homme le plus riche du monde avec une fortune s'élevant à 12,9 milliards de dollars.

Le lancement de Windows 95 fait l'objet d'un battage médiatique record.

Bill Gates témoigne devant le Congrès Américain qui accuse Microsoft d'abus de position dominante et sa prestation est mediocre.

Création de la Fondation Bill & Melinda Gates, vouée à des actions philanthropiques.

Bill Gates se retire de la présidence de Microsoft pour se consacrer à sa Fondation.

"J'aimerais être perçu comme un leader qui dit : allons-y ! Faisons-le ! Quelqu'un qui montre un exemple d'énergie et d'enthousiasme"

"Le capitalisme a cette capacité à maintenir perpétuellement les plus grandes compagnies sur le fil du rasoir"

"Qui peut se permettre de travailler pour des prunes ? Quel est l'hobbyiste prêt à consacrer trois années de sa vie à programmer, trouver les bugs, écrire la documentation, pour ensuite distribuer le tout gratuitement ?"

- Vous sentez-vous investi d'une mission ?

- Oui. Le PC est l'outil de l'ère de la communication. La mission serait un PC sur chaque bureau et dans chaque maison. Utilisant de superbes logiciels. Et les standards de logiciels pour y parvenir.

- Qu'y aurait-il de bon à ce que cela advienne ?

- C'est une question d'ordre théologique, et il y a probablement des gens qui pensent que ce serait mauvais. Il se trouve que j'aime travailler à cette mission. J'ai réussi à m'entourer de collaborateurs exceptionnels et de ce point de vue, ma situation est fantastique. Voilà ce que je fais. Libre aux autres de dire si cela leur convient ou non. Cet âge de la communication est une bonne chose. Il va rendre les gens plus forts et le monde plus riche. A chacun de faire son choix. Moi, je pense que c'est bien. Et pas seulement parce que j'aime le faire - selon ma religion, c'est bon !

"L'argent ne me rapporte rien, si ce n'est des questions indiscrètes".

Pour quelles raisons résiste-t-il ainsi à la tentation d'un mode de vie opulent ?

"Pour ne pas m'habituer à ce genre d'attitude qui coupe de la vraie vie de manière négative. Cela fait partie de ma discipline."

J'ai eu la chance de rencontrer Bill Gates en 1986 alors que je débutais dans le journalisme. On aurait du mal à le croire aujourd'hui mais il était aisé de lui parler à cette époque et j'ai donc eu l'occasion de dîner à plusieurs reprises avec Gates lors de ses passages à Paris. Mieux encore, un jour, Michel Lacombe, l'un des dirigeants de Microsoft France m'a appelé à la rescousse.

Bill Gates était de passage à Paris et Lacombe voulait qu'il puisse rencontrer des journalistes. Il m'a donc demandé :

Est-ce que tu pourrais interviewer Bill Gates ?

Il me le demandait comme une faveur...

Comment pouvions-nous imaginer à cette époque que l'aura de Bill Gates allait dépasser de très loin le domaine de la micro-informatique, qu'il serait connu de tous en tant que 1er milliardaire américain puis du monde ?

J'ai donc interviewé Bill Gates de nombreuses fois et ai pu discuter à maintes reprises avec lui. Il était extrêmement direct, jovial, et très impliqué dans son domaine : on pouvait voir à certaines de ses réponses qu'il avait décortiqué certains produits concurrents.

L'un des premiers points qui m'a frappé, bien avant d'entreprendre sa biographie, était son attitude ouverte, apte à vouloir corriger ce qui ne l'allait pas.

Un jour, une fête a été organisée sur le toit du Centre Beaubourg et Gates est présent. Je l'aborde. Il me parle de Windows et je lui dis que ce logiciel ne fonctionne pas avec mon imprimante. Il me répond juste :

- C'est quelle imprimante au juste ?

- Une Kyocera.

Il a sorti un papier et noté le modèle puis a ajouté :

- D'ici deux mois cela fonctionnera.

Et de fait, dans les semaines qui ont suivi, Windows a pris en charge mon imprimante. D'ailleurs, j'avais alors remarqué cette attitude ailleurs chez Microsoft : "dites-nous ce qui ne va pas, et nous allons l'améliorer". Ils l'ont probablement eu jusqu'en 2000. Puis, peu à peu, la société s'est embourgeoisée et cette approche s'est délayée.

Pour en revenir à Gates, le fondateur de Microsoft était parfois légèrement agacé d'avoir à expliquer un point de détail technique qui lui semblait tomber sous le sens. Et je l'ai vu traiter avec froideur un journaliste d'un grand mensuel français qui lui demandait ce qu'il allait offrir pour Noël à ses enfants. Sa seule réponse :

Question suivante.

