Livre gratuit : l'histoire de Coldplay

Originellement publié sur Musicbook en 2005.

 

Coldplay est particulier. Attachant. La simple évocation de son nom fait retentir quelques hymnes pop fameux tels In my place, Yellow ou The scientist. D'une beauté différence, plus touchante que renversante. Coldplay n'est pas Queen, Oasis ou Led Zeppelin. L'emphase ne fait pas partie de sa panoplie. Son attitude est plus sereine. Le groupe embrasse littéralement son public, le prend à bras le corps, l'enserre en un immense baiser romantique. Que sa musique exhale le bonheur, la chaleur, la mélancolie ou la fièvre, elle a la capacité à faire vibrer une corde intérieure, à se refléter dans la psyché.

Le paradoxe est grand car le groupe n'a rien de commercial. On ne trouve pas dans ses albums la moindre tentation de séduire ou même de tenter une passerelle vers une quelconque recette éprouvée. Au milieu de la production musicale usuelle, il apparaîtrait presque comme un OVNI, aux côtés de Bjork et Radiohaead. Et pourtant, Coldplay séduit à très grande échelle, partout où sa musique passe. Lorsque Chris Martin chante Trouble, le public reprend en chœur une chanson que tous se sont naturellement appropriés. Elle leur parle un langage qu'ils comprennent, celui d'une joliesse trempée dans la sincérité.

Telle est la substance qui a permis l'émergence d'un groupe majeur de la première décennie.

Exemples d'entrées de Coldplay de A à Z

Les débuts de Coldplay

C'est au sud ouest de l'Angleterre, dans la région rurale du Devon connue pour ses vaches laitières à l'origine de la crème dont on fait les " scones " (sortes de sablés moelleux) que Chris Martin a vécu son adolescence. Évoluant dans une famille de la classe moyenne, il tâte de la guitare à l'âge de quinze ans, avant d'apprendre à jouer du piano. De son côté, Jonny Buckland, l'homme qui va assumer la guitare, est né à Londres mais a grandi au nord du pays de Galles. Il pratique la guitare depuis l'âge de 11 ans.

En 1996, Chris Martin et Jonny Buckland font connaissance alors qu'ils sont tous deux montés à Londres pour suivre des études à l'University College de Londres (UCL). Le premier étudie l'Histoire ancienne tandis que le second suit une filière d'astronomie. Les deux garçons fraternisent dès leur première semaine de présence à l'université. Ils est vrai qu'ils sont au diapason sur le plan musical, partageant une même adulation pour les compositions des Beatles, des Smiths, de Echo and the Bunnymen ou encore de Stones Roses. Presque immédiatement, ils se plaisent à traîner ensemble le soir et l'amitié qu'ils développent déborde bientôt sur l'écriture de chansons interprétées ensemble, Chris assumant généralement le piano et Jonny la guitare. Ils prennent très vite conscience du potentiel d'une telle réunion. " Dès que j'ai rencontré Chris, j'ai réellement pensé que nous pouvions aller jusqu'au bout. Accomplir quelque chose, " raconte Jonny. " Rencontrer Jonny, c'était comme tomber amoureux ", a déclaré pour sa part Chris Martin. " Il nous arrivait d'écrire deux chansons en une soirée, et il avait le don de faire qu'une idée puisse fonctionner… "

Un troisième larron les rejoint bientôt, Guy Berryman, qui est né en Écosse avant que ses parents ne déménagent dans le Kent au sud de Londres. Si Guy joue de la basse depuis l'âge de 13 ans, il est venu à l'UCL en vue de devenir ingénieur. En écoutant les compositions de Chris et Jonny, Berryman est séduit et s'enhardit à venir leur en parler dans un bar d'étudiants.

- Est-ce que je pourrais rejoindre votre groupe, demande Guy ?

Chris et Jonny ne voient pas comment ils pourraient dire non à ce jeune garçon qui semble flotter dans les nuages mais dégage une immense sympathie.

