Quel est le point commun entre les grands phénomènes de l'histoire de la musique populaire ? Ils ont été assistés par un mentor, une personne clé qui a pris en main la carrière de l'artiste. Des individus souvent peu sympathiques mais indéniablement efficaces, même si leurs motivations artistiques ne sont pas toujours très voyantes.
Les Beatles auraient aisément conquis la Grande Bretagne et un grand nombre de pays du monde. Toutefois, s'imposer aux USA était d'une autre envergure. Le talent de leur imprésario Brian Epstein a été déterminant en la matière. Après sa disparition en 1967, il est apparu qu'il n'avait pas géré la carrière du groupe au mieux de l'intérêt des Fab Four. Il a toutefois été essentiel pour ce moment crucial qu'est le décollage.
Si Michael Jackson n'avait pas eu un père hyper autoritaire qui le faisait cravacher, ainsi que ses autres frères durant le moindre moment libre de sa jeunesse, serait-il devenu un professionnel aussi exigeant ? Joseph Jackson semblait clairement attiré par les retombées financières liées à la carrière de ses rejetons, mais il les a bel et bien propulsés sur le devant de la scène.
L'on pourrait citer d'autres exemples : il est de notoriété publique que René Angeli a bâti la carrière de Céline Dion. L'on sait moins que Led Zeppelin était épaulé par un manager hors pair, Peter Grant. Inversement, si des groupes comme les Beach Boys (challengers officiels des Beatles en 1966) ou même Oasis, n'ont pas atteint un niveau comparable, c'est peut-être parce qu'ils n'ont pas su ou voulu s'offrir les services d'un individu de cette trempe, un génie du marketing de l'artiste.
Certains argueront : quid de Madonna ? Qui est la personne clé qui l'a poussé en avant d'un bout à l'autre n'autorisant aucun relâchement ? Elle-même, tout simplement ! La chanteuse était doublée d'une business woman hors pair…
Elvis Presley était un chanteur ultra populaire dans son Tennessee natal, mais dont la notoriété était mineure au niveau des USA.
Le Colonel Parker en a fait une star d'envergure mondiale en un temps record. Il a même été le premier manager musical qui ait autant façonné l'image et la réputation de son poulain.
Dire que l'individu était trouble est une lapalissade…
L'un des auteurs qui a écrit une biographie sur le Colonel Parker s'appelle James L. Dickerson. Et le moins que l'on puisse dire est qu'il s'est heurté à une sacrée problématique. Que dire d'un homme pour lequel il n'existe pratiquement aucun document officiel ?
Dickerson n'a pas pu mettre la main sur le moindre certificat de naissance, sur un quelconque dossier militaire, sur un authentique certificat de mariage. Pour couronner le tout, il a cherché en vain de>s amis à même de témoigner. Tout se passe comme si Parker avait essentiellement vécu dans la solitude - il avait tout de même une compagne officielle depuis 1969. Lorsqu'il a été tardivement découvert qu'il s'agissait en fait d'un immigré hollandais, pas moyen de retrouver le certificat d'immigration ! Là où le FBI détient un dossier de 663 pages sur Elvis Presley, il n'en existe aucun sur son manager.
L'on a tout de même pu découvrir que le 'Colonel' Parker s'appelait en réalité Andreas Cornelis van Kuijk et qu'il est né à Breda aux Pays-Bas le 28 juin 1909. Cette origine hollandaise, Parker l'a cachée durant toute sa vie à ceux qu'il fréquentait, à commencer par Elvis.
Pourquoi l'imprésario du King a-t-il cultivé un tel mystère autour de son passé ? Au terme d'une enquête ultra fouillée, Alana Nash dans son livre The Colonel a révélé qui était le Colonel Parker et a levé le voile sur bien des questions que l'on pouvait se poser à propos du vieux renard. Et les faits sont ahurissants. Elle a bien voulu répondre à mes propres interrogations sur le sujet.
À l'âge de 20 ans, le dénommé Cornelis van Kuijk a matraqué une femme jusqu'à la tuer. Afin d'éviter d'être attrapé par la police, il s'est enfui, sans même dire au revoir à sa famille, sans emporter le moindre bien, ni même d'argent. Il s'est fait embaucher comme aide cuisinier sur un cargo en partance pour les USA. Sur ce bateau, un passager clandestin du nom de Tom Parker a été découvert et jeté par-dessus bord.