Parfois aussi, il se montrait tendre en évoquant ceux avec lesquels il avait fait un bout de chemin. Je l'ai aussi croisé un soir à Las Vegas tard dans la nuit alors que se tenait une fête high-tech et il était passablement éméché. Il m'avait juste lancé :

- Hey ! Alors, quand est-ce que le livre va sortir ?

J'ai également pu rencontrer de nombreux acteurs majeurs de la micro-informatique en cette époque où l'Histoire s'écrivait sous nos yeux...

Nous croisions des gens comme Steve Jobs ou Bill Gates sans réaliser alors qu'ils allaient entrer dans la légende. Ainsi, nous rencontrions aussi d'autres pionniers de la micro-informatique comme :

• Dan Bricklin, l'inventeur du premier logiciel best-seller VisiCalc,
• ou des créateurs de jeux vidéo comme Shigeru Miyamoto, auteur de Super Mario, le plus grand succès du jeu vidéo.

Certaines "stars" de l'époque comme Douglas Engelbart, l'inventeur de la souris ou Rod Canyon qui avait fondé Compaq et alors battu tous les records économiques existants sont tombées dans l'oubli.

Le temps n'avait pas encore opéré son impitoyable tri.

Ainsi, quand j'ai démarré la biographie de Bill Gates, l'homme était connu dans le domaine de la micro-informatique mais il était encore inconnu du grand public !

Bien plus tard, alors que j'avais été envoyé à Seattle (à l'ouest des USA, là où se trouve Microsoft) par Paris Match pour une interview, il m'a confié devant témoin que la biographie que j'avais réalisé à son sujet lui apparaissait comme la meilleure.

Dès le départ, j'ai perçu qu'il y avait là une histoire extraordinaire à raconter.

Ce qui paraît difficile à percevoir, c'est que la micro-informatique est née en partie des inspirations d'une bande de néo-hippies, de passionnés du fer à souder et de libertaires qui voulaient révolutionner le domaine de la froide informatique. Steve Jobs apparaît aujourd'hui comme le Magellan du domaine, mais il était lui-même porté par un courant global qui visait à rendre les ordinateurs, ces monstres de métal couramment associés à Big Brother, amicaux et conviviaux. A en faire des outils de créations pour l'individu... Eh oui, à travers l'apparition du micro-ordinateur, ils rêvaient d'un monde meilleur !

Lorsque j'ai démarré l'écriture du livre en 1989, Bill Gates apparaissait comme la figure de proue de cette révolution - Steve Jobs, ayant démissionné d'Apple en 1985 était alors un personnage de second plan, empêtré dans la création d'une machine, NeXT, qui était censée lui permettre de prendre sa revanche sur Apple.

Que dire ? Steve Jobs était flamboyant, séducteur, glamour... Mais il paraissait alors quasi inexistant face à Bill Gates qui était à la tête de Microsft qui s'imposait année après année comme la success-story du moment. Il faudra attendre les années 2000 pour que la situation se renverse.

A travers l'histoire de Bill Gates, j'ai aussi voulu conter l'histoire des premiers clubs de 'hobbyists', les passionnés de micro-informatique, comme le Homebrew Computer Club, où d'ailleurs Steve Wozniak a eu l'idée de créer le premier ordinateur Apple, en compagnie de Steve Jobs. Un an plus tôt, un premier micro-ordinateur était apparu, l'Altair, et Bill Gates assisté de son compère Paul Allen, en avait écrit le premier BASIC...

A l'époque où j'ai commencé ce livre, il était donc relativement facile d'approcher Gates et de lui parler.

Lorsque j'ai écrit cette biographie, Bill Gates m'a accordé une longue interview pour évoquer divers détails de sa vie. Et j'ai pu interviewer durant des heures ceux qui l'avaient secondé dans son aventure :

• Paul Allen le co-fondateur de Microsoft,
• Charles Simonyi, le créateur de Word,
• Myriam Lubow, sa première secrétaire (un témoignage touchant),
• et plein d'autres compagnons des premiers jours...

C'est ce qui rend ce livre unique.

Tout de même, la question m'a souvent été posée : comment un auteur français a-t-il pu se retrouver à être le premier au monde à écrire un livre sur Bill Gates ?

C'est tout de même étonnant non ?

Je ne l'ai compris que bien plus tard, mais en réalité, le fait que je sois français m'a aidé : les gens de Microsoft avaient dit non à tous les auteurs américains qui les avaient approchés.

Lorsque j'ai débarqué à Seattle et chez Microsoft, ils ne m'ont pas trop mis de bâtons dans les roues.