Les trois adolescents passent de nombreuses semaines, enfermés dans une chambre à écrire et arranger des chansons. À cette époque, leur style est influencé par Sting et Simon & Garfunkel. Au bout d'une dizaine de mois, le trio a développé un répertoire conséquent qui compte une dizaine chansons dont quelques-unes de qualité. L'ensemble inclut une version inaboutie de ce qui va devenir " Don't Panic ". Le projet de monter un groupe interpelle Berryman au point où il envisage d'abandonner ses études. Pour l'heure, il a laissé tomber sa formation d'ingénieur pour démarrer l'architecture. Mais le cœur n'y est plus.

Il reste un poste à pourvoir : celui de la batterie. Le premier musicien qu'ils viennent solliciter leur oppose une fin de non-recevoir. " Nous connaissions un bon batteur, " a rapporté Guy Berryman. " Nous sommes allé lui jouer 'Don't panic' et ils nous a dit : non. " Les trois garçons demeurent désarçonnés par un tel refus. " Nous ne pouvions le croire, " explique Berryman. " Déjà à cette époque, nous avions le sentiment que ce nous faisions était vraiment bien. Comment se pouvait-il qu'il ne veuille pas en faire partie ? "

La façon dont Will Champion en vient à assumer la batterie est étonnante. Le plus jeune du lot, Will est originaire de Southampton, dans le sud de Londres mais c'est aussi un guitariste. Champion côtoie Chris Martin dans l'équipe de hockey de l'UCL et lorsqu'il découvre le trio, il suggère en premier lieu de prendre pour batteur le type qui partage sa chambre d'étudiant.

Le jour où la rencontre avec le postulant doit avoir lieu, le batteur présumé leur pose un lapin… Il vient installer sa batterie, mais par la suite, se rend au pub le plus proche et ne réapparaît plus. Faute de mieux, Will Champion accepte de tenir ce poste le temps d'une répétition. À marquer ainsi le tempo, il se passionne tant pour le son que ces trois étudiants ont développé qu'il décide qu'il veut en être, coûte que coûte. Par la force des choses, il choisit d'occuper pour de bon la seule position manquante, la batterie !

Le groupe est ainsi au complet en janvier 1998 et Will se met à travailler d'arrache pied pour être à niveau. Leur style évolue à mesure qu'ils élargissent la palette de leurs goûts musicaux. À présent, Martin se passionne pour Radiohead et Jeff Buckley. Ses compositions s'en ressentent et acquièrent une pâte plus sophistiquée.

Au printemps, avec le soutien de Phil Harvey, un vieil ami d'école de Chris Martin, la formation intitulée Coldplay enregistre un premier disque de trois titres, le Safety EP (EP signifie mini-album), pour la somme de 200 livres britanniques. Ce disque doit initialement servir de " démo " auprès des maisons de disque. Pourtant, ils apprécient tant le résultat qu'ils décident de le commercialiser. En mai, Harvey investit 1 500 livres supplémentaires afin de faire presser 500 unités du Safety EP. Le quatuor, qui adore le contact avec un public, fait en sorte de se montrer partout où la chose est possible : soirées estudiantines, pubs, jardins… Leurs nombreux amis les encouragent à aller de l'avant.

Quatre mois après la sortie du Safety EP, en novembre 1998, Coldplay participe à un festival dédié la découverte de nouveaux talents organisé dans la ville de Manchester, In the City. Le succès qu'ils remportent est tel que l'une des spectatrices, Debs Wils, de Universal Records, fait passer une copie du Safety EP à Caroline Elleray chez BMG Publishing.

Dan Keeling, un cadre récemment employé par Parlophone - une filiale de EMI célèbre pour avoir accueilli les Beatles et Radiohead dans son catalogue - découvre le groupe au club Cairo Jack's, un pub à la décoration égyptienne. Keeling n'est pas immédiatement convaincu par leur prestation : " Chris avait très certainement du charisme, mais ils n'avaient pas encore le 'son' ".