À son débarquement au port de Tampa en Floride, Andreas Cornelis van Kuijk a refusé de prendre le chèque que voulait lui donner le chef du cargo. lors qu'il a posé le pied sur le sol américain, il est devenu Tom Parker. Dès cet instant, il a été un émigrant en situation potentiellement illégale : il n'a jamais fait de demande pour une carte verte qui lui donnerait la nationalité américaine !
En cette année 1929, étant donné la crise économique, le pays de l'Oncle Sam avait d'autres soucis. Afin de survivre, Tom Parker s'est fait embaucher par l'armée américaine. Très vite, suite à une dépression nerveuse, il a été conduit à l'Hôpital Walter Reed Army. Sur place, les médecins ont décidé de le renvoyer de l'armée pour cause de psychose, dépression aiguë, instabilité émotionnelle. Par la suite, Parker a vécu dans un camping car et travaillé dans des fêtes foraines. La légende voudrait qu'il ait dirigé un spectacle de poulets dansant sur une casserole brûlante. Pourtant, lors des rares moments où il s'est confié, Parker a expliqué qu'il n'en aurait rien été et qu'il s'agissait d'une blague qu'il utilisait pour tester la crédulité des gens.
C'est en 1939 que Tom Parker assume pour la première fois le rôle de manager, pour un chanteur country du nom de Gene Austin. Puis, il s'occupe de protection des animaux, avant tout parce que la SPA locale lui offre un logement et un salaire. Il apparaît toutefois qu'il aurait exploité la bonté des amis des animaux à ses propres fins, récupérant une partie des dons. Par la suite, il devient l'un des Directeurs de la Société Humanitaire de Tampa mais cette activité ne dure que trois ans. Parker décide ensuite de reprendre le chapeau de manager et de s'occuper de groupes de musique country.
En 1944, Tom Parker devient l'impresario du chanteur Eddy Arnold. Déjà à cette époque, son appétit financier apparaît grand : il réclame ¼ des revenus d'Arnold. Il demeure qu'il démontre une belle efficacité : Arnold se classe n°1 des charts de country music durant des mois entiers.
En parallèle, Parker tente de se rapprocher de certains politiciens, notamment Lyndon B. Johnson, un futur Président des USA. Il offre également ses services à Jimmie Davis, qui est chanteur de country mais aussi candidat au poste de gouverneur de Louisiane. Lorsque ce dernier sera élu, il va lui accorder le titre honorifique de 'Colonel'.
Lorsque Eddy Arnold se sépare de Tom Parker, ce dernier prend sous contrat un autre chanteur, Hank Snow, en janvier 1955. Lors du grand show de musique country, Grand Ole Pry, Snow insiste pour prendre un nouveau talent en ouverture de sa prestation : le jeune Elvis Presley. Au vu des réactions des spectatrices, Parker réalise qu'il y a là une mine d'or.
En août 1955, Hank Snow et Tom Parker créent une entité, Hank Snow Attractions et celle-ci signe un contrat à Elvis Presley. Quelques mois plus tard, Snow est éjecté du partenariat et Tom Parker se retrouve seul responsable de la carrière du chanteur. Pour ce faire, Parker a réussi à faire signer un contrat à Vernon et à Gladys Presley - quand bien même cette dernière était initialement révulsée par le Colonel.
Dépité, Hank Snow dira plus tard que le nom de Tom Parker résonne comme "une insulte a mes oreilles" ajoutant ceci :
"Tom Parker est l'être le plus égoïste, le plus détestable avec qui j'ai jamais eu affaire".
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Dès octobre 1955, Parker qui agit comme 'conseiller spécial' d'Elvis, négocie un contrat d'enregistrement pour Elvis chez RCA, ce qui implique une distribution à l'échelle nationale. Il brise alors les conventions usuelles.