Il ne pouvaient pas imaginer qu'un livre écrit par un Français serait traduit en américain et publié chez eux. En réalité, l'édition américaine a rapidement été adaptée en anglais et elle est sortie un an après l'édition française !

Avec le recul, ce livre a pris de l'ampleur car il ne se contente pas de répondre à la question : qui est Bill Gates ?

A travers son parcours,

• nous voyons naître la micro-informatique,
• les clubs de passionnés,
• les premières start-ups comme Apple ou Commodore,
• nous suivons les relations ambigues de Gates avec Steve Jobs,
• nous voyons Bill Gates s'acharner durant 7 années à tenter d'imposer un Windows longtemps rejeté par ses pairs comme par le public,
• nous découvrons comment il devient peu à peu l'homme le plus riche du monde...

C'est donc un document précieux sur un pan de l'Histoire récente de notre civilisation.

A partir de 2007, Pocket a cessé de publier Bill Gates et la Saga de Microsoft.

En 2012, la biographie a été de retour en version numérique.

Toutefois, depuis des années, je me disais que le livre méritait une mise à jour. Le livre s'arrêtait au début de 1998.

Or, il s'était passé bien des choses entre temps : Gates avait perdu de son aura suite à une audition liée à l'action en justice du gouvernement américain pour abus de position dominante. Le combat contre Apple mais aussi un nouveau venu, Google a dévoilé ses talons d'Achille. Avec l'avènement des start-ups Internet, durant une bonne dizaine d'années, Microsoft a pu apparaître comme une société dépassée. Bill Gates, pour sa part, s'est retiré de la direction de Microsoft en 2008 et entamé une nouvelle vie en tant que philanthrope à grande échelle. Et suscité maintes polémiques autour de sa démarche.

Tout cela méritait d'être relaté et mis en perspective.

Dans la nouvelle version que j'ai intégralement mise à jour, je retrace les adversités du nouveau Gates de 1998 à nos jours - voir quelques extraits plus haut.

Comment Bill Gates et ses acolytes se sont retrouvés embarqués dans le projet ultra-secret d'IBM de se lancer dans la micro-informatique

Comment le MS-DOS ou système de l'IBM PC a été réalisé dans des conditions épiques, dans une pièce minuscule dans la chaleur torride que dégageaient les premiers prototypes de PC.

Comment Bill Gates, initialement réticent, a accepté de faire entrer Microsoft en Bourse et comment, en chemin, il a appris à maîtriser les arcanes de la Bourse.

*****
Bill Gates au sommet de sa gloire,
HORIZON 2050
28 juillet 2007

Voila un livre qui se dévore en quelques heures aussitôt qu'on a ouvert les premières pages tant l'aventure de Bill Gates est passionnante et a marqué notre époque.

On y voit comment dès le début Bill Gates s'est imposé sur le créneau immanquable des micro-ordinateurs ou il a saisit les opportunités petit à petit jusqu'à batir l'immense empire que l'on connait.

Le ton du livre est dynamique, passionnée, plein d'entrain à l'image de la formidable aventure humaine qu'il nous raconte.

Un vrai régal à lire.

sur Amazon.fr

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Une édition format Kindle inespérée !
TP
12 septembre 2012
J'avais lu cette biographie en version papier il y a de nombreuses années et, étant de très grande qualité, je l'ai souvent conseillée, jusqu'à épuisement total du livre qui n'avait pas été réédité.

Quelle fut ma très agréable surprise de constater qu'il est à présent disponible au format Kindle : achetez-le les yeux fermés, il s'agit de la meilleure biographie sur un homme d'exception !
sur Amazon.fr

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Excellent livre
abdou karim pouye
J'aime son histoire !
sur Apple iStore

Daniel Ichbiah a été deux fois n°1 du Classement Général des ventes

Avec :

• Les 4 vies de Steve Jobs
• Les chansons des Rolling Stones

• n°3 avec : Michael Jackson, Black or White ?

J'ai également écrit la biographie de Steve Jobs. Que dire ? Les deux hommes étaient complémentaires et pareillement indispensables. D'un côté, le mathématicien et de l'autre l'esthète. On peut préférer l'un ou l'autre. En tant que journaliste high tech, j'ai eu la chance de côtoyer les deux. Chacun est fascinant à sa manière. Et dans les deux cas, il y avait d'incroyables anecdotes à glaner.

Voir aussi cette série d'articles originellement écrite pour SVM Mac et enrichie par la suite : Steve Jobs vs Bill Gates

D'autres biographies de créateurs de grandes sociétés de technologie sont accessible sur la page Documents de ce site Web : Elon Musk, Larry Page & Sergey Brin de Google, Jeff Bezos d'Amazon, Reed Hastings de Netflix...