Le 7 décembre 1998, Coldplay se produit au Camden Falcon de Londres, et sur place, un journaliste et producteur, Simon Williams les remarque à son tour et pour sa part, demeure sous le choc. Williams insiste pour que le DJ Steve Lamacq de la radio britannique Radio One vienne les écouter. " Cela ne m'arrive pas souvent, " a raconté Lamacq qui s'est rendu au Camden Falcon avec un ami, " nous étions là, la langue pendante, tandis que Coldplay jouait devant 40 personnes. À la fin nous sommes demeurés bouche bée. Mon ami m'a dit : excuse-moi si je me trompe, mais c'est la meilleure chose que j'aie vu depuis des mois… J'étais moi-même muet d'admiration. " Immédiatement, Lamacq décide de programmer Coldplay sur Radio One. Un coup de pouce inattendu vient du magazine musical New Musical Express (NME) où Simon Williams vante les louanges du groupe…

" Je me trouvais dans la salle de bain de la maison de mes parents en ce Noël 1998, " raconte Martin. " J'ai ouvert le NME et il y avait une page consacrée aux nouveaux groupes. Je me suis dit 'tiens, il y a peut-être des groupes que je connais de la compétition In the City. J'ai alors lu les noms : Muse, Elbow, Bellatrix, Gay Dad, Coldplay… J'ai failli m'évanouir. Cela a été le moment le plus heureux de toute ma vie. "

En février, Simon Williams leur propose d'enregistrer un single sur son propre label, Fierce Panda. " Brothers and sisters " sort à 2 500 exemplaires et fait l'objet d'une diffusion sur Radio One. Il va monter jusqu'à la 92ème position des charts britanniques. Le mois suivant, Caroline Elleray de BMG fait écouter le Safety EP à Dan Keeling de Parlophone. En découvrant la chanson " No more keeping my feet on the ground ", Keeling change d'opinion vis-à-vis de Coldplay : il trouve cela " énorme ". " Cela m'a submergé ! Je voulais garder mon calme mais je n'ai pu m'empêcher de décrocher mon téléphone dès le samedi suivant. " Etant donné que Chris est en train de passer un examen d'Histoire Ancienne, c'est le manager Phil Harvey qui vient à la rencontre du cadre de Parlophone. À présent, Dan Keeling de Parlophone est pleinement conscient potentiel de Coldplay et un contrat est signé dès le mois de mai 1999.

Avant la sortie d'un premier album, la maison de disque souhaite sortir un nouvel EP. Au cours de l'été, un peu angoissés, les quatre garçons enregistrent un EP de 5 titres The blue room, parmi lesquels figure à nouveau " Bigger, stronger ". Durant l'enregistrement, ils traversent une période si trouble que Champion en vient temporairement à quitter la formation. Une fois les désagréments résolus, ils livrent leur disque à Parlophone. L'EP sort en octobre 1999 alors que le groupe a fait un excellent impression lors de l'immense Glastonbury Festival. Blue Room est pressé à 5 000 exemplaires. Alors que le millénium s'annonce, Radio One programme intensivement la chanson " Bigger, stronger " et le groupe entame une tournée nationale aux côtés d'autres groupes débutants, tels que Terris et Muse, dans le cadre du Brats Tour organisé par le NME. Bien qu'il soit encore méconnu, le groupe est fort apprécié de l'intelligentsia rock, celle qui est à l'affût des groupes " indés ".

À présent, Dan Keeling entend sortir un premier single, " Shiver ". Le groupe part au pays de Galles, au Rockfield Studio afin d'enregistrer ce morceau et quelques autres en vue d'un premier album. Pourtant, la maquette de " Shiver " qui arrive au bureau à Londres déçoit Keeling. " C'était mou. La chanson ne laissait rien transparaître de leur énergie et passion ". Le cadre de Parlophone se rend aussitôt au pays de Galles pour une réunion de toute urgence. Le message est clair, même si Martin n'aime pas trop l'entendre : il faut recommencer à zéro ! Coldplay va finalement produire une chanson de qualité. Premier single à sortir de l'album à venir, " Shiver " marque leur entrée dans le Top 40, à la 35ème position en mars 2000.