Alors que d'ordinaire, les directeurs artistiques d'une maison de disque choisissent les chansons que leurs poulains vont interpréter, Parker insiste pour qu'Elvis puisse sélectionner son propre répertoire. RCA cède, le succès du chanteur dans le sud des USA laissant anticiper un phénomène sans précédent.
De fait, dès avril 1956, le single 'Heartbreak Hotel' est n°1 au hit-parade national, le premier d'une très longue série. Dès lors, Parker devient le manager personnel d'Elvis. Il va gérer sa carrière de façon flamboyante comme lorsqu'il s'occupait de fêtes foraines. Il appelle d'ailleurs Elvis " mon attraction ".
Parker montre une efficacité redoutable dans la promotion des disques et dans la vente de produits à l'effigie du King : dès la fin 1956, le chanteur a fait entrer 22 millions de dollars dans les caisses et ses apparitions à la télévision pulvérisent les records d'audience.
Parker casse la coutume de bien d'autres façons : il prend 25 % des revenus d'Elvis (il ira jusqu'à prendre 50 % par la suite), au lieu des 10 % habituels. Pour ce qui est des concerts, il exige d'être payé cash. Par ailleurs, il opère un contrôle drastique sur le chanteur, refusant la plupart des demandes d'interviews, dans les magazines comme à la télévision. Parker justifiera plus tard cette attitude en expliquant qu'il aurait observé que le fait d'apparaître à la télévision dans des talks shows serait néfaste pour la carrière des artistes.
Déjà à cette époque, Parker s'est acharné à brouiller son passé. Il affirme qu'il serait né orphelin en Virginie et qu'il a passé sa jeunesse à travailler dans les fêtes foraines. La hantise que l'on découvre qui il a été le hante et il souffre de cauchemars fréquents. Parker manifeste parfois des crises de colères qui terrifient son personnel. Il règle ses impôts rubis sur l'ongle allant jusqu'à payer davantage que ce qui serait nécessaire : ici comme ailleurs, il veut à tout prix éviter d'attirer l'attention sur lui.
Le 19 décembre 1957, alors qu'il accumule les disques d'or depuis près de deux années, Elvis reçoit une terrible nouvelle : il est appelé à l'armée. Il est alors suggéré que le chanteur n°1 puisse accomplir son devoir national en donnant des concerts gratuits pour les troupes. Il semble pourtant que Parker n'apprécie aucunement cette perspective. Il persuade Elvis qu'il serait bon pour son image d'effectuer son service militaire comme tout bon américain. D'une certaine façon, Parker peut ainsi garder Elvis sous sa coupe : il va sortir régulièrement des singles enregistrés avant le départ pour l'Allemagne tandis que le troufion, basé en Europe, s'inquiète de son futur musical.
Le 5 mars 1960, Elvis achève ses deux années de service militaire et se prépare à rentrer au pays. Or, dès le retour d'Elvis, le Colonel va jouer un rôle quasi incompréhensible auprès du chanteur dont il a la charge.
Bien qu'il soit encore le chanteur n°1 mondial au début des années 60, Presley se voit forcé, bon gré mal gré, de tourner dans 27 films hollywoodiens d'une incroyable niaiserie et d'y interpréter des chansons très éloignées de son style d'origine, le rock'n'roll.
A partir de l'année 1964, les Beatles, puis les Rolling Stones détrônent le King. Il perd sa crédibilité, sa popularité fond progressivement (voir le chapitre 'Acteur de série B' de la partie biographique de ce livre).
Bien qu'il se sente déprimé par cette situation, Elvis se voit contraint de céder aux demandes de Parker. Il va jusqu'à chanter des choses à la limite du ridicule. Il semblerait que le contrat signé par Parker avec la MGM ne lui laissait simplement aucun choix.