À présent, il n'est plus question de décevoir Keeling. Chris et ses compères ont particulièrement soigné l'écriture les chansons qui doivent apparaître sur le premier album. Dans l'urgence, ils enregistrent les chansons qui vont composer Parachutes au Parr Street Studio de Liverpool, la neuvième étant " Shiver " et la dixième venant de l'EP Blue room. Faute de temps, ils enregistrent durant des journées marathon qui peuvent se prolonger jusqu'à des heures avancées de la nuit. Il leur arrive de ne se reposer que quelques heures au petit matin avant de remettre cela de plus belle. " Il n'y a pas de secret, la musique, c'est surtout beaucoup de travail ", confiera plus tard Jonny Buckland.

Lors de l'édition 2000 du Festival de Glastonbury, Coldplay qui se produit un samedi après-midi fait un triomphe. " Yellow ", qui paraît à l'aube de l'été devient leur premier tube - il se classe à la 4ème position. La popularité de la chanson est accrue par le vidéo-clip qui fait apparaître Chris Martin trempé avançant maladroitement sur une plage anglaise depuis le coucher du soleil jusqu'à son lever. Un tel accueil est de bon augure pour Parachutes, qui sort en juillet 2000. Keeling espère qu'il pourra en écouler 40 000 exemplaires de l'album, de quoi couvrir son investissement et bâtir pour le futur.

Dès sa sortie, Parachutes fait l'objet de distinctions rares de la part de la critique britannique, en parallèle à un accueil particulièrement chaleureux des radios. Que dire ? Voilà bien des années que l'on a pas entendu un album conçu sur ce mode, à la fois simple et lumineux, sans la moindre anicroche. À la fois plaintive et chaleureuse, la voix de Chris Martin possède un charme profond, une intensité et une clarté à même de toucher l'âme des auditeurs et auditrices de tout poil. Qui plus est, ce timbre a quelque chose qui le rend instantanément distinctif, reconnaissable entre mille. L'acte de séduction est immédiat. Mieux encore, l'enrobage de ces petits bulles mélodiques est d'une imparable efficacité, de la guitare de Jonny Buckland aux petites touches de piano que s'autorise Chris. L'ambiance générale rappelle celle de groupes telles que Echo and the Bunnymen ou les Smith ou encore, sur certains morceaux lents, les échappées libres de Radiohead. Pourtant, ce groupe possède sa propre sonorité, aiguillée par les compositions d'un créateur de talent, Chris Martin. Ces chansons sonnent presque instantanément comme des " classics ", des indémodables, ce que les années à venir vont confirmer.

Peu après son apparition dans les bacs, Parachutes s'installe à la première position du hit parade anglais. Dans la foulée d'une réception aussi allègre, le groupe prend le chemin des routes, enchaînant concert sur concert. Sur la scène, ils dévoilent une facette inattendue de leur talent, une vitalité que n'aurait laissé présager la simple écoute du lancinant Parachutes. De ce fait, les ventes de l'album se multiplient encore, atteignant bientôt les cinq millions d'exemplaires. Même les Etats-Unis qu'ils sillonnent durant l'année 2001 se laissent emporter par la vague.

Le single " Yellow " devient un hit mondial - il avoisine les deux millions d'exemplaires aux USA. La presse britannique, soucieuse de dénicher les nouveaux Radiohead s'empresse d'adouber ces jeunes gens à l'allure d'étudiants un brin intello, si doués pour la composition. Coldplay est le groupe du moment !

Au fil des mois, la taille des salles où ils jouent devient de plus en vaste. Sans nul doute, même s'ils ont souhaité que cela marche, les membres du groupe n'ont jamais imaginé que cela puisse se développer si rapidement. Ils découvrent les chiffres de ventes pharamineux de l'album avec un bonheur mêlé de surprise. Fort heureusement, ils prennent la chose avec bonne humeur et simplicité.