Mais comment est-il possible que durant ces huit années Parker ait pu avoir une telle emprise sur Presley ? La réponse de Alana Nash :
" Elvis n'a jamais trouvé le courage de quitter le Colonel Parker pour de nombreuses raisons, " explique Alana Nash. " En premier lieu, Elvis était quelqu'un de très émotionnel. Comme son propre père Vernon était assez faible, il a dit un jour au Colonel qu'il représentait la figure du père pour lui. "
" De plus, Elvis était très inquiet à propos de sa carrière lorsqu'il a quitté l'Amérique pour deux années d'armée en Allemagne. Il craignait que la mode du rock'n'roll ne s'éteigne durant son absence et qu'il ne représente plus rien à son retour. Le Colonel avait promis à Elvis que s'il accomplissait ses devoirs sans causer d'ennuis, il serait une star encore plus importante à son retour, que Parker lui apporterait des contrats lucratifs en tant qu'acteur et qu'il renforcerait sa position chez RCA Records. C'est précisément ce qui s'est passé * Frank Sinatra a même organisé un show TV de bienvenue spécialement pour lui, transformant le rebelle en 'type bien'. Elvis s'est senti fort reconnaissant envers le Colonel pour tout cela et il lui est donc demeuré loyal. "
" Troisièmement, le Colonel a toujours eu Vernon Presley, le père d'Elvis, dans sa poche et ce dernier s'est toujours employé à décourager son fils de quitter Parker, lui rappelant que personne n'aurait pu lui faire atteindre la position qu'il a obtenue en 1956 et qu'il ne trouverait jamais un aussi bon manager. "
Loanne Parker, la secrétaire du 'Colonel', devenue sa compagne en 1969 et qu'il a épousé en 1990 a tenté de faire accroire l'idée que les relations auraient toujours été au beau fixe entre le manager et son chanteur :
" Je ne me souviens pas d'une seule situation où Parker n'ait pas fait ce qui était dans le meilleur des intérêts d'Evis. Il n'y a jamais eu un seul moment où Elvis a été forcé ou contraint de faire quoi que ce soit qu'il ne voulait pas faire. "
Pourtant, cette affirmation est très largement contredite par celle qui a été l'épouse d'Elvis Presley. Selon elle, c'est à partir du moment où Parker s'est mêlé de ce qui ne le regardait pas ; la partie artistique, que la carrière d'Elvis s'est mise à décliner.
Dans ses mémoires, Elvis et moi, Priscilla Beaulieu Presley évoque plusieurs moments où son mari se sentait désespéré, obligé de tourner dans des films et de chanter des morceaux qu'il méprisait.
" Il était incapable de résister au Colonel. Dans sa vie privée, Elvis ne tolérait pas qu'on prenne les décisions à sa place. Mais quand il s'agissait de faire front au Colonel, il reculait. "
Elle cite un moment où Elvis s'est plaint de ce que RCA Records ne reproduisait pas 'le fabuleux son' dont il raffolait : sa voix, les chœurs et les instruments enregistrés au même volume. Dixit Priscilla :
" Le vieux trafique mes enregistrement, se plaignit Elvis à Red West et à moi un soir, tandis que la limousine nous emmenait vers le Memphian Theater. Et je n'y peux rien : RCA écoute tout ce qu'il dit. Ce n'est pas possible. Mes fans ne voudront pas entendre ma voix mise en avant comme ça. Merde ! (…) Ce type devrait s'occuper de ses affaires et pas des miennes ! "
Priscilla raconte également que Parker avait demandé à Joe Esposito, l'un de ses amis et serviteurs de lui 'faire des rapports sur l'état psychologique et mental d'Elvis'. Et toujours selon l'épouse du chanteur sa réaction aurait été de congédier Esposito - il le reprendrait à son service six mois plus tard - tout en déclarant :
" Je ne veux aucun fils de pute ici, qui aille raconter au Colonel ce que je fais ou ce qui se passe dans cette maison ! "
Arlene Cogan, un ami d'Elvis affirme que le chanteur redoutait fortement les visites du Colonel Parker à Memphis :
" Il amenait ses employés et ceux-ci prenaient position aux téléphones. Tous les appels étaient filtrés par ses hommes. Elvis détestait cela. Vernon, son père, nous disait que, une fois que Parker entrait dans la maison et qu'il s'assurait d'avoir une réunion avec Elvis derrière des portes verrouillées, il ne pouvait aucunement adresser la parole à son fils jusqu'au départ de Parker. "
A en croire Priscilla, le chanteur se serait tout de même laissé manipuler du simple fait qu'il ne souhaitait pas vraiment mettre son nez dans les aspects liés à la gestion de sa carrière. Selon elle, il s'était peu à peu habitué à un style de vie facile, où il n'avait pas à se soucier de l'argent.