Sur le plan personnel, les quatre garçons font preuve d'une désarmante humilité. Ni hautains ni maniérés, ils semblent avoir naturellement évité le piège qui guette tant de célébrités d'un jour, qui en viennent à projeter un miroir déformant d'elles-mêmes au risque d'agacer. Les membres de Coldplay ne fréquentent pas les bars branchés, se refusent à jouer le jeu des stars en vue, cultivent une approche naturelle et sans fard. Lorsqu'ils se produisent sur une émission de télévision telle que Top of the Pops, ils sont habillés avec leurs vêtements de tous les jours, sans l'ombre d'une chorégraphie. Ils trouvent bien plus cool d'être ainsi. Le groupe se distingue aussi par bien des attributs distinctifs qui tissent un lien avec le vaste public. Impliqué à fond dans la réalisation, ils insistent pour coproduire les albums, interviennent dans la forme des vidéoclips comme sur le choix des pochettes.

" Le plus important, c'est de faire la musique que nous voulons, suivre notre inspiration et la restituer du mieux que nous pouvons. C'est presque mystique, c'est vouloir atteindre quelque chose d'inaccessible, une sorte d'absolu, toucher les gens avec ce qui nous touche, " confie le batteur Willie Champion (Batteur Magazine) " Ce qui fait exister un groupe comme Coldplay c'est l'envie d'écrire de belles chansons et de pouvoir toucher un maximum de personnes par ce biais. Le côté célébrité, on ne court après. Nous savons où nous allons et ce que nous ne voulons pas faire, " déclare pour sa part Chris Martin (Campus Mag). Il revendique pleinement une telle attitude consistant à être vrai avec les gens et à ne pas chercher à jouer ce qu'ils ne seraient pas. Et d'ajouter " j'espère que c'est ainsi que le public nous perçoit. "

Il est à craindre que le disque suivant n'ait pas la même saveur. Qui plus est, le groupe est attendu au tournant. " Dans notre pays, tu es propulsé au rang de méga star par la presse spécialisé et le lendemain, elle te jette sans le moindre scrupule, " confie Jonny Buckland pour mieux exprimer sa lucidité sur le sujet. L'enregistrement se révèle chaotique, presque douloureux. Le résultat paraît très en deçà des espoirs du groupe. Bravant les réticences de leur maison de disque pour laquelle un nouvel album de Coldplay peut redonner à lui seul des couleurs aux résultats annuels, ils choisissent d'en repousser la sortie. Comme lors du temps de Parachutes, ils se terrent dans leur petit studio de Liverpool et oeuvrent sans ménagement à produire une œuvre digne de ce nom.

Cette quête d'une qualité irréprochable s'avère payante. A rush of blood to the head qui sort vers la fin de l'été, s'avère à la hauteur sinon meilleur que son prédécesseur -de nombreux fans le considèrent encore supérieur au premier opus. Il évoque pêle-mêle Radiohead, REM ou Jeff Buckley, des références de marque. S'il paraît plus sombre et romantique avec quelques éclairs d'électricité, l'album demeure accessible. Un tube immédiat vient servir de bande annonce : le magnifique " In my place ", qui s'avère du même niveau que " Yellow " ou " Trouble " et entre directement à la 2ème place des charts anglais. D'autres pépites attendent ceux qui écoutent l'album tel l'extraordinaire " The scientist " digne d'un " Imagine " de Lennon. Le groupe a retrouvé son intense cohésion et sa complémentarité.Le test du deuxième disque est haut la main et le public comme la critique sait désormais que ce groupe particulier est paré pour durer et s'inscrire dans le panthéon du rock, aux côtés de Cure, Police ou Oasis.

L'Amérique, qui a gentiment accroché au premier album, fait un accueil triomphal au second. A Rush of Blood to the Head entre directement à la 5ème place du classement Billboard. La consécration américaine du groupe est confirmée lorsqu'un magazine tel que Spin les élit meilleur groupe de l'année 2003. Il apparaît que le quatuor a remplacé Radiohead dans le rôle de la formation britannique préférée des américains. Le deuxième album se vend à 9 millions d'exemplaires, et récolte trois Grammies assurant leur pleine consécration.

Pourtant, à la mi-2002, deux ou trois semaines après que Coldplay aient achevé d'enregistrer A rush of blood to the head, Chris Martin a lâché une petite phrase inquiétante comme quoi ce pourrait bien être le dernier album du groupe. Il leur a fallu plus de neuf mois pour venir à bout et le parcours leur a semblé particulièrement éprouvant. Au sortir d'une telle expérience, Martin s'est senti comme lessivé. Buckland a confirmé la chose : " j'avais l'impression d'avoir mené à terme mes meilleures idées et de ne plus jamais pouvoir atteindre ce niveau. " La simple perspective de jamais retourner en studio paraît alors au-dessus de ses forces. " Nous nous sentons vides. Nous n'avons plus d'idées. Qui sait si nous pourrons refaire un album, " déclare Martin à Q en août 2002. Buckland surenchérit alors : " Honnêtement, je ne pourrais pas dire d'où nous pourrions bien tirer une autre chanson ! " Heureusement, lorsqu'ils ont retrouvé la scène ce sentiment s'est peu à peu dissipé. Martin et Buckland se sont remis à composer et de nouveaux titres sont bientôt apparus.

Entre le mois de mai 2002 et août 2003, le groupe ne cesse de se produire sur scène, que ce soit en Europe, au Canada et aux Etats-Unis. Désormais, Coldplay peut donner son show dans des stades dignes de ceux auxquels est accoutumé Pearl Jam et ses disques se vendent par quantités industrielles. En septembre 2002, lors d'un concert dans un théâtre de Los Angeles, Brad Pitt, Julia Roberts, Sean Penn, Robbie Williams et Sandra Bullock figurent parmi les spectateurs. Lorsqu'ils se produisent dans des lieux immenses, tels que l'Hollywood Bowl de Los Angeles ou le Madison Square Garden de New York, ils font pareillement salle comble. Pourtant, les membres de Coldplay vivent une telle frénésie avec une étonnante modération. " Nous avons tous des petites amies et tentons de demeurer à l'écart des tentations, " affirme Guy Berryman pour ce qui est de leurs relations avec les fans féminines. Le DVD Live 2003 retranscrit avec bonheur l'atmosphère d'un concert du groupe mais aussi le quotidien de leur existence entre deux rencontres avec le public.

Entre deux parcours du monde, les membres de Colplay se sont précipité en studio afin de développer de telles idées. Ils sont ensuite repartis de plus belle sur les routes. À l'automne 2003, Martin a expliqué qu'ils écrivaient des chansons depuis 18 mois et en avaient plusieurs dizaines sous le coude. Toutefois, durant l'année 2004, le groupe s'est accordé une pause, Chris Martin et ses compères se retrouvant essentiellement pour travailler sur les chansons d'un troisième album particulièrement attendu et dont la sortie a finalement été fixée à juin 2005.

I

In my place

Premier single extrait de l'album A rush of blood to the head, sorti le 5 août 2002.

Nanti d'un introduction à la guitare devenue célébrissime et soutenu par un orgue généreux, " In my place " est un morceau avec une mélodie immédiatement accrocheuse dont l'esprit ressemble à ceux des morceaux de Parachutes. De fait, il s'agit de la première chanson que le groupe ait écrite une fois terminé l'enregistrement du premier album. En ce sens, elle a favorisé élégamment la transition entre les deux disques. Coldplay l'interprétait d'ailleurs sur scène de nombreux mois avant la sortie du deuxième album.

" In my place " est l'un des morceaux de Coldplay dont l'élaboration a pris le plus de temps. La chanson a été retravaillée durant trois mois avant que le groupe ne s'en estime satisfait. Durant son enregistrement, Ian Mc Culloch de Echo & the Bunnymen qui est venu jouer le rôle de conseiller, a une idée lumineuse : il offre sa veste à Chris Martin et lui suggère de la porter tandis qu'il chante. Étrangement, cette marque d'estime d'un artiste adulé a un effet bénéfique sur le chanteur, qui se sent pousser des ailes. " McCulloch était avachi dans un coin, un verre de whisky à la main et marmonnait : 'continue, gamin, continue'… " a raconté Martin.