"Elvis détestait le côté commercial de sa carrière. Il lui arrivait de signer des contrats sans les lire."
A la fin de 1968, lorsque le contrat avec la MGM est achevé, Elvis rebondit suite à son come back à la télévision. Ce show a eu un retentissement énorme et relancé sa carrière chancelante. Pourtant, ce retour à la popularité ne peut être attribué à Parker. Ce dernier aurait souhaité qu'il participe simplement à un show traditionnel de Noël. Vêtu d'un smoking, il aurait chanté un hymne de Noël, d'une voix de crooner.
Le producteur de l'émission, Steve Binder en a décidé autrement et jugé opportun de réunir Elvis vêtu de cuir noir, dans un environnement informel, avec ses musiciens des débuts : Scotty Moore et D.J. Fontana - si Bill Black a manqué à l'appel, c'est parce qu'il avait perdu la vie en 1965. En se présentant comme un rocker et en faisant la part belle à des morceaux comme 'Heartbreak hotel', Elvis a donc pu éviter l'écueil auquel le destinait Parker. L'opiniâtreté du producteur, Steve Binder, a prévalu.
Steve Binder avait fait parler de lui quelques mois en produisant une émission autour de la chanteuse Petula Clark, durant laquelle celle-ci, lors d'un duo, touchait affectueusement le bras du chanteur noir, Harry Belafonte. Le constructeur automobile Chrysler, avait exigé que cette scène soit coupée, estimant qu'en cette année 1968, il y a là de quoi choquer une partie du public. Binder avait catégoriquement refusé de supprimer cette séquence. Et le show avait remporté un énorme succès. Lorsqu'il a été question de trouver un producteur pour le retour télévisé d'Elvis, Binder a donc été choisi par la direction de NBC, en partie du fait de cet acte de bravoure.
Il reste que Parker n'appréciait pas que quiconque puisse s'immiscer dans ses affaires. A un moment, Steve Binder a demandé à toucher des royalties sur tout disque qui exploiterait la bande sonore du show - une pratique alors courante. La réplique initiale du manager a été cinglante : Binder était viré !
" A l'exception d'Elvis, personne ne produit les disques d'Elvis ", a-t-il crié au téléphone.
Heureusement, Binder a été maintenu à la production du show de NBC.
Si l'on en croit ce qu'a rapporté Steve Binder, Parker aurait tout de même donné sa parole d'honneur comme quoi aucun album ne sortirait de l'émission télévisée.
En réalité, peu avant la diffusion de l'émission, Parker a signé un deal avec NBC afin que les chansons du show soient transmises à RCA.
" Après cela, le Colonel m'a envoyé un chèque de 1 500 dollars assorti d'un accord que je devais signer et par lequel, je renonçais à tous mes droits sur la bande sonore " a conté Binder. " Je lui ai renvoyé son chèque en lui expliquant où il pouvait se le mettre. Mon partenaire Bones et moi-même n'avons pas touché un centime sur les ventes du disque. "
Parker pourrait être crédité d'avoir participé au retour d'Elvis sur les scènes de Las Vegas et d'ailleurs. Pourtant, là encore, il y aurait à redire. En premier lieu, le manager a su conclure un deal biaisé par lequel il devait toucher 50 % des revenus du chanteur. Sa compagne Loanne affirme que dans les faits, cela ne se serait produit que sur des produits dérivés tels que des photos d'albums et que pour le reste, il n'aurait touché qu'un tiers des revenus notamment du fait qu'Elvis avait besoin d'argent en raison du divorce avec Priscilla.
Malgré les arguments de sa veuve, il est difficile de ne pas cultiver l'impression d'un abus, d'autant que Presley semblait manifester une certaine naïveté sur certains aspects de sa carrière. Un beau jour de 1973, Elvis a déclaré fièrement qu'il avait gagné 5 millions de dollars sans rien faire, ayant cédé les droits d'exploitation de ses disques au Colonel Parker qui les a lui-même revendus à RCA. Or, pour sa part, Parker a empoché 6,5 millions de dollars.
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