Le texte semble évoquer les déboires de cœur qu'aurait connu le chanteur à un moment donné, déplorant que sa compagne continue d'attendre un autre que lui-même. " La chanson parle de la position que vous avez dans le monde, comment elle vous est donnée, la façon dont vous apparaissez et comment s'en sortir, " explique pour sa part Martin.

Le single comporte un très bon rock que le groupe a souvent pris plaisir à interpréter sur scène : " One I love " et aussi " I bloom blaum " une chanson intimiste avec un accompagnement de guitare fouillé.

" In my place " est demeuré l'un des titres les plus populaires du groupe à ce jour. La chanson a reçu un Grammy Award de la meilleure chanson en 2002.

Intégrité

Il est courant de comparer Coldplay à des formations telles que Radiohead, R.E.M et U2 qui ont pareillement su parvenir à un succès de taille mondiale sans renier leur intégrité artistique et en refusant tout compromis. De tels groupes sont clairement cités comme des exemples par Martin et ses acolytes : " Ce qu'ils ont fait, peu y sont parvenus : ils sont demeurés fidèles à leur ligne de conduite initiale, " reconnaît le chanteur tout en ajoutant qu'ils espèrent y parvenir tout autant.

Coldplay a reçu maintes offres, telle celle d'utiliser certaines de leurs chansons pour illustrer des films. Ils y ont posé leur veto arguant de ce que les films qui leur étaient présentés n'étaient pas leur tasse de thé. " Je me rappelle que nous avons rencontré Syvester Stallone à Los Angeles parce qu'il voulait utiliser 'Trouble' comme bande sonore de son film. Nous lui avons dit non. Dans le même temps, nous étions encore un groupe d'étudiants et Stallone venait nous voir. Nous nous sommes demandés comment nous avions pu arriver là ! " se rappelle Buckland.

Avant tout, Coldplay refuse toute utilisation de ses chansons au sein de spots publicitaires : " entendre une de nos chansons vanter les mérites d'un shampoing, c'est hors de question ! " affirme Chris Martin, ajoutant que les propositions n'ont pas manqué mais qu'ils les ont systématiquement refusé en bloc.

Sur la seule année 2001, Coldplay a refusé 4 millions de dollars de la part de Diet Coke qui voulait utiliser " Trouble ", du couturier Gap qui réclamait " Don't panic " et de Gatorade, qui souhaitait illustrer une publicité pour ses boissons gazeuses avec " Yellow ". Par la suite, Gap leur aurait proposé pas moins de quatre vingt millions de dollars pour que leurs chansons illustrent les publicités pour ses vêtements. Phil Harvey leur manager a reçu pour consigne de ne même pas leur relayer de telles propositions afin d'éviter toute possibilité de compromis. " Nous avons la chance d'avoir suffisamment d'argent pour refuser çà, " reconnaît le chanteur.

Martin s'est expliqué à diverses reprises d'une telle attitude. Selon lui, agir différemment serait un manque de respect vis-à-vis de ceux qui apprécient leur musique. " Nous n'avons pas envie de voir nos morceaux utilisés n'importe comment pour vendre n'importe quoi. " Il a également déclaré qu'il détesterait l'idée d'avoir à vendre quelque chose dont il ignore la provenance. " Nous ne voulons pas contribuer à la mondialisation en abandonnant pour de l'argent une chose à laquelle nous tenons plus qu'à la prunelle de nos yeux. Nous ne voulons pas qu'une gamine de Lyon, pour qui une de nos chansons représente quelque chose de fort, se demande pourquoi cette chanson qu'elle aime tant, aide à vendre une voiture. " (Rock & Folk - septembre 2002)

La position de Martin et de ses compères n'est cependant pas tranchée : Coldplay n'est pas opposé à ce que sa musique illustre une oeuvre d'art, tel qu'un film d'auteur.

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L'introduction du livre COLDPLAY de A à Z.

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